Marc-Emmanuel, magistrat à Lyon, nous partage sa prière du soir, prière très personnelle qui peut inspirer la nôtre en ce temps de Carême : « Il ne s’agit pas de « faire mieux et davantage » mais de faire place en nous à la Parole et aux appels du quotidien.
Merci Marc-Emmanuel et bonne route vers Pâques !
« Dans la paix moi aussi je me couche et je dors,
Car Tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance » (Psaume 4)
Seigneur, c’est une certaine joie que je ressens ce soir après l’accomplissement de mes tâches du jour. Je pense avoir rempli mes objectifs et laissé un résultat de qualité acceptable. Tu y as bien contribué car je tiens de Toi ma mémoire, mon intelligence et ma volonté, l’œuvre de mon cerveau et de mes mains.
Garde-moi néanmoins d’une satisfaction tranquille car ma mission ne s’arrête pas là. Elle ne se limite pas au décompte et à la contemplation de mes réalisations. Elle m’invite à aller toujours plus loin à Ta suite au service du monde. Puis-je dire, Seigneur, que ces actes que je reproduis sont bien ajustés à Ton œuvre de création ?
Seigneur, Tu ne me demandes pas tant de faire mieux et davantage, mais de laisser l’Esprit souffler en moi. Que mes yeux s’ouvrent, tout au long de mon activité, sur ceux que je croise et suis tenté de ranger dans mes cases mentales, que les salutations échangées animent nos lèvres de frères et sœurs et que la parole émerge.
De retour dans la rue, Tu m’appelles à sortir de mes réflexions et à me laisser toucher par le regard soucieux d’un passant ou les rires d’une bande de jeunes gens, par l’allure peu respectueuse d’un automobiliste ou l’attention d’un commerçant pour sa clientèle ou un mendiant assis devant se devanture.
Seigneur, Tu Te réjouis en m’entendant, arrivant chez moi, évoquer devant mon voisin, mon conjoint, mes enfants les évènements de ma journée et m’enquérir du déroulement de leur journée. Tu aimes quand je ne garde pas pour moi une difficulté que j’ai dû affronter durant ces dernières heures et qui révèle ma faiblesse.
Et Tu attends que, avant de m’endormir, j’évoque avec Toi tous ces instants, mes fiertés et mes amertumes, mes audaces et mes doutes, comme faisant corps avec cette vie que Tu m’as donnée et qui le lendemain renaîtra.
Premières lueurs du matin de Pâques, huile sur toile, Agnès Mélis-Puchulu.