Chers amis de l’atelier justice,
Nous venons de vivre le triduum pascal :
“Jeudi et vendredi : pour les disciples, tout est foutu, c’est la fin de l’aventure … fin injuste, dramatique, honteuse, humiliante …
Samedi : après ce retournement et cette disparition rapide, c’est l’abattement, le choc, l’absence cruelle …
Dimanche : qui et que croire ? Espérer l’invraisemblable ou garder la tête froide ? Où aller ? Que faire ?
Mais aussi :
Jeudi et vendredi : pour Jésus, c’est l’offrande de Sa Vie, la confiance totale en Dieu, la remise totale entre ses mains de son corps et de son esprit, la
poursuite (au cours du procès et des derniers moments) de la recherche de la Vérité et du don d’Amour à tout homme jusqu’au bout
Samedi : l’absence de Jésus est signe de la Présence de Dieu dans l’espérance de sa venue ?
Dimanche : la victoire de l’Amour et de la Vie sur la mort et la souffrance, la victoire de Dieu sur le mal en l’homme
Et maintenant, en ce 1er avril 2016 pendant l’octave de Pâque, qu’en est-il pour nous ?
Nous vous proposons de prier à partir d’un texte paru en néerlandais en 1535, écrit sans doute par une béguine, extrait d’un ensemble dénommé « La perle évangélique », qui fut diffusé dans les milieux chartreux. : Le texte, cité par la revue “Magnificat“, fait parler le Christ qui nous invite à rentrer pleinement dans son mystère pascal.
“Je suis né corporellement une seule fois, afin que continuellement je puisse naître spirituellement en toi, et que par là même, toutes les autres solennités qui se célèbrent extérieurement à mon sujet, puissent spirituellement s’accomplir en toi.
La fin pour laquelle toutes sont célébrées est que tu portes et gardes continuellement en ton coeur tout le cours de ma vie et passion, et tout ce que j’ai fait, enseigné
et souffert pour toi, comme moi-même j’ai continuellement porté cela en mon coeur pour toi, en sorte que tu ne t’en écartes pas un seul moment. Et ainsi, la célébration du préparatif à la Pâque se solennisera continuellement en toi.
Ainsi es-tu spirituellement crucifié, mourant tous les jours pour moi ; tu es enseveli en moi, et tu m’ensevelis en toi, au sépulcre de ton coeur ; tu m’embaumes par la propre mortification de toi-même, et tu m’enveloppes dans le suaire ou le linceul de ta conscience que j’ai purifiée et nettoyée par ma mort et passion. Le résultat en sera qu’en toi et par toi je ressusciterai, et que de ta mortification, je tirerai la vie pour toi ; et de ta patience, la joie et le contentement, ce qui sera en toi une continuelle célébration de Pâques.”
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Le mot “mortification” peut nous choquer, mais on le comprend mieux en le mettant dans la perspective de ce que nous est demandé pendant le Carême à partir de l’Evangile : prière, pénitence, partage.
On peut le comprendre aussi à partir de l’acceptation de nos souffrances, de nos humiliations, de la reconnaissance de nos fautes.
Enfin, le sens en est donné par l’Hymne des Philippiens 2, 6-8: “lui de condition divine,… s’est dépouillé… s’est abaissé.” C’est le Christ invitant à ce dépouillement : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.” (Marc 8, 34-35).
Nous pouvons prier notamment en regardant les fruits produits en nous par les efforts faits pendant ce carême et par la grâce de Dieu. Qu’allons-nous en faire ?
Nous pouvons prier encore en regardant nos lieux de souffrance et l’invitation à y laisser habiter le Christ.
Nous pouvons prier aussi en regardant l’invitation à goûter la miséricorde du Père et à la partager autour de nous.
Bon temps de Pâques à chacun !
De la part de
Dominique Gonnet et d’Elisabeth Le Coz