La CVX s’enracine dans la spiritualité de saint Ignace. L’expérience des Exercices est fondamentale pour tout compagnon, c’est elle qui permet de se situer pleinement dans la Communauté, d’y trouver sa place. La pratique des Exercices spirituels a connu sa révolution dans les années 1950. Quelques jésuites autour de Maurice Giuliani ont notamment remis en avant la nécessité de l’accompagnement individuel. Nous profitons encore aujourd’hui de ce renouveau. Mais il nous place devant un défi à relever et une chance à saisir. Les accompagnateurs jésuites et religieuses diminuent. Il nous faut trouver la relève dans la Communauté.
Actuellement, dans nos listes CVX, nous avons 149 compagnons répertoriés qui, à des fréquences plus ou moins fortes, se consacrent à l’accompagnement de retraites selon les Exercices. En réalité, le chiffre est un peu supérieur. En effet, certains compagnons se sont formés à distance de la Communauté, du fait par exemple de leur proximité géographique à tel centre spirituel ou bien à une congrégation religieuse ignatienne. Néanmoins le nombre d’accompagnateurs laïcs s’avère insuffisant pour répondre aux besoins grandissants de l’Église.
Il ne faut pas se le cacher, l’accompagnement spirituel nécessite d’y consacrer du temps. Au-delà de la halte spirituelle, toute retraite dure au minimum 5 jours ! La pratique demande donc, dans l’idéal, d’y consacrer pas moins d’une petite semaine chaque année. En effet, le plus important pour l’accompagnateur est sans doute de veiller à conserver une certaine régularité dans sa pratique, pour tout simplement ne pas perdre la main. La capacité d’écoute s’acquière mais aussi s’entretient !
Le Parcours de formation à l’accompagnement de retraites
La Communauté ne forme pas de compagnons à l’accompagnement personnel dans la vie. Cette formation s’entreprend généralement dans un cadre diocésain. Il arrive parfois que des formations soient animées conjointement par les diocèses et des équipes ignatiennes.
Par contre, la Communauté s’investit dans la formation à l’accompagnement des Exercices. Pour ce service, elle a appelé 8 « référents » répartis sur le territoire national. Ils ont pour mission d’appeler et de suivre les compagnons en formation dans leur parcours dit « initial », un parcours qui est de ce fait toujours personnalisé.
Ce parcours « initial » comprend l’accompagnement de retraites de 5 jours en centre spirituel. En principe, l’accompagnement de la première retraite « Vivre les Exercices » se vit au centre St Hugues à Biviers.
La pratique de l’accompagnement est complétée par la participation à 4 week-ends de formation à Paris (sur l’écoute spirituelle, Psychologie et vie spirituelle, Donner les points etc…) et la double session (A et B, 2 x 6 jours sur 2 ans) sur la Dynamique des Exercices. Elle se déroule au Centre spirituel du Hautmont.
Vu de loin, le parcours de formation peut intimider tant il apparaît long (voire interminable !). En effet, il dure 3 à 7 ans en théorie, mais en fait cette durée ne veut pas dire grand-chose. Quand on se lance dans l’accompagnement, on fait le choix de s’y investir parce qu’on porte en soi le goût de ce service et sans doute développe-t-on ce goût au fil des retraites. En fait, on devient accompagnateur à part entière dès qu’on commence à accompagner, au début certes dans la fragilité mais paradoxalement le sentiment de fragilité doit pour une part demeurer. Il n’est pas question de s’imaginer qu’un beau jour on décrochera un diplôme d’accompagnateur patenté et qu’on aura l’assurance de celui qui n’aurait plus rien à apprendre. … En réalité, la formation ne s’arrête jamais. Celui qui se dirait accompagnateur « confirmé » et considérerait qu’il est arrivé au bout représenterait même un danger certain. Il est essentiel de se situer toujours devant l’éternelle nouveauté de la relation d’une personne à son Seigneur. L’accompagnement est certes balisé mais il demeure ouvert à l’inconnu, à la surprise, et à la nouveauté.
La supervision des accompagnateurs
Au-delà du parcours « initial », le chemin se poursuit et se complète. Parce qu’il importe de se laisser questionner sur sa pratique et sa posture, il est nécessaire pour tout accompagnateur (pas seulement les débutants) de vivre ce qu’on appelle la supervision. Elle peut être complétée éventuellement par de la co-vision (voir plus haut co-vision des accompagnateurs de CL). En fait, la supervision est un ingrédient essentiel de la formation dès la première expérience de pratique de l’accompagnement de retraite.
De quoi s’agit-il ?
C’est une rencontre régulière avec un pair pour relire sa posture d’accompagnateur. L’accompagnateur exprime comment il vit son positionnement : quels mouvements intérieurs ont pu naître avant, pendant et après les entretiens avec l’accompagné. Dans quelle mesure cela occupe ou non sa pensée, le laisse libre ou le dérange. La supervision peut parfois comporter une dimension « technique ». Elle vise alors à éclaircir tel ou tel point ou situation. Le superviseur peut suggérer (notamment aux accompagnateurs débutants) des idées de questions à poser, des manières de poursuivre, des exercices à proposer…
Cependant, il ne s’agit : ni de « parler sur » la personne accompagnée, ni de rechercher des solutions aux difficultés rencontrées ou des recettes pour se sécuriser.
Pour la personne qui supervise, il s’agit « d’écouter quelqu’un qui aide des gens à vivre », « d’aider quelqu’un dans son écoute d’un autre ».
La supervision suppose que le superviseur comme l’accompagnateur soient tous les deux à l’écoute de l’Esprit qui parle au retraitant et en eux.
Hervé Le Houérou sj, Assistant national de CVX en France