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Impressions de quelques jours passés à la « Jungle » de Calais

« Une vie toute simple aussi… se vit, se vivait là », nous vous transmettons un texte écrit par une membre de l’atelier Etrangers et par son mari sur leur expérience de bénévolat à la « Jungle » de Calais.

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Nous avons terminé nos vacances d’été 2016 en participant au travail des bénévoles d’Utopia 56, association intervenant à Calais.

Nous nous sommes inscrits sur le site de l’association Utopia 56, créée en Bretagne récemment à l’initiative des fondateurs du festival des Vieilles Charrues à Carhaix (jusqu’à 250 000 spectateurs sur 4 jours et 6 500 bénévoles) ; leur capacité de mobiliser et gérer un grand nombre de bénévoles est donc indéniable.

On nous a donné rendez vous au camp de Grande Synthe.

Ce camp a ouvert en avril dernier à la demande du maire de cette commune proche de Dunkerque. Il s’agit du seul camp humanitaire en France qui se rapproche des normes européennes. Monté par MSF, il est constitué de shelters (cabanes en bois de 10 m2) et de quelques espaces communs : cafés, cuisines communautaires, école… 900 personnes y vivent en cette fin aout, en majorité des familles kurdes (venus d’Irak d’Iran et de Syrie) et des Afghans. Il n’y a aucun africain car la cohabitation est source de tensions.

Utopia 56 s’est occupé de gérer le camp et a, suite à des différents avec la préfecture en particulier, récemment passé la main à l’AFEJI, association intervenant dans de nombreux domaines de l’insertion dans le nord qui emploie 2 000 salariés et créée depuis les années 70. Utopia 56, ayant refusé d’identifier et référencer les migrants dans le camp, n’a pas souhaité continuer à collaborer. Une autre source de tension avec le gouvernement est que ce dernier ne veut plus que des hommes seuls viennent à ce camp pour privilégier les familles. Or Utopia 56 pense que les hommes seuls peuvent être un moyen d’assurer la protection du camp et des familles, qui elles sont facilement soumises au chantage, racket des mafias, passeurs, etc.

Utopia 56 y assure encore le fonctionnement du free shop, de la laverie, du coupage de bois (seul moyen de cuisiner dans le camp) mais aussi des consultations de dentiste et le transport en voiture des migrants qui ont besoin de se déplacer en ville en particulier pour des questions administratives, pour aller à l’hôpital ou faire des courses. Ceci jusqu’au 1er septembre 2016.

Nous avons passé quelques heures sur place et avons coupé du bois après avoir visité le camp et pris un thé au sucre dans un des lieux communautaires.

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Notre logement comme celui des 35 autres bénévoles de la semaine se trouve au camping de la plage à Mark, les Hemmes à 6 km de la jungle de Calais. Utopia 56 y loue une dizaine de bungalows dans lesquels on peut loger jusqu’à 6 ou 7 personnes. Il en coûte 5 € par nuit, c’est l’hébergement le moins cher. Les bénévoles d’une moyenne d’âge de 22 ans sont originaires de Suisse, d’Espagne, d’Angleterre (bien qu’il y ait sur le terrain plusieurs associations britanniques), de Belgique, du Canada et de toute la France avec une grosse majorité de bretons (compte tenu de l’origine de l’association). La plupart sont étudiants, ont sacrifié des vacances ou un job d’été pour venir, beaucoup n’en sont pas à leur premier séjour et sont très mobilisés, voire engagés socialement et politiquement. Certains sont de grands fêtards, mais tous font des rencontres aussi bien parmi les bénévoles que parmi les migrants. Quelques retraités viennent aussi et interviennent dans leur domaine de compétence.

Une journée type commence sur le parking du camping à 9h où chacun prend place dans les voitures ou dans la camionnette pour aller à Calais. En arrivant à l’entrée de la jungle, dont chaque accès routier est sous la surveillance des CRS, les équipes du matin sont constituées par les chefs d’équipe. Cette semaine et depuis un mois c’est une jeune étudiante en logistique humanitaire.

Les responsabilités d’Utopia 56 sur le camp consistent principalement à assurer la propreté des lieux, mais aussi à collaborer à la cuisine (à la Belgium Kitchen) et à l’enseignement du français et de l’anglais.

Le matin, vers 9h30, le camp est assoupi, tous ou presque dorment encore car la nuit a été souvent agitée en raison des tentatives souvent vaines et fatigantes de grimper dans un camion. Certains vont quasiment toutes les nuits sur les lieux possibles de « départ pour l’Angleterre », en s’aidant d’un passeur (payé uniquement à l’arrivée) ou par leur propres moyens (ce qui ne coute rien mais est beaucoup plus difficile).

D’autres ne cherchent pas à aller en Grande Bretagne, et désirent rester en France.

Le camp est situé sur un site dont une partie est classée « zone naturelle protégée » et une autre classée « SEVESO » (des usines chimiques sont à proximité). Le camp a été délimité à l’initiative de la préfecture suite à l’expulsion de tous les migrants du centre de Calais et d’autres zones « improvisées ». L’ensemble de la zone, à ce moment là non utilisée, leur a été dédiée. En juin 2015, ils étaient 3 000, en octobre 2015, 6 000. En novembre 2015 les pouvoirs publics sont condamnés par le conseil d’Etat pour les conditions de vie des migrants et doivent installer sous la contrainte des sanitaires et des points d’eau.

En avril 2016, Bernard Cazeneuve parlait de 3 000 migrants et refusait le nombre de 5.000 donné par des ONG. L’Etat a, en avril 2016, supprimé et détruit toutes les « habitations de la zone sud sous l’argument que le nombre de migrants avait baissé » et qu’il proposait des solutions de logement en dur dans toute la France. Le but était de supprimer le camp.

Il est habité à la fin aout 2016 par environ 9 000, voire 10 000 personnes (source des associations et aussi des forces de l’Ordre), ce sont surtout des hommes plutôt jeunes, mais il y a aussi des femmes et des familles. Les migrants vivent donc très entassés encore plus nombreux et uniquement dans la partie nord. La densité s’est fortement accrue d’autant plus que le nombre d’arrivants est important.

Dans la zone sud, il ne reste plus que l’église construite par les érythréens, The Jungle Book, un terrain de foot, et l’école. Les soudanais sont en train de construire une mosquée et une école.

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Dans la zone nord, la seule habitée aujourd’hui, la ” rue” principale est bordée de petites échoppes (où on peut acheter, sans entrer, à travers un petit grillage, des boites de conserves, des cigarettes 10 pour 1 euro, des canettes, du riz ou de la semoule, des sachets de thé).

On y trouve aussi de petits restaurants, pour la plupart officiellement fermés par ordre de l’état car ils ne respectent pas les “normes européennes” !!!. Certains continuent toutefois à fonctionner malgré la crainte des descentes de policiers ; c’est dans l’un d’entre eux, « Aux Trois idiots », tenu par des pakistanais adorables et fréquenté surtout par les bénévoles des différentes associations, que nous déjeunions tous les midis.

Il est désormais aussi interdit de faire entrer du matériel de construction dans le camp, ce qui limite la solidité des habitations et fait redouter encore plus l’arrivée des pluies et des froids hivernaux.

Certaines communautés (Afghans et Soudanais) ont aménagé des petites mosquées, et des petits espaces communautaires pour faire la cuisine, mais il existe aussi un salon de coiffure, une salle de sport,… ; il est même prévu d’ouvrir prochainement une salle de boxe.

Toutes les associations nationales interviennent sur le camp, comme la Cimade, le Secours catholique, le Secours populaire, le CCFD, Médecins du monde,… et de nombreuses associations locales.

Les associations qui interviennent sur le terrain se coordonnent lors de réunions quotidiennes avec ACTED, les responsables du camp mandatés depuis novembre 2015, l’Etat ayant été contraint par décision judiciaire de choisir une association de gestion du camp.

Certaines associations se dédient à l’aménagement des lieux et la construction des tentes, d’autres à l’éducation. Certaines essaient de distraire les migrants en proposant des jeux de société. Un camion distributeur de wifi s’installe tous les jours dans l’entrée et les migrants s’agglutinent autour. Un autre camion genre food truck distribue des tasses de thé ou de café. Des bénévoles passent dans les tentes pour distribuer de la vaisselle en plastique. Des savons ou des brosses à dent sont aussi mis à disposition de ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas facile de rester propre en vivant dans de telles conditions mais on voit les personnes faire leur toilette, faire la lessive à des points d’eau installés dans les différentes zones du camp (10 en tout). Certains ont créé des cabanons pour prendre des douches le plus souvent froides.

Parmi ces associations, l’Auberge des Migrants, créée en 2008, collecte et redistribue les dons dans un grand hangar de 3 000 m2 situé à l’extérieur du camp. L’Auberge des migrants est le résultat de la fusion de plusieurs associations qui récoltaient et donnaient les dons. Pour éviter les pertes et les doublons ils se sont regroupés et se font aider de bénévoles venus de toute l’Europe a raison de plus d’une centaine par jour. On y sert 4 000 repas quotidiennement. Beaucoup d’anglais s’y investissent car ils sont choqués de la manière dont leur gouvernement refuse de traiter la question des migrants.

De même, la Belgium Kitchen qui a été montée par un groupe d’amis belges d’origine marocaine (troisième génération) qui ont considéré qu’étant belges mais d’origine étrangère, ils se devaient d’aider les migrants. Au début ils ont ouvert une petite baraque de façon informelle puis ça s’est agrandi. Aujourd’hui ils sont toujours au moins 5 ou 6 bénévoles pour tenir la « cuisine ». Ils sont au cœur de la Jungle et dorment sur place. Pour fonctionner, ils reçoivent des dons principalement de Belgique sous forme de nourriture et servent 1 000 repas chaque soir tout en distribuant aussi de la nourriture pour 600 repas. Utopia 56 délègue 4 ou 5 bénévoles par jour pour aider à préparer la cuisine (épluchures de légumes, découpes, etc….).

Chez Utopia 56, c’est le travail de ramassage des déchets par zones qui occupe le plus de personnes. Armés de gants de jardinage, de sacs poubelle fournis par le service d’entretien du camp, (mais aussi par les bénévoles ou des dons), nous partons par équipe de 8 puis par groupe de deux (la consigne est donnée de ne jamais rester seul). Au cours de notre ramassage nous nous trouvons invités par des migrants à prendre un thé ou un café dans leur tente, caravane (souvent donnée par les anglais), ou abri (souvent construit avec des bénévoles anglais). Il s’agit aussi de nettoyer certains emplacements notamment lorsque des tentes ont brûlé la nuit avec tous les effets personnels des migrants (c’est fréquent à cause de l’éclairage à la bougie faute d’électricité ou des réchauds à bois), ou parfois des migrants ont abandonné leur tente car ils ont réussi à passer vers l’Angleterre ou ont été accepté dans une procédure de demande d’asile et sont donc relogés.

Nous ramassons aussi bien des rats morts (on trouve au sol de nombreux sachets de mort aux rats) des canettes vides, des vêtements usagés, abimés par les intempéries, des sacs, des chaussures abimées, des détritus de repas (peaux de banane, sachets de thé des peaux d’oignons…), des boites de conserve, ou bouteilles vides, tasses en papier, …. Il s’agit d’assurer ce que nos services municipaux font quotidiennement dans nos villes et villages sur les trottoirs et dans les caniveaux. Il n’y a aucun système d’évacuation des eaux (égouts ou eaux de pluie,…)

Les migrants demandent fréquemment des sacs pour leurs propres déchets, les soudanais ont gagné la réputation d’être les plus soucieux de leur hygiène. On ne peut pas donner assez de sacs poubelle pour les usages privatifs et autour des tentes ou habitations de fortune. Même si elles le voulaient, les personnes n’ont pratiquement rien pour nettoyer ou ramasser.

Les migrants nous sont très reconnaissants pour cette tache qui permet de leur donner un espace de vie plus digne, éloigne les rats et les risques de contamination.

L’école qui est tenue par des associations anglaises, se trouve dans une enceinte à l’écart (zone sud) et est plus protégée. Il y a des salles de classe mais aussi de nombreuses chaises et tables dans la cour pour des cours individuels ou collectifs en extérieur devant un tableau blanc.

Des cours pour les enfants et pour les adultes tous niveaux confondus y sont dispensés.

20160823_191706img_4576Les bénévoles vont chercher les enfants dans leur famille sur le camp et les reconduisent ensuite. Parfois on les emmène à la plage, ou on fête un anniversaire. Lors de notre séjour, un groupe de conteurs et chanteurs était de passage. Ils peuvent aussi se déguiser, recevoir une peluche, certains ont des vélos obtenus par les dons. L’école peut fournir à chacun des cahiers et des stylos. Il y a aussi des rayonnages de livres scolaires mais également de bandes dessinées ou de livres de lecture. Il manque toutefois des méthodes ou des ouvrages pour enseigner le français comme langue étrangère qui soient imagées et faciles d’accès.

L’école est aussi et surtout destinée aux adultes, pour la plupart motivés et consciencieux, très courageux d’apprendre une nouvelle langue et parfois un nouvel alphabet (pour ceux de langue arabe). Peu sont analphabètes. Ils viennent avec assiduité parfois matin et après-midi avec leur cahier et stylo. Certains veulent apprendre le français, d’autres l’anglais. Les niveaux de connaissance et de capacité sont très variables. En tant que « professeur », on peut passer d’un jeune africain voulant comprendre le système politique et administratif de la France et de l’Europe à un jeune étudiant en droit afghan parlant anglais, allemand suédois, farsi et arabe…. pour qui l’apprentissage se fait très vite, ou à un jeune érythréen dont une partie de la famille a déjà fui le régime dictatorial et le service militaire sans limite de durée. Il y a aussi des jeunes qui n’ont jamais appris et pour qui c’est très difficile. Les cours s’adaptent à la demande et au niveau du groupe ou de l’individu. L’élève n’est pas assuré d’avoir le même professeur chaque jour. Souvent pendant le temps d’enseignement ou à la fin, il se passe beaucoup de choses, des confidences, des réconforts, des encouragements, etc. Ces partages de vie en confiance sont des moments uniques d’écoute, de récits de vie. Beaucoup le disent, le soutien psychologique leur est capital.

C’est à l’occasion de ces cours, que nous avons mesuré la reconnaissance vouée à la France par de nombreux migrants et que bien plus nombreux que nous ne le pensions sont ceux qui souhaitent y rester pour y vivre. Ils préfèrent apparemment être à Calais plutôt que Paris où les conditions de survie sont extrêmement difficiles car il n’y a aucun lieu fixe où respirer et retrouver le soutien des membres de leur communauté. Ceux qui sont en cours de procédure de demande d’asile se voient proposer des logements en CAO (Centre d’accueil et d’orientation) dans toute la France ; la plupart ne s’y plaisent et certains reviennent à Calais.

Les démarches administratives et les règles d’application évoluent fréquemment, souvent au grès des choix politiques du gouvernement ; les associations ont bien du mal à garder une connaissance juridique actualisée pour soutenir les migrants qui n’y comprennent souvent pas grand-chose.

Les rumeurs sont aussi les « habitants » du camp et chaque matin de nouvelles informations invérifiables circulent :

Le camp va être détruit sous peu,

80 personnes arriveraient chaque jour,

20 à 30 réussiraient en moyenne à passer chaque nuit, certains essaient de monter dans un camion chaque soir depuis parfois 3 ans. Des migrants nous ont dit que seuls entre 3 et 5 réussissaient à passer….

Les soudanais et les Afghans se combattent la nuit et il y a eu un mort la nuit dernière,…

Ce que nous avons vu plusieurs matins : Des cars envoyés par la Préfecture viennent le matin prendre des personnes qui sont choisies apparemment uniquement parce que le personnel de la préfecture les aurait repérés à attendre à plusieurs reprises (ça veut dire qu’elles ont dormi dehors sur le trottoir à coté des camionnettes des CRS pour être sur d’être parmi les 40 ou 20 retenus sur les 150 qui attendent assis par terre avec pour seul effet un petit sac et quelques papiers précieux.

Parfois on leur dit qu’ils partent en CAO (centre d’accueil et d’orientation). Les destinations ne sont pas bien précisées. Ainsi ceux à qui on avait dit qu’ils partaient à Nevers, ont été conduits à Nevoy, village de mille habitants et on les a enfermés derrière des grilles dans des containers à l’extérieur de la commune, sans possibilité d’insertion réelle.

La mafia organise (rait) des trafics, (des migrants nous ont dit qu’il y avait trop de trafiquants, voleurs, magouilleurs et qu’ils avaient peur.) Certains ne parlent à personne de peur d’être repéré, embarqué, manipulé… d’autres au contraire ne vivent qu’en communauté et partagent tout. Ce n’est pas rare de voir deux hommes se donner la main, signe d’une amitié fraternelle et certainement salvatrice.

Quelques exemples d’interventions parfois salutaires pendant notre séjour :

Une jeune étudiante en droit venue avec son grand père, dentiste à la retraite, a pu conseiller une transsexuelle victime de viols à répétition dans le camp pour qu’elle soit prise en charge par l’association Gynécologie sans frontière.

Une des bénévoles espagnoles d’Utopia 56, kiné de son métier, a pu tenir une permanence chaque matin pour faire des massages ; apparemment c’est surtout des entorses dont souffrent les migrants qui courent la nuit pour attraper les camions et échapper aux forces de l’ordre.

Deux jeunes étudiants en médecine espagnols venus aussi avec Utopia 56 se sont proposés pour tenir des permanences de consultation ; certains migrants peuvent aussi voir un médecin à Calais.

La plupart des migrants ont tout quitté pour des raisons politiques, religieuses, sociales, etc. Dans leur pays, c’est le chaos, ils ont été menacés, victimes parfois de violence,

L’un d’entre eux nous a parlé de sa femme et de son bébé assassinés sous ses yeux.

Ils ont parfois versé jusqu’à 40 000 euros pour une traversée hasardeuse sur un canot pneumatique (un soudanais avec qui je lisais un livre d’histoire contemporaine m’a dit en regardant la photo d’un bateau surchargé d’albanais en fuite en 1997, que ces fuyards avaient beaucoup de chance d’être sur une telle embarcation) il m’a alors raconté sa traversée de la Méditerranée depuis la Lybie à 120 sur une embarcation de fortune, un petit canot pneumatique qui menaçait de couler à chaque mouvement.

Ceux qui réussiront à passer sous la Manche avec un passeur (qui aura souvent acheté le silence et la complicité du camionneur et du douanier paieront jusqu’à 7 000 euros).

Avant de venir à Calais, la réputation de la jungle (et l’image colportée par les médias) nous faisait craindre d’être face à des situations de violence, de misère et de détresse extrême. Nous avons trouvé en réalité que l’atmosphère était plutôt calme (en tout cas la journée), que beaucoup de migrants étaient ouverts au contact et même à des échanges spontanés – dans la limite de la langue – et que lorsque nous avions parlé un peu avec l’un d’entre eux, chaque rencontre dans le camp donnait lieu à des salutations et des paroles chaleureuses. Nous n’avons senti aucun sentiment d’hostilité, bien au contraire.

Les abords du camp sont aussi calmes. Par contre, nous ne sommes pas allés près des lieux « d’embarquement » et des fameuses rocades « points de départ vers l’Angleterre », fréquentés en particulier la nuit. Là il y a presque chaque semaine, des morts dus aux risques pris et aux heurts avec des véhicules.

Odile et Patrick, Communauté régionale Nanterre Grande Arche

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