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prière de l’atelier justice mars 2022

La prière, nous le savons, c’est parfois une rumination, une « répétition » en langage ignatien. Pour l’Avent, Christine nous a invités à prier le psaume 84 ; Diego, avocat, nous propose de revenir à ce psaume pour le Carême et plus précisément à ces deux versets, tout en contemplant cette sculpture d’un artiste polonais anonyme qui orne son  bureau:

Amour et vérité se rencontrent,

justice et paix s’embrassent ;

la vérité germera de la terre

et du ciel se penchera la justice.

Seigneur, tu le sais bien, ma pratique professionnelle me ramène sans cesse à ce texte où je trouve tout le sens de mon travail dès lors qu’on prend ces deux versets comme un tout.

Je m’affaire sans relâche entre amour et vérité pour favoriser leur rencontre mais cette mission dépasse mes seules forces. C’est au point que l’on me suspecte de travestir volontairement la vérité, ou même de mentir ; l’on va parfois jusqu’à me prêter des propos haineux.

Pour me rassurer je murmure que « L’amour trouve sa joie dans la vérité » (Paul 1 Co 136) mais est-ce vraiment l’amour que je répands quand je ressens au fond de moi plus d’écœurement que de joie ?

Qu’attends-Tu donc de moi ? La place du serviteur ordinaire me convient, mais celle du serviteur inutile je ne puis l’accepter. Si la vérité doit germer de la terre pourquoi ne passerait-elle pas un peu par moi ? Certes je ne suis qu’un auxiliaire de la vérité judiciaire mais, justement, ne m’as-Tu pas créé pour qu’elle soit un peu teintée de vérité divine, celle qui apporte un rayon de Ta justice signalée par la paix du cœur ?

En ce début de Carême je me présente devant toi Seigneur avec ces paroles et ces écrits à mon endroit que je reçois comme autant d’outrages. Je ne veux pas y devenir insensible car cela m’éloignerait de la foule des justiciables souffrants. Mais éclaire-moi sur ce que j’en fais.

Pour l’heure, j’entends simplement une invitation à entrer dans ce parcours de quarante jours qui Te conduira à Ta passion. Je Te vois devant Pilate qui s’interroge : « Qu’est-ce que la vérité ? » puis qui disparaît sans attendre de réponse. Je vois aussi Ta couronne d’épines et Ton manteau de pourpre moquant la royauté dont Tu témoignes. Et puis encore cette humiliation suprême du crucifiement sous un motif tournant en dérision la vraie raison du don de Ta vie : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ».

Au jour des Cendres, je vais rapprocher de ma table de travail ce « Christ aux outrages » que je garde depuis trente-cinq ans dans un recoin obscur de mon bureau. Il m’avait touché dans une vente de charité en faveur de nos frères polonais persécutés ; ma prière en ces jours m’invite à y revenir.

Pour gagner en profondeur de communion avec tous les justiciables souffrants.

Pour gagner en humilité en contemplant le Christ qui, bien que tout amour, a d’abord été anéanti par la justice des hommes.

Pour gagner en intimité avec Jésus où s’allient le ciel et la terre, l’amour et la vérité, la justice et la paix.

Comment pourrais-je tenir tout cela ensemble sans demeurer en Toi ?