Week-end pascal en famille, en route pour une visite, Margaux consulte son mobile et une exclamation retentit dans la voiture « le pape est mort ». Stupeur et tristesse profonde sont vite au rendez-vous.
Quelques minutes plus tard Christine Pedotti interviewée sur France Info nous livre cette réflexion : « François est le pape qui a remis l’Evangile au premier plan ». Au-delà des affinités de chacun, des joies ou des déceptions suscitées au fil de ce pontificat, au-delà des clivages que certains lui ont reproché, je me suis pris à penser que c’est bien là le viatique que ce pape, qui a eu à cœur de se faire le prochain de tous les humains, pouvait nous laisser.
J’y vois une invitation à ne cesser de me nourrir de la contemplation des textes évangéliques, une invitation à me laisser surprendre, me laisser déplacer par ce Dieu fait homme, un Dieu qui se fait proche de tous, un Dieu qui invite sans cesse à un chemin de vie, un Dieu qui dénonce la richesse quand elle est pauvreté du cœur et fermeture à l’autre. Toute une façon d’agir annoncée par Marie dans son Magnificat.
Viennent aussi à ma mémoire toutes les images d’un Dieu qui se donne à voir dans sa rencontre avec des pauvres, des malades, des pécheurs, des collecteurs d’impôts, des femmes étrangères comme la samaritaine et la syro-phénicienne, d’une femme adultère, d’enfants, de bergers … Un Dieu qui, à partir de celles et ceux que la société et la religion reléguait aux périphéries, révèle le cœur même de son mystère. Et ce cœur n’est-ce pas l’Amour ?
A travers cette manière d’agir du Christ je ne peux m’empêcher de retrouver les grands traits de l’agir de François dans son pontificat.
Alors, quelles invitations pouvons-nous discerner pour chacun.e de nous, pour notre communauté au moment où François entre dans la joie du Père ? J’en retiens trois.
La première : garder au cœur l’importance de la Parole. Notre tradition nous invite à prier avec la Parole. Non pas à l’intellectualiser mais à la laisser nous rejoindre, nous parler, nous bousculer, nous suggérer des chemins pour l’à venir. Voilà bien une tradition que nous partageons avec JorgeM Bergoglio le jésuite mais aussi avec François pape de l’Eglise universelle.
La seconde serait de se rappeler que notre engagement dans la CVX – chercher et trouver Dieu en toute chose et en tout être – ne saurait être vivant s’il ne s’incarne dans un désir d’aller vers celles et ceux en qui Jésus invite à le découvrir : les pauvres, les démunis, les malades, les prisonniers. Ces visages de pauvreté et de dénuement seront certainement différents pour chacun.e de nous, en fonction de son métier, de ses engagements associatifs, de ses activités pastorales et de bien d’autres facteurs. Mais si nous ne les trouvons pas dans notre quotidien, interrogeons-nous.
Enfin je nous invite à prier afin que l’Esprit, qui ne manque pas de souffler, trouve en chacun de nous, et plus particulièrement en ceux qui vont choisir le prochain pape, des oreilles et des cœurs attentifs. A prier pour que le souci de cette maison commune qu’est l’Eglise l’emporte sur les préférences, sur les sensibilités. A prier pour que la radicalité et l’éternelle nouveauté de la Parole restent pour tous les guides les plus sûrs.
Bon temps pascal, et dans la confiance en l’Esprit qui fait toute chose nouvelle, bon chemin vers Pentecôte.
Christian, Assistant régionale ESCR ProMedCorse