Entrer dans l’Avent, c’est partir à la recherche d’un Dieu qui se fait discret et ne se tient jamais au premier plan des caméras ou des sondages ! Un Dieu qui se retire pour ouvrir le plus grand champ à la liberté humaine, à notre créativité et responsabilité. Dans les temps où nous sommes, consentirons-nous à faire peu de bruit autour de Dieu ? Accepterons-nous, qu’Il s’en aille et qu’Il revienne ? Pourrons-nous tenir dans l’ombre, heureux d’attendre et d’accueillir le temps de sa visite ?
Cela valait-il vraiment la peine qu’un Dieu apparaisse sur terre, pour disparaître presqu’aussitôt dans la mêlée des hommes ? Lumière de Dieu, mais sous le boisseau ; Feu de Dieu, mais couvant sous la cendre ; Verbe de Dieu, mais presque aphone ; Parole de Dieu, mais réduite au silence ; Puissance de Dieu, désormais infiniment fragile ; Fils de Dieu, mais en apparence petit d’homme. Incarnation de Dieu, mais comme rampante, furtive, qui s’accomplit à l’abri des regards, à l’insu de presque tous, sauf de quelques rares, convoqués comme en secret. Telle est l’économie constante de Dieu au milieu de nous. Il n’y a pas à s’en étonner, ni à s’en scandaliser, encore moins à s’en impatienter comme si une injustice était faite à Dieu ou à notre zèle pour l’annoncer. C’est Dieu lui-même qui se cache, qui s’enfouit, tel un levain dans la pâte, la semence jetée en terre.
Le disciple n’est pas au-dessus du Maître et la finalité de notre engagement n’est-elle pas de donner à notre vie la forme même de l’Evangile (« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ») ? Nous avons été arrachés à nous-mêmes par une grâce, nous la laissons travailler nos vies… Même quand nous sommes enfouis au profond de la pâte d’humanité, il peut se percevoir chez nous comme une résonance sans égale !
Nous comprenons bien alors que nous sommes tous des migrants : ouverts à tous les déménagements, les exodes, les exils possibles. Nous ne nous reconnaissons qu’un seul domicile fixe : notre fidélité à demeurer dans le Mystère du Christ à visiter, méditer, célébrer, chanter, communiquer. Notre condition d’exilés, nos fragilités et nos précarités nous invitent à l’audace de la grande aventure évangélique. Nous faisons un « pas de côté » mais nous ne sommes pas situés hors du monde, ni à l’opposé du monde : nous sommes au cœur du monde et, osons le dire, si nous portons Jésus-Christ comme seule perle de grand prix, nous sommes le cœur du monde ! Pour servir, dans la forme de l’Evangile, ses transformations, ses inventions, ses désirs, ses espérances : telle est la grâce attendue de nous. Etre des femmes et des hommes de Dieu, étonnés, émerveillés et joyeux de ce don d’alliance qui nous est fait ! Et que nous désirons partager.
Frédérique, accompagnatrice en PMC