Je m’appelle Eva. Je suis mariée avec Miguel, Espagnol et non croyant, et nous avons deux jeunes enfants : Matilda, 3 ans, et Oscar, 10 mois.
Je travaille dans l’humanitaire depuis plus de dix ans et, après quelques années à l’étranger, nous nous sommes installés à Marseille en 2019.
C’est à ce moment-là que j’ai rejoint une communauté locale. Mais la CVX, je la connais depuis toujours : mes parents y sont très engagés, et j’ai grandi au rythme des congrès nationaux, retraites, fêtes régionales et autres rencontres européennes. Très tôt, j’ai été marquée par la dimension communautaire de la CVX.
Rapidement, j’ai goûté à la joie d’appartenir à une communauté locale, et je rends grâce chaque jour pour mes compagnons. Je suis toujours émerveillée par la diversité des engagements présents dans la CVX, et je me sens de plus en plus en accord avec les orientations de la communauté mondiale. L’an dernier, en communauté locale, plusieurs rencontres autour de notre place dans cette communauté plus large m’ont profondément touchée et ont ravivé en moi la conscience de la chance que nous avons d’y contribuer.
À mon arrivée à Marseille, à travers mon travail et divers engagements associatifs, j’avais le sentiment d’être pleinement au service – une dimension essentielle de ma vie de foi. J’aimais particulièrement les temps de terrain, les maraudes, les accueils de nuit auprès des personnes sans-abri.
La naissance de nos enfants a été une immense joie, mais a profondément bouleversé mes équilibres : dans mon couple, dans ma vie professionnelle, et dans mes engagements extérieurs. J’ai peu à peu dû mettre certaines activités de côté, et je ressens, dans mes relectures depuis plusieurs années, une frustration : l’envie de me remettre au service, de manière ajustée et pleine.
Lors du premier appel de Bénédicte, je ne me sentais pas disponible. Mais après la naissance d’Oscar, pendant un court congé parental, j’ai commencé à envisager un engagement. J’ai exploré d’autres services, mais les contraintes familiales rendaient compliqué tout engagement qui m’aurait demandé d’être présente physiquement à l’extérieur, surtout en pensant à la reprise prochaine du travail.
Quand l’ESCR a relancé l’appel, j’ai réalisé que ce service me semblait possible : je pouvais le faire de chez moi, à mon rythme, et il ne demandait pas de compétences techniques complexes. Dans mon travail, je suis en lien avec les finances d’ONGs, et ce rôle de trésorière régionale me reconnecte à des tâches simples, concrètes, discrètes… mais essentielles au bon fonctionnement de notre communauté.
Cela me semblait être un engagement réaliste, en cohérence avec mes possibilités actuelles, tout en contribuant à la vie de la communauté régionale. Je crois profondément que la CVX est un lieu de discernement qui permet à chacun de se mettre au service de Dieu à travers une diversité d’engagements. Et si ce petit service à l’ESCR était une façon, à mon échelle, de soutenir tous ces engagements ?
Le démarrage n’a pas été évident – entre soucis techniques, fatigue et manque de temps. J’ai aussi conscience de mes limites : parfois de la rigidité, un manque de diplomatie… Mais j’essaie de faire de mon mieux, avec ce que je suis.
En mars, j’ai participé à une journée réunissant toutes les personnes engagées au niveau national. J’ai été impressionnée par le nombre de personnes impliquées, et très touchée par plusieurs témoignages. L’un d’eux m’a particulièrement marquée : il rappelait que ce service ne se limite pas à « tenir une comptabilité », mais qu’il s’agit bien de faire en sorte que chacun se sente partie prenante de la communauté, quels que soient ses moyens.
J’espère, moi aussi, ne pas seulement payer des factures ou relancer des contributions, mais contribuer à cette vision : rappeler la solidarité, et l’activer quand elle est possible. Il y a encore bien des choses que je ne maîtrise pas dans ce rôle. Mais depuis que j’ai commencé, même si je ne me connecte pas tous les jours, je pense à la communauté autrement, plus souvent. Et je mesure encore davantage la bienveillance, la générosité, l’engagement de ses membres – même si je n’en perçois qu’une petite partie, la pointe émergée de l’iceberg.
Eva