La prochaine session-retraite nationale de notre atelier justice (du 17 au 21 octobre 2020 à la Pourraque, près de Manosque chez les sœurs Xavières) aura pour thème :
« Résister à ce qui déshumanise, un combat spirituel dans nos missions au service de la justice ».
Elisabeth, magistrate à Grenoble, nous propose d’entrer dans ce thème avec cette prière pour le début de l’été 2020 :
« Résister, s’opposer à ce que l’on estime injuste, aux mensonges qui nous tombent jour après jour sur la tête, aux insultes, aux jugements péremptoires sur l’un ou l’autre, aux réponses simplistes, aux peurs, aux emballements du système médiatique, aux préjugés, aux erreurs toujours possibles, à l’emprise de l’argent…
Le faire au nom de sa foi, de l’éthique, de la déontologie, de ses valeurs, trouver une marge de manœuvre, être sourd à la voix du fait établi, de l’ordre des choses …
Nous ressentons tous ces appels. Nous posons tous des actes dans ce sens, même s’ils peuvent nous sembler minimes ou insignifiants ; et nous sommes témoins que d’autres le font aussi. Mais nous pouvons aussi nous sentir totalement impuissants ou paralysés.
Pourquoi ne pas orienter, durant ces mois d’été, notre regard et notre mémoire spirituels vers ces mouvements intérieurs et les initiatives qu’ils peuvent susciter ?
Cela peut nous aider à identifier le bon combat : le combat de la confiance et de l’espérance contre la défiance généralisée, la tentation de ne plus croire à rien, le découragement, le burn out. Le combat du Christ lui-même.
Que puis-je faire au quotidien pour me restaurer, reprendre des forces, me tenir debout ou me relever, lutter, tisser des liens pour tenir le coup ensemble et supporter la souffrance ? Accueillir le don de la vie promis par le Seigneur ?
L’épître à Diognète, l’un des plus anciens textes du christianisme, appelle curieusement les Chrétiens les personnes du « troisième genre », des personnes qui se sentent chez eux en pèlerinage mais pour qui leur « chez-eux » était l’étranger. Etre dans le monde sans être du monde, telle est la place des chrétiens.
Je demande au Seigneur de me donner le goût d’exister par Lui, de recevoir de Lui d’espérer, de désirer discerner ce qui est juste, de désirer agir et réagir au Mal sous toutes ses formes.
Je Lui présente ensuite mes questions, mes soucis et celles du monde professionnel ou bénévole dans lequel j’évolue et où est ma place actuelle, les appels que je ressens assez concrètement.
Je Lui présente aussi les personnes qui m’ont touché(e) ou qui m’ont fait du bien, qui m’encouragent, avec qui je fais alliance ; et aussi celles qui me déplaisent, que je n’aime pas.
Je Lui demande de m’éclairer en m’envoyant son Esprit Saint.
Je termine ma prière en parlant au Seigneur comme à un ami, par une demande précise, ou un remerciement, ou en lui demandant de réveiller mon cœur assoupi, etc …puis un Notre Père en union de prière avec les autres membres de l’atelier. »