« Frontière » : Comment comprendre ce mot clef de la dernière Assemblée mondiale ? Qu’en faire ?
Prenons la traduction littérale du titre de cette Assemblée de 2013 [From Our Roots to Mission at the Frontiers] :« De nos racines à la mission aux frontières»… « frontier » un mot à bien comprendre en entrant dans des considérations de traduction et d’histoire… Le mot anglais n’est pas « boundary » qui se traduit par frontière – limite – palissade – bornage – borne – condition aux limites – couche limite – couche limite atmosphérique – ligne de démarcation – point limite mais « frontier » en référence avec l’histoire des Etats-Unis.
Le front pionnier des Etats-Unis du XIXe siècle. Le mot Frontier fut emprunté aux français par les anglophones au XVe siècle et avait la signification française de frontière, soit la région d’un pays qui fait face à un autre pays. L’utilisation du mot frontier désignant « une région aux confins d’un territoire civilisé » est une acception nord-américaine. Elle désigne donc plus un front pionnier qu’une frontière telle qu’on l’entend généralement en France. Son existence a joué un rôle très fort dans l’imaginaire américain et dans la construction même de la société et de l’identité américaines.
Alors que le recensement de 1880 établit encore une Frontier strip, bande de frontière, allant du Dakota du Nord au Texas, l’existence officielle de la frontière prit fin en 1890 lorsque le Bureau du recensement des États-Unis déclara que l’ensemble du territoire dévolu aux États-Unis était dorénavant suffisamment maîtrisé pour qu’il puisse se dispenser d’étudier le mouvement vers l’ouest de la population. Après cette date, on se mit à réfléchir sur le rôle qu’avait joué la frontière dans l’histoire et la psychologie collectives des Américains : en 1893, l’historien Frederick Jackson Turner exprima ses réflexions sur le sujet lors de l’exposition universelle de Chicago. Il affirmait que l’esprit de la frontière avait entièrement modelé la société américaine. Les colons avaient vécu dans un monde vierge qu’il leur avait fallu conquérir en faisant preuve d’un exceptionnel esprit d’initiative et d’innovation, la frontière les avait délivrés du fardeau de l’habitude en « offrant de nouvelles expériences, en faisant appel à de nouvelles institutions et à de nouvelles activités ».
Parler des frontières comme lors de l’Assemblée du Liban, demande de considérer quatre dimensions : un espace, un mouvement, une volonté, un souhait…
Pour Israël, la première découverte de la Terre Sainte se soldera par un refus d’aller au-delà et entrainera une période de vie de quarante ans dans le désert. Les découvreurs [méraglim], par leur récit, effrayeront le peuple juif qui n’osera pas entrer dans la Terre Promise : la terre à recevoir était aussi une terre à conquérir et à habiter… Les hébreux se refuseront à risquer leur identité… Ils se refermeront sur eux-mêmes, se repliant dans le désert. Après ce long temps d’Exode, seuls leurs enfants, quarante ans après, pourront pénétrer en Terre Sainte. [Nombre aux chapitres 13 et 14 et livre de Josué]
Le livre de Josué nous fait entrer avec le peuple d’Israël dans la terre de la promesse : elle est celle promise à Abraham, la terre « que je vous ferai voir » (Gn 12) celle toujours à recevoir et à reconnaitre. La frontière, c’est toujours l’autre différent, mon frère à rencontrer pour bâtir une fraternité universelle…Elle est promesse de bénédiction pour tous !
Saurons-nous nous mettre en route pour reconnaitre les frontières à conquérir, en les recevant comme un don ?
Les frontières auxquelles nous invite l’Assemblée mondiale en 2013
En consonance avec nos orientations communautaires et celles de l’Assemblée mondiale au Liban, nous entendons l’appel urgent et universel à nous laisser déplacer vers les « frontières » : réalités familiales, jeunes, mondialisation et pauvreté, écologie. « Nous nous engageons à agir aux quatre frontières, partout où notre désir et notre discernement nous mèneront. » fut l’un des engagements de l’Assemblée mondiale en 2013.
Quelques propositions pour mettre en action les orientations de l’Assemblée mondiale en 2013
Les Communautés nationales gardent à l’esprit que ces points représentent les intentions majeures de l’Assemblée et qu’ils doivent donc être interprétés et mis en œuvre selon les contextes locaux, nationaux et régionaux (lisez continentaux).
Frontière Réalités familiales
Faire preuve d’ouverture, de compassion, de respect et de sensibilité envers les diverses réalités familiales.
Etre force de proposition de formation pour couples et familles, en collaboration avec d’autres associations ?
Frontière Mondialisation et Pauvreté
Développer des outils spirituels afin de comprendre et de faire face de la manière la plus adéquate possible aux défis qui se présentent à nous ;
Développer des réseaux de partage d’expériences et d’initiatives concrètes.
Frontière Ecologie
Développer une sensibilité destinée à respecter la Création ;
Développer des réseaux de partage d’expériences et de bonnes pratiques, tels que le Projet Amazone.
Frontière Jeunes
Impliquer les jeunes de manière significative dans la Communauté ;
Développer une sensibilité pour les jeunes dans notre travail apostolique.
Au cœur des frontières auxquelles nous sommes invités, en Communauté, des chemins de vie s’ouvrent : faisons les nôtres !
Sources :
∷ CVX Luxembourg : https://www.cvx.lu/
∷ Newsletter frontière décembre 2015 : http://bit.ly/newsletterCVXfrontières
∷ Billet Jean-Luc Fabre