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Un Prier marcher Partager qui fait creuser la spiritualité ignatienne

Cet été, j’ai éprouvé le besoin de partir plus tôt en vacances, de couper rapidement : un besoin impératif de me retrouver, reconnecter, refaire des forces… L’idée de marcher s’est vite imposée à moi, mais aussi celle d’un temps pour réfléchir autrement, pas forcément une randonnée avec les amis, du moins, pas tout de suite…

Je suis en équipe locale CVX depuis quelques années (7 ans), je me suis intéressée au programme proposé par le centre Saint-Hugues, que je regarde d’habitude de très loin… J’avais envie aussi d’être dans du beau et cela faisait longtemps que je n’étais pas allée en montagne en été.

Prier, marcher, partager m’a tout de suite attirée : la marche en quantité suffisante mais en même temps pas en performance, une semaine de contemplation, des temps de prière, un partage avec des compagnons…  Et cela dans un climat de silence, ça me parlait bien.

Nous étions neuf participants accompagnés par une équipe d’animation de trois personnes : Sophie, Philippe (prêtre) et Laure, Sr auxiliatrice. Dès le départ, les animateurs sont vraiment soucieux que chacun se sente à l’aise et nous invitent à exprimer dès qu’on en a besoin, nos souhaits ou nos résistances. J’apprécie cette liberté de ton.

Prier, marcher, partager, ce sont six journées organisées sous le même mode : petit déjeuner à 7h30, préparation du repas de midi à 7h55, rassemblement dans la salle à 8h10 pour quelques informations sur la randonnée et un temps de prière. Puis départ en voiture (covoiturage organisé avec les personnes arrivées au centre en voiture, les frais sont partagés ensuite entre tous). La randonnée commence en silence tout le long de la montée et un temps de prière est prévu sur le chemin. Le pique-nique a lieu au sommet (en général). A partir du café et pendant la descente, nous pouvons parler avec les compagnons. Le retour au centre se fait avant 17 heures. La messe est à 17h30 et le repas s’enchaîne ensuite à 18h45. Tous les soirs, nous nous retrouvons pour un temps de partage à 20 heures.

Je n’avais pas réalisé que l’on serait en silence durant une bonne partie de la journée : la marche, mais aussi la voiture, les temps au centre St Hugues (c’est ainsi pour toutes les sessions et retraites qui s’y déroulent). Le fait de ne pas parler ou plutôt de ne pas converser est libérateur car le silence permet bien sûr de s’écouter mais surtout d’Ecouter, d’entendre la Parole résonner en nous, entendre l’Esprit nous parler. Et puis, on ne s’éparpille pas dans les situations de vie des uns et des autres, c’est vraiment un temps pour nous, où l’on se concentre sur soi et ses mouvements intérieurs. Cela donne aussi une intensité plus grande aux conversations qui ont cours lors de la descente.

Le rythme régulier des journées est aussi important : pas besoin de penser à ce que l’on va faire. Le cadre est donné : nous pouvons lâcher prise. Pas de distractions à part celle de la contemplation : une vraie pause. Pour ma part, ça été une manière de retrouver un rythme, mon rythme.

Toute la semaine, nous avons suivi une progression, tant dans la marche que spirituellement.

Cette semaine nous a permis de faire l’expérience de plusieurs manières de vivre la relation avec Dieu : j’ai apprécié cette progression ajustée et cette entrée pédagogique dans l’expérience. J’y ai découvert :

  • l’oraison et son temps de contemplation puis de colloque…, le temps de relecture.
  • le « bibliodrame » : en choisissant un personnage ou un élément du texte, sa résonnance est amplifiée car on y entre davantage par les cinq sens.
  • la reconnaissance des consolations et désolations dont parle St Ignace avec ces notions du « bon Esprit » et « mauvais Esprit » : cela m’a pas mal questionné tout au long de cette semaine
  • l’entretien spirituel : une proposition dès le deuxième jour, d’un accompagnement avec un des animateurs durant la descente de l’après-midi qui permettait d’échanger sur ce que l’on vivait. Dans la vie quotidienne, on n’a pas ces occasions de parler de cela.
  • la conversation spirituelle : c’est le partage de notre prière de journée entre compagnons. Nous avons fait deux groupes. Ce temps permettait de découvrir encore mieux les personnes et de vivre un réel compagnonnage
  • la prière d’alliance : je connaissais la prière d’alliance mais la manière d’en parler de Philippe donnait un éclairage nouveau, notamment sur le pardon.
  • le sacrement de réconciliation : un moment important de la semaine car pacifiant
  • des pistes pour l’après-retraite…

J’ai bien apprécié cette semaine à Saint-Hugues qui alliait l’exercice physique à l’exercice spirituel : c’est cette alliance-là, dans ce cadre de la montagne, avec d’autres compagnons, qui m’a permis de me reconnecter et de prendre soin de moi. C’était important que l’on ne soit pas que dans l’intellect. Ce rapport à la nature par la contemplation et la marche, avec les différentes propositions de réflexions, de prière et de relecture m’ont fait grandir et m’aident à mieux trouver au quotidien ce chemin en moi vers cette source d’Amour divin. Comme en équipe locale, les différents partages sont une vraie richesse : ce que ça produit en l’autre résonne en moi et m’aide aussi à mieux me comprendre, à oser reconnaître ce que je vis.

Je cherchais à retrouver un équilibre de vie : j’ai pu mettre à distance les questions que je portais et j’ai confiance qu’en donnant une autre place à ma relation à Dieu dans mon quotidien, les situations et les relations trouveront une plus juste place.

Véronique, CVX Bretagne occidentale