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Université d’été CVX 2016 au Hautmont : vers un agir “pour” les pauvres à l’agir “avec” les pauvres

J’ai beaucoup hésité à venir à cette université, ayant séché les précédentes car craignant l’expansion d’une pensée unique de type bobo-écolo-laudato-sirupo. Déjà, l’attribution d’une « communauté d’université » me faisait rencontrer des personnes inconnues qu’il me fallait découvrir : elles venaient de la région du Nord, de Bourges, de Lyon, de Belgique et d’ailleurs. Les histoires personnelles que ces moments proposent sont toutes passionnantes à écouter car diverses. Il y a ceux qui connaissent la CVX depuis 50 ans, ceux qui viennent d’y rentrer, ceux qui ne la connaissent pas mais qui en ont entendu parler, ceux qui ont fait les deux universités précédentes, ceux qui viennent pour la première fois.

Alors, qu’allions-nous faire dans cette galère le deuxième jour ? Par petits groupes, dans des endroits différents (comme des « puits de rencontre », on se croirait à Cergy, il y a un an !) nous avons été « sur le terrain » : entendre le cri de la carotte, du poireau, du petit cochon de lait, désherber le mauvais brin d’herbe nécessitant une main ferme mais rigolant de nous voir nous redresser avec des courbatures, cela c’est le côté bio mais il y a l’autre cri à entendre celui des personnes bouleversées par la vie qui se débrouillent pour vivre de peu et faire le plein avec trois fois rien dans le porte-monnaie ; c’est la dignité qui est au rendez-vous de tous ces paumés de la vie et de tous ceux qui les accompagnent parfois juste sortis de leur propre galère. Car le plus grandiose de cette journée, c’est le partage et le sentiment que notre richesse « cvxienne » est bien maigrichonne face aux témoignages d’amour et de solidarité que ces personnes avec une vie si dépourvue nous témoignent.

Nous ne pouvions qu’être retournés, sensibles à la nécessité de « faire quelque chose » suite au docte enseignement de Cécile Renouard qui nous invite à prendre les choses en mains même si nous n’avons pas bien perçu ce que nous avions dans nos mains. D’ailleurs, nos échanges en communauté d’université ont concrétisé l’impalpable solution qui nous ferait passer de l’agir pour les pauvres à l’agir avec les pauvres. Mais là, ne faut-il pas y rechercher le lien qui conduit le « pour » à l’«avec » ? Ne s’appellerait-il pas la conversion du cœur ? Il fallait une fête pour nous remettre de tous ces moments si différents mais tellement riches.

Association Magdala
A l’association Magdala qui rassemble des familles du Quart-­Monde, des personnes à la rue, en squat, des sortant(e)s de prison, et des hommes et des femmes faisant route avec elles parce que solidaires de leur espérance.

Alors, comme des grands de ce monde, on a fait une table ronde qui, en réalité, n’était pas ronde mais alignée pour entendre des personnes carrément différentes comme ce responsable diocésain de l’œcuménisme et cette femme, riche de sa simplicité qui s’occupent de 150 mineurs réfugiés, isolés, à la rue avec une question sourde qui monte de nos consciences : mais que font les services sociaux spécialisés pour l’enfance et l’adolescence ? Quelle solidarité et quelle responsabilité nos dirigeants ne devraient-ils pas avoir vis-à-vis de ces jeunes réfugiés ? Il y avait cette femme déterminée pour sa ferme qu’elle a transformée petit à petit en bio en faisant un travail d’équipe et de partage avec d’autres fermiers. Quelle leçon pour nous ? Des règles oui, mais avec des solutions ouvertes et différentes selon les personnes et les problèmes rencontrés. Et ce jeune de 30 ans parlant avec humilité et simplicité de ses addictions qui mène une vie simple dans un quotidien fait de « Providence », de prières, de travail, de partages pour trouver sens à sa vie et cela avec ses frères de communauté qui se soutiennent pour ne pas rechuter et sortir de leur galère.

Laudato Si ! Par une belle ponctuation d’images et de chants, illustrant les paroles du pape François, nous avons laissé résonner le cri de la terre et des pauvres
Décidément, dimanche, après la messe à Mouvaux, après l’homélie du vicaire général du diocèse de Lille, je ne pouvais que repartir convaincu que ce fut une belle université d’été, pleine de découvertes et de richesses, de surprises et de partages. Laudato Si !

Bernard Pommereuil, Communauté régionale Ile-de-France Nord

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