L’accompagnement prend des formes variées : accompagnement des communautés locales, accompagnement de retraites classiques ou adaptées et de haltes spirituelles. Ces accompagnements nécessitent des compagnons formés d’où la mise en place de propositions diverses et de parcours de formation. Ces formations sont complétées par de la supervision et/ou de la co-vision.
Voici quelques éléments pour faire le point sur la formation à l’accompagnement en CVX et pour en comprendre les composantes.
Quelques chiffres
Formations à l’accompagnement de communauté locale (ACL)
La co-vision entre accompagnateurs de CL
Paroles d’accompagnateurs de CL
L’accompagnement de retraites ignatiennes
Le point de vue de 2 accompagnateurs
Quelques chiffres et quelques noms
Nord-Est : 25 (13 religieuses, 10 prêtres, 2 jésuites) >> 23% des accompagnateurs
Nord-Ouest : 35 (24 religieuses, 9 prêtres, 2 jésuites) >> 21% des accompagnateurs
Sud-Est : 16 (5 religieuses, 3 prêtres, 8 jésuites) >> 12% des accompagnateurs
Sud-Ouest : 18 (7 religieuses, 8 prêtres, 3 jésuites) >> 16% des accompagnateurs
Ile de France : 33 (18 religieuses, 4 prêtres, 10 jésuites) > > 22% des accompagnateurs
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La CVX en France s’appuie donc sur 529 accompagnateurs laïcs de CL. Ce chiffre impressionne certainement d’autres communautés nationales. Cet investissement des compagnons dans l’accompagnement des CL est la spécificité de la CVX en France. Denis Dobbelstein, l’ancien président mondial, qualifiait notre Communauté à Amiens de « post-moderne » tant nous avons une longueur d’avance en ce domaine. Il existe aussi quelques accompagnateurs laïcs non CVX dans nos communautés régionales, mais ils sont à la marge.
On peut toutefois noter que les accompagnateurs religieux-religieuses-prêtres représentent encore un groupe important. Le basculement vers un accompagnement « laïc » n’est pas aussi complet qu’on l’imaginerait peut-être… même s’il est inévitable à terme. Ce basculement, un défi pour demain tant la présence des accompagnateurs est nécessaire sur le long terme, tant la recherche de nouveaux accompagnateurs tourne parfois à l’obsession pour certains assistants, tant la situation est déjà tendue puisque nous avons actuellement 78 CL non accompagnées durablement.
Pour être accompagnateur, il faut bien sûr être formé !… Mais il faut surtout avoir du goût (ne pas hésiter à l’exprimer dans sa CL et au niveau régional), être appelé par l’assistant… et se lancer !
La formation n’est pas nécessairement la 1ère étape. Il est même conseillé d’avoir au préalable une première expérience d’écoute ou d’animation (par exemple l’animation d’un Parcours Découverte) pour se tester. L’absence d’un accompagnateur dans sa CL peut être la très bonne occasion de s’y essayer. (Il est nécessaire d’avoir quelqu’un, souvent c’est l’assistant, pour relire l’expérience).
La communauté nationale investit dans cette formation. Elle propose chaque année 4 parcours de formation en 4 lieux différents : Versailles, Toulouse, Valence et au Centre spirituel du Hautmont.
A Versailles, Toulouse, Valence, la formation se déroule en week-ends (3 week-ends à Versailles et Valence, 4 week-ends et une retraite à Toulouse).
La session d’été du Hautmont se déroule en continu sur 6 jours fin juillet.
Quelques chiffres :
Nombre total des participants aux formations ACL de la communauté, ces dernières années :
(Issy/Versailles, Toulouse, Valence, Le Hautmont)
2021-2022 : 74 participants
2022-2023 : 70 participants
2023-2024 : 86 participants
Une remarque : L’addition de participants aux formations des 3 dernières années ne dit pas que nous avons eu 230 nouveaux accompagnateurs de CL ces 3 dernières années. En effet, certains ne donnent pas suite alors que d’autres attendent un peu avant de se lancer.
Pour aller plus loin :
Des compagnons formés à l’accompagnement de CL ont demandé une session complémentaire à la Communauté, ainsi est né la session « Accompagnateurs de CL, 3 ans et + ». Le week-end a été relancé il y a 2 ans. Il s’appelle désormais « Accompagnateur de CL – Approfondissement ». Préparé à l’origine par l’Ile-de-France, il est désormais proposé dans chaque Grande Région (Il a eu lieu dans le Sud-Ouest, l’Ile-de-France et l’Est au 4e trimestre 2024. Il est programmé dans le Nord, l’Ouest et le Sud-Est au 1er semestre 2025).
Au fil de la pratique d’accompagnement de CL, on peut se sentir en difficulté ou réaliser après coup qu’on n’a pas été à la hauteur de la situation. En fait, il s’avère nécessaire de continuer à se former. Une bonne pratique est de partager avec d’autres des situations qui posent question. Des rencontres sont ainsi organisées, de plus en plus systématiquement, au niveau des communautés régionales et désormais en inter-régions.
Concrètement, de quoi s’agit-il ?
Ce sont des groupes d’environ 6 accompagnateurs-trices qui se réunissent périodiquement.
Avant la réunion, chaque participant qui le souhaite prépare par écrit un bref récit anonymisé d’un accompagnement ou d’une situation en CL qui lui pose question. Le récit donne les éléments essentiels pour comprendre la situation et ses enjeux. Le rédacteur exprime une demande au groupe en une phrase simple, courte et claire.
Un ou deux récits sont sélectionnés pour la séance de travail à venir. Pendant la rencontre, après l’écoute du récit et un temps de silence, chaque participant partage un mot sur son ressenti à l’écoute du récit.
Après un 2éme temps de silence, chacun réfléchit et repère les mouvements intérieurs suscités par cette situation. Quelles questions, paroles et pistes de mise en œuvre cela suscite-t-il en soi (sans donner de conseil). Chacun partage ses réflexions et échos intérieurs en veillant à éclairer la situation présentée. Il s’en suit un temps d’échanges (modéré au besoin par l’animateur) et le retour de la personne qui a présenté la situation.
Le point sur la Co-vision des accompagnateurs de CL mise en place dans les Grandes Régions :
IdF : 2 à 4 groupes de co-vision par communauté régionale. Ils se réunissent 2 à 3 fois dans l’année.
Un projet inter-régional est en préparation entre Essonne et Yvelines Sud.
SO : Des groupes de co-vision se mettent en place depuis 2 ans dans le Sud-Ouest. Environ 3 groupes par CR (Garonne-Ariège a 6 groupes.) Un projet de co-visions inter-régionales est en cours de montage entre Gironde, Poitou-Limousin et Charentes-Périgord. Une coopération est envisagée entre Golfe du Lion et Causses et Monts.
NO : 24 groupes fonctionnent sur la Grande Région Nord-Ouest (qui est précurseur en la matière). Tous les groupes sont interrégionaux sauf (pour cette année) en Loire Océan.
Chaque groupe se réunit en visio, au moins une fois par trimestre. Pratiquement tous les accompagnateurs y participent. Chaque groupe de covision a un référent parmi les 11 assistants régionaux.
NE : La Co-vision n’a pas vraiment démarré sauf l’un ou l’autre groupe en Alsace. Les projets de co-vision sont au programme des prochaines réunions zoom des assistants du Nord-Est.
SE : 12 groupes de Co-vision dans le Sud-Est. 96 accompagnateurs y participent. La coordination est faite par les assistants.
Accompagnement de CL, le témoignage de Chantal (Berry-Nivernais) :
Accompagner une communauté locale CVX représente d’abord pour moi une réponse à un appel personnel : je me souviens très bien de l’échange que j’avais alors eu avec l’assistante de ma communauté régionale.
Depuis 2020, cette expérience -vécue successivement auprès de deux communautés locales différentes- soutient ma foi. Elle me demande une écoute et une humilité intérieure à recevoir sans cesse : je me sens appelée à être plus fidèle à la prière. Et elle me donne la joie parfois éblouie de découvrir les manières tellement différentes dont l’Esprit peut se manifester, même dans l’aridité, la vulnérabilité. Pour moi, c’est un lieu de contemplation bien concret de l’Alliance.
Pendant les rencontres, sentir et nommer la discrète joie qui peut unir un petit groupe de croyants réunis dans la prière autour de la Parole de Dieu, qui s’écoutent et se soutiennent mutuellement pour être davantage visages d’Évangile au quotidien. Au long cours, vivre régulièrement des temps fraternels d’apprentissage, de relecture et de soutien : durant la formation « accompagner une communauté locale », au sein du groupe de co-vision, durant les rencontres entre accompagnateurs de notre région CVX, lors de la relecture annuelle avec l’assistant régional et dans le dialogue avec le responsable de la communauté locale que j’accompagne. Petit à petit, je comprends mieux ce qu’est l’Église en travail et en chemin ; et je me découvre une énergie et une espérance renouvelée pour y participer.
Je souhaite à mes compagnons appelés à devenir accompagnateur spirituel d’une communauté locale de répondre OUI, même (surtout !) avec un frémissement intérieur. Pour leur propre croissance, et celle du corps de la CVX.
Témoignage de Liliane accompagnatrice de La Réunion
Après un temps d’hésitation, Liliane a choisi de dire « oui » à l’appel à devenir accompagnatrice dans une CL à La Réunion. Elle nous partage les raisons de son choix, ses premières impressions et les enjeux qui se dégagent maintenant qu’elle poursuit sa mission d’accompagnatrice.
Qu’est ce qui m’a fait dire oui à l’appel à devenir accompagnatrice ?
Mon oui s’enracine dans mon propre cheminement avec le Christ.
Après avoir fait l’expérience des Ecritures Saintes comme parole vivante de Dieu, j’ai ressenti le désir profond de partager ce que j’avais moi-même expérimenté, à savoir que la Parole de Dieu est capable, aujourd’hui encore, de transformer des vies. J’avais donc à cœur d’aider à faire découvrir ou redécouvrir le message d’amour et de fidélité que Dieu adresse inlassablement à l’Homme.
Mes premières impressions ?
N’ayant participé jusqu’alors qu’à des accompagnements individuels, l’accompagnement de groupe m’a semblé être un exercice d’équilibre nécessitant de concilier l’écoute active de plusieurs personnes, l’attention à ses propres mouvements intérieurs et la disposition spirituelle au Saint-Esprit.
Mes premières impressions ont donc été un mélange d’appréhension mais également de joie face à la profondeur des échanges entre des cœurs qui se font confiance et se livrent fraternellement.
Mais par-dessus tout c’est un profond sentiment de paix qui a prédominé : celui d’être à ma juste place.
Quels sont les enjeux que je perçois ?
Je suis convaincue que les communautés CVX doivent demeurer un espace de cheminement et donc de mouvement pour porter pleinement du fruit. A mon sens, un enjeu majeur est donc de préserver, au sein des communautés locales, une dynamique de croissance spirituelle pour éviter toute forme d’immobilisme ou de tiédeur.
Par ailleurs, l’hétérogénéité des parcours et des rythmes de progression soulève l’enjeu de parvenir à s’adapter pour offrir un accompagnement collectif qui soit pertinent pour chacun, quelle que soit son étape de cheminement spirituel.
Enfin, si la CVX rassemble aujourd’hui principalement des chrétiens déjà bien ancrés dans l’Eglise, ses spécificités (ancrage dans l’Ecriture, communion fraternelle, écoute…) en font un outil d’évangélisation intéressant pour introduire le Christ à une génération qui nourrit un désir sincère de Dieu mais qui peut parfois se sentir intimidée ou éloignée de l’Eglise.
Co-vision, l’expérience d’Anne (Loire Haute Loire)
Dans une communauté régionale, il est bon de veiller précieusement à respecter la confidentialité et pourtant les accompagnateurs de chaque communauté locale ont besoin de partager leurs questions.
Nous nous réunissons en visio entre 6/7 compagnons accompagnateurs environ 3fois par an.
Avant la rencontre chacun envoie aux autres une question d’accompagnement qu’il porte et aimerait partager.
En début de rencontre, après avoir prié, nous choisissons la ou les situations que nous allons travailler ensemble. Le silence va ponctuer nos prises de parole et c’est précieux.
La personne “choisie” déploie sa question, exprime ses doutes, ses questions, décrit comment il a essayé d’accompagner…
Puis à l’image de ce que nous pouvons vivre dans une aide au discernement, chacun son tour pose une question, dit ce qu’il éprouve…
La parole finale est à celui qui a reçu un écho de ses compagnons pour exprimer comment ces paroles l’éclairent.
Nous terminons notre rencontre en relisant chacun comment cette circulation de la parole à l’écoute de nos mouvements intérieurs a éclairé notre manière d’accompagner et parfois déplacé nos certitudes…
Ces visios sont pour moi source de joie, un cadeau de la Communauté :
– une fois de plus je reçois des compagnons bienveillants, à mon écoute.
– ce temps garantit la sécurité et la confidentialité, l’aide au discernement et le soutien nécessaires pour vivre notre mission d’accompagnateur.
C’est un chemin de conversion de fraternité et de paix !
La CVX s’enracine dans la spiritualité de saint Ignace. L’expérience des Exercices est fondamentale pour tout compagnon, c’est elle qui permet de se situer pleinement dans la Communauté, d’y trouver sa place. La pratique des Exercices spirituels a connu sa révolution dans les années 1950. Quelques jésuites autour de Maurice Giuliani ont notamment remis en avant la nécessité de l’accompagnement individuel. Nous profitons encore aujourd’hui de ce renouveau. Mais il nous place devant un défi à relever et une chance à saisir. Les accompagnateurs jésuites et religieuses diminuent. Il nous faut trouver la relève dans la Communauté.
Actuellement, dans nos listes CVX, nous avons 149 compagnons répertoriés qui, à des fréquences plus ou moins fortes, se consacrent à l’accompagnement de retraites selon les Exercices. En réalité, le chiffre est un peu supérieur. En effet, certains compagnons se sont formés à distance de la Communauté, du fait par exemple de leur proximité géographique à tel centre spirituel ou bien à une congrégation religieuse ignatienne. Néanmoins le nombre d’accompagnateurs laïcs s’avère insuffisant pour répondre aux besoins grandissants de l’Eglise.
Il ne faut pas se le cacher, l’accompagnement spirituel nécessite d’y consacrer du temps. Au-delà de la halte spirituelle, toute retraite dure au minimum 5 jours ! La pratique demande donc, dans l’idéal, d’y consacrer pas moins d’une petite semaine chaque année. En effet, le plus important pour l’accompagnateur est sans doute de veiller à conserver une certaine régularité dans sa pratique, pour tout simplement ne pas perdre la main. La capacité d’écoute s’acquière mais aussi s’entretient !
Le Parcours de formation à l’accompagnement de retraites
La Communauté ne forme pas de compagnons à l’accompagnement personnel dans la vie. Cette formation s’entreprend généralement dans un cadre diocésain. Il arrive parfois que des formations soient animées conjointement par les diocèses et des équipes ignatiennes.
Par contre, la Communauté s’investit dans la formation à l’accompagnement des Exercices. Pour ce service, elle a appelé 8 « référents » répartis sur le territoire national. Ils ont pour mission d’appeler et de suivre les compagnons en formation dans leur parcours dit « initial », un parcours qui est de ce fait toujours personnalisé.
Ce parcours « initial » comprend l’accompagnement de retraites de 5 jours en centre spirituel. En principe, l’accompagnement de la première retraite « Vivre les Exercices » se vit au centre St Hugues à Biviers.
La pratique de l’accompagnement est complétée par la participation à 4 week-ends de formation à Paris (sur l’écoute spirituelle, Psychologie et vie spirituelle, Donner les points etc…) et la double session (A et B, 2 x 6 jours sur 2 ans) sur la Dynamique des Exercices. Elle se déroule au Centre spirituel du Hautmont.
Vu de loin, le parcours de formation peut intimider tant il apparaît long (voire interminable !). En effet, il dure 3 à 7 ans en théorie, mais en fait cette durée ne veut pas dire grand-chose. Quand on se lance dans l’accompagnement, on fait le choix de s’y investir parce qu’on porte en soi le goût de ce service et sans doute développe-t-on ce goût au fil des retraites. En fait, on devient accompagnateur à part entière dès qu’on commence à accompagner, au début certes dans la fragilité mais paradoxalement le sentiment de fragilité doit pour une part demeurer. Il n’est pas question de s’imaginer qu’un beau jour on décrochera un diplôme d’accompagnateur patenté et qu’on aura l’assurance de celui qui n’aurait plus rien à apprendre. … En réalité, la formation ne s’arrête jamais. Celui qui se dirait accompagnateur « confirmé » et considérerait qu’il est arrivé au bout représenterait même un danger certain. Il est essentiel de se situer toujours devant l’éternelle nouveauté de la relation d’une personne à son Seigneur. L’accompagnement est certes balisé mais il demeure ouvert à l’inconnu, à la surprise, et à la nouveauté.
La supervision des accompagnateurs
Au-delà du parcours « initial », le chemin se poursuit et se complète. Parce qu’il importe de se laisser questionner sur sa pratique et sa posture, il est nécessaire pour tout accompagnateur (pas seulement les débutants) de vivre ce qu’on appelle la supervision. Elle peut être complétée éventuellement par de la co-vision (voir plus haut co-vision des accompagnateurs de CL). En fait, la supervision est un ingrédient essentiel de la formation dès la première expérience de pratique de l’accompagnement de retraite.
De quoi s’agit-il ?
C’est une rencontre régulière avec un pair pour relire sa posture d’accompagnateur. L’accompagnateur exprime comment il vit son positionnement : quels mouvements intérieurs ont pu naître avant, pendant et après les entretiens avec l’accompagné. Dans quelle mesure cela occupe ou non sa pensée, le laisse libre ou le dérange. La supervision peut parfois comporter une dimension « technique ». Elle vise alors à éclaircir tel ou tel point ou situation. Le superviseur peut suggérer (notamment aux accompagnateurs débutants) des idées de questions à poser, des manières de poursuivre, des exercices à proposer…
Cependant, il ne s’agit : ni de « parler sur » la personne accompagnée, ni de rechercher des solutions aux difficultés rencontrées ou des recettes pour se sécuriser.
Pour la personne qui supervise, il s’agit « d’écouter quelqu’un qui aide des gens à vivre », « d’aider quelqu’un dans son écoute d’un autre ».
La supervision suppose que le superviseur comme l’accompagnateur soient tous les deux à l’écoute de l’Esprit qui parle au retraitant et en eux.
Corinne (Essonne) : « …tour à tour accompagnatrice et accompagnée »
L’accompagnement s’inscrit dans une longue tradition d’Église. On « donne » et on « reçoit » les Exercices. La Parole passe par un autre. Un frère/ une sœur est nécessaire pour relire et recevoir humblement la trace de Dieu.
L’accompagnateur aide à ne pas juger de sa prière, mais à préparer le cours de la rivière où va courir l’eau de la prière. Il est un médiateur qui s’efface au profit de la relation entre le Créateur et sa créature, attentif à la délicatesse de Dieu, qui reçoit un désir et ne fait que proposer la nourriture en réponse à ce désir : « J’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson contre sa joue et je lui tendais de quoi se nourrir » (Osée 11).
Il aide à relire la prière par quelques questions sobres et simples : quelle est ma météo intérieure ? Qu’ai-je demandé ? Qu’ai-je reçu ? Dans quel sentiment cela me laisse ? Il rappelle à l’occasion des règles de discernement qui rendent le retraitant à sa liberté.
Et si je peux, comme retraitante, contempler mes frères et sœurs vacant en silence au petit-déjeuner comme autant d’hommes et de femmes de bonne volonté cherchant Dieu, je me réjouis, comme accompagnatrice, des œuvres du Seigneur dans les cœurs, et j’accède à la joie des anges….
Et c’est le même amour du Seigneur, qui nous entoure, nous qui comptons sur lui et le cherchons en Église, d’un Dieu qui se laisse chercher et se laisse trouver.
Stéphane (Bretagne occidentale) :
Une expérience d’unification et de connaissance intérieure du Christ par les Exercices spirituels.
La découverte des Exercices spirituels s’est faite pour moi en plusieurs moments importants. Une toute première expérience avec un père jésuite nantais à l’époque (Philippe Coisne) que j’avais sollicité pour un accompagnement personnel au moment d’un changement d’activité professionnelle. Mon entrée dans les Exercices s’est faite par une longue méditation de Principe et Fondement avec l’aide du père jésuite. Puis dans la foulée une retraite de cinq jours à Manrèse : là c’est l’expérience intérieure bouleversante de l’amour inconditionnel de Dieu pour moi ; la découverte tellement heureuse d’une manière de prier et la découverte d’une relation amicale à Jésus. Dans le même mouvement, nous sommes rentrés, mon épouse et moi, dans la communauté CVX. Puis l’appel au diaconat a ouvert un chemin de discernement en vivant les trente jours. Je suis reconnaissant envers le centre spirituel qui m’a permis de les vivre en trois fois dix jours sur une année, respectant ainsi mes engagements familiaux et professionnels.
De l’expérience à la découverte du désir d’aider d’autres personnes à vivre cette expérience si singulière.
La Communauté de Vie Chrétienne m’a appelé à suivre un parcours de formation pour accompagner les retraites de trois ou cinq jours (en groupe) et les retraites à durée choisie. L’expérience fondatrice vécue pour soi est un moteur puissant pour alimenter le désir d’accompagner des personnes sur ce chemin de découverte. J’accompagne des retraites depuis 2016 avec joie. La joie de l’accompagnateur est la contemplation de l’œuvre de Dieu dans la vie d’une personne, de manière tellement personnelle. La joie de l’accompagnateur d’aller aux sources de la vie parfois enfouie et sédimentée.
Ce que je ne soupçonnais pas, c’est le travail que nous faisons en équipes d’accompagnateurs (Co-vision), soutenus par les centres spirituels qui nous sollicitent. J’ai conscience de la chance que nous vivons dans ce soutien et la formation permanente que nous y recevons.
J’ai vécu une expérience personnelle forte dans la famille ignatienne, en vivant les Exercices spirituels et étant accompagné. C’est l’expérience du trésor dont parlait le Père Kolvenbach sj. « Il se vit en moi comme un mouvement naturel pour permettre à d’autres de vivre cette expérience, non la mienne mais la leur ».
Formation initiale à l’accompagnement :
80 compagnons de la Communauté sont actuellement en formation initiale à l’accompagnement de retraites :
En 2023-24, 25 compagnons ont achevé leur parcours « initial », une vingtaine l’a commencé.
L’équipe au service de la formation à l’accompagnement des retraites :
Une coordinatrice : Dorothée L. (Alpes-Dauphiné-Grenoble)
8 référents « suivi formation » :
Ouest : Yves LT (Bretagne Occidentale)
Sud-Ouest : Brigitte J. (Causses et Monts)
Sud-Est (Rhône-Alpes) : Marie-Christine C. (Lyon Sud)
Paris Ouest Yvelines : Michel M. (Yvelines Sud)
Paris Ile de France : Marie-Agnès B. (Paris Sainte-Geneviève)
Sud-Est (Provence-Languedoc) : Béatrice P. (Drôme Ardèche)
Est : Sabine P. (Lorraine)
Nord : Isabelle B. (Arras Lille)
2 responsables des week-ends de formation :
Catherine M. (Yvelines Sud)
Bénédicte P. (Nanterre Grande Arche)
2 animateurs des sessions A et B du Hautmont :
France D. (Paris Sainte Geneviève)
Hervé LH. (Assistant national)
L’Assemblée mondiale d’Amiens a souligné la question des ministères spirituels. Il était dit dans le rapport final : « Notre communauté cherche à répondre à la quête spirituelle des personnes de notre temps. Nous offrons une vie communautaire spirituelle et apostolique de cohérence, de joie et d’espérance. Nous avons des outils pour accompagner les personnes qui cherchent à approfondir le sens de leur vie et à mettre en lien la vie et la foi ».
L’Assemblée de Communauté du Hautmont au printemps 2024 a entendu l’interpellation et l’a approfondie : « Nous entendons aujourd’hui que nous sommes appelés à servir l’Église et le monde en nous ouvrant pleinement à la frontière des ministères spirituels que nous préférerions sans doute appeler services spirituels. Avant tout, il nous semble essentiel que chaque compagnon puisse se nourrir de la spiritualité ignatienne en vivant des retraites selon les exercices et en étant accompagnés. Pour cela, nous avons besoin d’appeler et de former des accompagnateurs, en donnant une image moins intimidante à ce service. Nous devons également rendre les Exercices spirituels plus accessibles et donner du goût en favorisant des témoignages et en offrant des propositions variées et créatives. Une manière d’entrer dans une dynamique serait de créer une plateforme informatique pour mieux partager entre nous les propositions qui existent déjà (Exercices en ligne, SEPAC, retraites dans la vie), pour pouvoir les utiliser dans nos différentes réalités régionales. Nous nous sentons appelés à répondre aux soifs de spiritualité de notre monde. Il est donc nécessaire de nous former, d’adapter et de rendre plus accessibles les outils de notre spiritualité, trésor que nous souhaitons partager au plus grand nombre ».
Le chemin est bien engagé, mais nous avons à le poursuivre… et à le développer !
Hervé Le Houérou sj, Assistant national de CVX en France
⬇️ Télécharger l’analyse complète d’Hervé Le Houérou sj, assistant national