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Amitiés franco-libanaises

Liban : Prier et marcher avec des compagnons

Dominique Bastien Detanger, compagnon de Bretagne Occidentale,  nous parle de ce lien créé depuis quatre ans avec des compagnons libanais. Elle nous livre un témoignage profond et touchant sur leur dernière rencontre, lors d’un séjour « prier marcher » au Liban, en juillet 2019.

L’amitié franco-libanaise n’est pas neuve mais, pour moi, elle a pris sens en juillet 2015 avec la proposition de « Venir tous au puits de la rencontre » adressée par la Communauté Vie Chrétienne aux compagnons de tous les continents, pour monter ensemble vers le Congrès CVX, organisé à Cergy Pontoise.

L’idée d’inviter nos compagnons CVX internationaux largement, et non plus en délégation, est née du Congrès de Nevers et a été renforcée lors de l’Assemblée mondiale au Liban en 2013. C’est pourquoi l’équipe de préparation de l’accueil à Cergy a souhaité en 2015 faire partager la dimension mondiale et une, de notre communauté en proposant des occasions de vivre des rencontres improbables et des interpellations mutuelles avec des compagnons internationaux.

Plus d’une centaine de compagnons ont répondu positivement, dont un groupe de Libanais et Egyptiens qui avaient déjà tissé de durables liens d’amitié avec des Français de la CVX.

Je suis donc entrée en connaissance avec eux en m’inscrivant en 2015 à cette marche internationale qui a eu lieu pendant 8 jours sur la presqu’île de Crozon et qui nous mettait ensemble en route vers ce congrès CVX de Cergy, sous la forme d’une retraite Marcher et Prier.

Puis, après une escale au Mont Saint Michel où nous Français, nous avons été fiers de partager avec nos amis, une de nos Merveilles en traversant ensemble la baie, nous avons fait route, cette fois-ci avec nos voitures, en direction de Cergy.

Et voilà que cette année, la CVX Liban a fait à son tour, une proposition, relayée ensuite par le Centre Spirituel de Biviers, pour venir Marcher et Prier avec eux, en plein mois d’août.

J’ai été tout de suite tentée de donner une suite à cette expérience de 2015, qui ne s’était pas endormie en 4 ans, grâce à internet.

Enchantée à l’idée d’aller découvrir le Liban, dans la foulée de mon pélérinage en Terre Sainte au début de l’année et heureuse de renouer les liens crées en 2015, je me suis envolée pour Beyrouth fin juillet dernier. Nous étions une quinzaine de membres de la CVX France, Allemagne, Belgique, Brésil et Malte à être accueillis par une douzaine de membres de la CVX Liban.

J’ai été tout d’abord très touchée par l’accueil que nous avons reçu dans les familles libanaises, organisées ensemble pour nous faire découvrir la beauté et les multiples charmes de leur pays où nous avons circulé pendant les 3 premiers jours. Puis nous avons pris la route de la vallée de la Qadisha (appelée aussi vallée des Saints) et de la montagne du Liban où nous avons marché et prié pendant 7 jours, découvrant notamment les sites de la foi maronite, avec ses monastères adossés à la montagne et ses ermitages et ses paysages à couper le souffle, d’une intense beauté.

Nous avons alors expérimenté une manière d’être avec le Seigneur, avec le corps, la lumière, la chaleur… dans cette région si porteuse de foi.

Ce qui m’a frappée, c’est la joie simple et fraternelle que nous partagions entre nous.

C’est la marche dans le désert caillouteux, parfois hostile avec plein de buissons piquants, qui fait goûter avec ravissement l’arrivée au bord d’une source où nous célébrons l’Eucharistie.

Alors que nous étions tous à nous reposer à l’ombre d’un cèdre, c’est Louis qui nous rappelle que quand on se met à l’ombre d’un arbre, celui-ci nous indique la direction de la lumière, que c’est dans nos faiblesses que nous pouvons nous rendre forts…

C’est un ermite à qui nous demandons une parole et qui nous dit que ce qui est important c’est de rendre extraordinaires les choses ordinaires…

C’est l’expérience de nos guides : j’ai remercié particulièrement l’un d’eux car il prenait vraiment soin de notre rythme et je ne ressentais à le suivre aucune fatigue ; aujourd’hui, je me dis que c’est important de trouver le guide qui nous convient pour notre marche avec le Christ. Etre un guide pour l’autre est possible si je respecte son rythme. Je peux peut-être oser la comparaison avec la spiritualité ignatienne que je reconnais aujourd’hui pour m’accompagner à mon rythme.

C’est l’ouverture qui se fait quand on quitte ses repères habituels, quand on a besoin des repères de l’autre qui est différent de moi et pourtant si semblable. Un appel à oser la simplicité et la confiance, comme un chemin de relation et de sagesse.

C’est la force de l’encouragement et du soutien qu’on peut se donner entre communautés, surtout quand elles sont l’une comme l’autre minoritaires.

En conclusion, je dirais que cette expérience a élargi et déplacé le regard que je pouvais porter sur la communauté CVX, m’a permis de vivre un compagnonnage enrichi et joyeux, de faire église au-delà des rites et coutumes en me recentrant sur l’essentiel : cheminer avec le Christ, fidèlement, avec la compagnie de St Ignace, tout en prenant soin de mes compagnons.

Par ailleurs, cette expérience veut témoigner des intuitions, impulsions et des fruits donnés, individuellement et collectivement, lors des rassemblements communautaires.Elle me permet aussi aujourd’hui de revenir à mes fonctionnements ordinaires de façon extraordinaire…

Dominique Bastien Detanger, le 29 septembre 2019

(CVX Bretagne Occidentale)

 

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