Comment les jeunes nous déplacent-ils ?

5 juin 2025

J’accompagne depuis plusieurs années le Cowork Magis, une association jésuite qui offre à de jeunes entrepreneurs la possibilité de travailler à leur projet en bénéficiant d’un cadre bienveillant et de l’accompagnement de professionnels.

Ces jeunes créateurs d’entreprise, qui sont issus d’une génération beaucoup plus jeune que la mienne, m’ont permis de découvrir la richesse de cette différence d’âge. En effet, nos échanges ne se limitent pas à leur apporter des conseils car, à leur tour, ils me font découvrir une approche de la vie personnelle et professionnelle qui est différente de l’expérience que j’ai vécue il y a plusieurs dizaines d’années.

Dans un climat de confiance réciproque, nos relations m’ont ainsi amené à déplacer mon regard porté sur eux et sur leur manière d’être. Pour illustrer cette évolution, j’aborderai les trois dimensions de : disciple, compagnon et serviteur qui m’aident en CVX à relire ma vie.

L’attitude du disciple : me rappeler de ne pas compter sur mes propres forces et de croire que le Christ est présent quand je dialogue avec un de ces jeunes. C’est aussi Lui confier les moments de surprise ou de difficultés dans un échange qui me dérange.
L’attitude du compagnon : écouter jusqu’au bout et ne pas céder à la tentation de proposer une réponse immédiate. C’est regarder la personne et pas seulement le projet qu’il présente. C’est accepter de cheminer peut-être plus longtemps qu’attendu pour lui permettre d’identifier les valeurs qu’il entend défendre.
L’attitude de serviteur : rester modeste et veiller à ne pas prendre la posture de sachant. C’est accepter le risque de ne pas pouvoir apporter une solution concrète immédiate.

Cette démarche me fait découvrir que nous pouvons avoir des valeurs différentes, notamment sur le plan de la place de la vie professionnelle et sur celui à donner à la dimension écologique des choix à faire. Ces découvertes sont pour moi autant d’interpellations qui m’invitent à des déplacements dans ma vie quotidienne et contribuent à ne pas rester prisonnier de mon expérience passée.

Jean-Paul, membre de la communauté régionale Paris Sud-Ouest

Deux CL de la communauté Paris Bonne Nouvelle réunies par un souhait de mélanger les générations

Ah les jeunes !
Depuis deux ans, j’ai la chance d’accompagner une communauté locale (CL) composée principalement de jeunes ayant l’âge de mes enfants. J’ai pu observer avec émerveillement leur croissance et leur transformation. La plupart d’entre eux étaient déjà familiers avec la méthode ignatienne, ce qui a été une grande aide, mais les découvertes n’en ont pas moins été nombreuses.

Ils ont découvert avec joie la « simple » relecture de vie, qu’ils pensaient initialement futile ou superficielle, craignant que les échanges ne partent dans tous les sens. Le simple mot de DESE crée une connivence entre nous. Quelle richesse de découvrir et d’approfondir les interrogations de leur génération !

Ils ont développé une maturité très sensible, évitant la sensiblerie ou le « psychotage ». Ils peuvent échanger sur leurs émotions, sur le fait d’être compagnons, sur les liens avec leurs familles et belles-familles (et les belles-mères ne sont pas vues comme des sorcières !).

Tous sont présents aux réunions, arrivent -presque toujours – à l’heure, les partages sont préparés (quasi écrits) et nous finissons toujours à l’heure, même lorsqu’ils étaient neuf compagnons. Cerise sur le gâteau : une présence massive de cette CL à la journée régionale et plusieurs membres investis en CVX, Magis, etc. Qui a dit que les jeunes ne s’engageaient pas ou plus ? La preuve est faite ici du contraire !

Je rends grâce pour cette si belle équipe qui a vraiment fait un pas de plus en compagnonnage, malgré l’arrivée de nouveaux membres ou le départ regrettable d’autres compagnons : les jeunes, ça bouge !

Delphine, accompagnatrice de CL et membre de la communauté régionale Paris Sud-Ouest

« Un compagnonnage intergénérationnel »

Entretien avec Michel et Nolwenn, accompagnateur-ice de CL à Paris Bonne-Nouvelle. Ils ont proposé aux CL qu’ils accompagnaient de se rencontrer pour mélanger les générations. Une initiative ponctuelle qui a perduré.

Quelle a été l’impulsion de départ ?

Notre accompagnatrice commune ! A l’origine, l’un des membres de la CL « d’anciens », animateur de randonnées, et l’accompagnatrice avaient eu l’idée de monter une journée rando./spi avec les jeunes de l’autre CL, avec pour thème « Envie de respirer et d’être inspiré ? » : rando., messe, pique-nique, prière en commun. Finalement, cette journée n’a pas pu avoir lieu mais s’est transformée en une première réunion CVX avec les membres des deux CLs, avec un apéro dinatoire pour faire connaissance. Puis carrefours en petits groupes inter-générationnels. Tout de suite, le courant est passé et à l’évaluation, il était clair qu’il y aurait une prochaine fois. C’était en juin 2022.

Pourquoi avoir continué ?

Après la première rencontre, nous avions envie de recommencer car cela avait été une source de joie. Et puis c’est devenu une tradition. Petit à petit de vrais liens se sont tissés entre nous et il s’est créé un véritable compagnonnage intergénérationnel. Partageant les joies et les peines de nos vies et notre manière de discerner la présence de Dieu dans nos vies.

Quels sont les gains pour chacun ?

Le premier thème fut «”Quelle espérance m’habite aujourd’hui ?”. Chacun est reparti avec une carte mot/prière/vœu, fruit de la réunion. Notre dernière réunion inter-CL a porté sur « l’émerveillement » avec comme support deux articles, l’un de Bertrand Vergely, philosophe, à propos de son livre « Retour à l’émerveillement » et l’autre de Blanche Streb, docteure en pharmacie et essayiste qui a écrit « Grâce à l’émerveillement ».

Nolwenn : « Je crois que les plus âgés apportent leur expérience de vie et nous apportons la folie de notre jeunesse. Cela se marie bien et nous en repartons tous grandis. J’ai fait l’expérience que ma parole pouvait éclairer celle d’un plus âgé que moi. L’échange n’est pas unilatéral du tout ».

Michel : « joie de rencontrer des plus jeunes qui ont des façons de vivre différentes, désir de connaître la spiritualité des trentenaires, et plus généralement, d’entendre ce que vivent les jeunes d’aujourd’hui (qui ne sont pas nos enfants)».

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