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Des bénévoles en coup de pouce à des étudiants étrangers

Caroline Charvériat est arrivée en septembre 2023 à la direction du CPU-Coup de Pouce, une association qui a pour vocation d’aider les étudiants étrangers. 280 étudiants venus de 80 pays sont accompagnés par pas moins de 135 bénévoles ! Ils sont aidés tout au long de leur parcours universitaire par un accompagnement de type tutorat mais aussi par la fréquentation du local du CPU qui est à seulement quelques centaines de mètres des universités Lyon 2 et Lyon 3.

Pourquoi avoir créé l’association Coup de pouce Université Lyon ?
En 2000, Jean-Noël Gindre, sj avait créé le frère aîné du CPU, le CISED à Saint-Denis (Université Paris VIII). En 2006, après les Anniversaires Ignatiens, les congrégations ignatiennes de Lyon ont cherché à concrétiser leur engagement social. Parmi les divers projets, celui de l’aide aux étudiants étrangers a été choisi, bénéficiant de l’expérience de Jean-Noël Gindre. Ainsi, le CPU a ouvert en septembre 2007 dans les locaux du Cha (anciennement MEC) qui arrêtait justement son bail (des locaux très bien adaptés, au centre de Lyon, à quelques centaines de mètres des universités Lyon 2 et Lyon 3). Parmi les personnes actives, de nombreux membres de la CVX (D. Hiesse, J. Lacour, M. Lepercq, J.-L. Marmond, …) ont participé à ce lancement.

Comment suis-je arrivée ici ? Grâce à la confiance de mes parents, à 16 ans, j’ai vécu 2 années à Singapour dans un internat et passé un Baccalauréat International. Je vivais là dans une ambiance cosmopolite et variée. J’avais d’ailleurs un service d’animation des enfants réfugiés dans un camp de l’UNHCR. Après une école de commerce en France et 16 ans consacrés à l’éducation de nos enfants et divers engagements, j’ai été animatrice en pastorale pendant douze ans. Lors d’un bilan de compétences très riche, j’ai pris conscience qu’un fil rouge guidait ma vie : les jeunes et l’international. Quand j’ai senti cet appel, j’ai appelé Jean-Noël Gindre pour lui parler de mon rêve professionnel et il m’a annoncé son départ en me proposant de postuler. J’ai commencé en septembre 2023, j’ai l’impression de réunir deux de mes univers, travailler au nom de Jésus dans un cadre international ! Ici, je vis ma foi de façon très forte, de façon incarnée, en étant dans l’accueil de chacun, quel qu’il soit et tel qu’il est. J’essaie de voir en eux l’image du Christ

Les étudiants qui viennent à Coup de pouce Université Lyon sont originaires de 80 pays, multi-origines, ils ont une socialisation très différente d’un étudiant à l’autre, comment qualifieriez-vous le patchwork qu’ils forment ?
C’est un patchwork très inclusif, on accueille 280 étudiants dont 70 étudiants demandeurs d’asile qui forment un seul et même public étudiant (personne ne fait la différence de statut). Ils sont tous au minimum bacheliers avec un projet universitaire ou déjà en études supérieures. Le but du CPU est de les accompagner dans la réussite de leur projet de vie.

Le gros de notre activité consiste en des groupes de conversation de trois ou quatre étudiants de 2 heures toutes les semaines. Nous proposons aussi de la relecture de Mémoires et Thèses (avec de la méthodologie de la recherche), de la préparation aux examens B1 ou B2 Français, différentes sessions (Français Objectif Universitaire, comment rédiger un devoir universitaire, comment se présenter (CV, LM, entretien)). Ils peuvent aussi s’entrainer à « blanc » sur l’examen B1 Français ou sur une soutenance de thèse à blanc.
Les accompagnements peuvent être d’une durée variable, d’un an à deux pour les étudiants en thèse à cinq ans pour les doctorants. Il y a aussi des durées d’accompagnement plus courtes pour les étudiants qui restent un semestre, en échange Erasmus ou en stage parce qu’ils sont en échange avec une grande école lyonnaise. La France demande un niveau DELF B2 pour rentrer à l’Université française ce qui représente un assez bon niveau de maîtrise.

Pour bien accueillir les demandeurs d’asile et les aider à progresser rapidement, nous organisons deux parcours : le premier offre des cours, selon leur niveau, de 2 heures tous les jours par des professeurs diplômés bénévoles. Ceux qui parlent mieux français vont dans les cours des étudiants internationaux : une belle occasion pour eux de se familiariser avec des nationalités différentes et de percevoir quel est l’enjeu de l’université en France.

Parmi les 135 bénévoles, plusieurs sont membres de CVX, et certains sont au CPU depuis des années, voire le début. D’autres sont étudiants en médecine au Centre Laënnec. D’autres encore sont lycéens dans les établissements jésuites voisins dans le cadre de leur Projet d’Action Sociale. Nos étudiants apprécient beaucoup ces bénévoles, car ils acquièrent ainsi du vocabulaire jeune du quotidien. Et les lycéens/étudiants français sont ravis de ces rencontres hors du commun !

AU CPU, nous sommes conscients qu’il ne peut y avoir d’apprentissage sans un lien, une relation de qualité. Aussi, plusieurs occasions simples de rencontres conviviales sont organisées, en plus de la relation de confiance qui se lie dans les cours. Tous les jours, un déjeuner partagé s’improvise entre bénévoles et étudiants. Nous avons depuis peu organisé des après-midi jeux de société le dimanche, « Dimanche ensemble », cela permet de créer du lien, que les personnes se rencontrent et parlent français. Un bon moyen de lutter contre l’isolement. Nous avons aussi fêté l’Epiphanie avec une soirée des talents (l’occasion par exemple de découvrir des musiciens hors pair) puis le nouvel an asiatique, le nouvel an persan ; un bénévole organise bientôt une visite de Lyon.

Comment un étudiant ressort d’une année d’accompagnement avec un bénévole du Coup de pouce Université Lyon ?
Le point fort du CPU, c’est d’abord ce lien de confiance, de respect qui se crée avec le bénévole. Il se sent aidé, accompagné, ce n’est pas une relation d’élève à professeur. Nous sommes là pour l’aider à grandir, à révéler ses talents. Souvent il est invité chez le bénévole, ils font des sorties ensemble. Ils apprennent le français avec d’autres nationalités dans le groupe de conversation, c’est une découverte d’autres façons de vivre, d’autres façons de penser. Il y a des jeunes de toutes religions. Le CPU-Coup de Pouce est une association ignatienne, qui accueille tout le monde, comme il est si bien écrit dans notre Charte : « ouvert à toute coopération pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec l’֤Évangile ».

Ce qui est important, c’est la rencontre que la relation d’accompagnement crée. Aussi, la façon d’accueillir est essentiel : il importe de passer du temps pour connaître l’étudiant. Si certains étudiants demandent de l’aide, surtout les demandeurs d’asile, pour le logement, la santé, les visas, … nous nous ne sommes pas des travailleurs sociaux. Il est important de reconnaître nos limites ; alors nous les aiguillons vers des associations compétentes que nous connaissons.

Certains directeurs de thèse à l’université n’ont pas assez de temps pour accompagner l’étudiant dans ses recherches, le bénévole du CPU-Coup de Pouce qui connait le domaine de recherche accompagne le jeune. Le jury remercie régulièrement le CPU pour la qualité de l’accompagnement qu’il a prodigué au thésard. Les universités lyonnaises reconnaissent le travail mené par le CPU-Coup de Pouce.

Grâce à son accompagnateur, l’étudiant se sent soutenu, il est accompagné, aidé en cas de coup de mou, le bénévole cherche à voir s’il se pose bien les bonnes questions. Il essaye de le faire réfléchir sur ses limites, ses talents. Il y a une relation qui se tisse : par exemple, un étudiant ne vient pas, le bénévole va l’appeler pour avoir de ses nouvelles, lui dire qu’il s’est inquiété de ne pas le voir ….
Un petit coup de pouce qui fait la différence, le rendez-vous hebdomadaire aide à voir si ça va bien, si ça ne va pas bien. En plus des études, on est le petit coup de pouce qui aide à avancer.

Par contre, il est aussi fondamental de poser un cadre. Par exemple, un étudiant qui ne vient pas trois fois et sans prévenir, nous pourrons lui dire qu’il occupe la place d’un autre et le désinscrire du cours.


Pourriez-vous nous partager quelques pépites reçues par des bénévoles du CPU-Coup de Pouce ?

Je suis très admirative des bénévoles : ils viennent chaque semaine deux heures, certains restent la journée. Parfois, les étudiants ne viennent pas et sans prévenir ; du coup, le bénévole a parfois passé une heure en transport pour rien …

Beaucoup me disent « c’est ma joie de la semaine, de rencontrer des jeunes, de m’ouvrir à une autre culture, de les voir grandir, s’améliorer ». C’est la beauté de la relation avec des personnes très différentes, avec un grand écart d’âge, avec des origines sociales très différente. Beaucoup sont là depuis la création du CPU-Coup de Pouce en 2007.

◈ Voir plus bas Les pépites des bénévoles

Le CPU invite l’étudiant(e) à élaborer un projet universitaire et professionnel personnel, qui soit le résultat d’une confrontation entre son désir, ses potentialités, l’environnement économique et social du pays, où il veut construire sa vie. Cet accompagnement a-t-il quelque chose d’ignatien ?

Pour moi la relecture est une vraie richesse, je l’ai vécu avec des élèves que j’accompagnais en aumônerie de l’enseignement public ou en pastorale dans l’établissement où j’étais. Je pense que ce serait important d’initier une relecture d’une façon ou d’une autre aux étudiants et aux bénévoles. Participer à notre Infolettre en est déjà un début parfois. Pour celle de mars, ils ont pu répondre à « qu’est-ce que m’apporte le CPU et qu’est-ce que je m’efforce d’y apporter moi-même ? » .
Lire leurs réponses

On insiste beaucoup dans la charte d’accompagnement sur le fait que c’est l’étudiant qui est acteur et maître de son parcours. J’insiste auprès du bénévole : il est là pour accompagner et faire se questionner le jeune. Il ne faut pas répondre à sa place mais essayer d’amener l’étudiant à dire ce qu’il a au fond de lui.

Le bénévole l’aide à se poser des questions : quelle méthode lui correspondrait le mieux pour l’accompagner dans ses choix. Nous accueillons la personne pour et telle qu’elle est et, surtout pas, pour ce que nous voudrions qu’elle soit.

Autre chose : même si le soutien financier de nos communautés ignatiennes fondatrices et deux communautés régionales de la région de Lyon et fondamental, n’hésitez pas à nous soutenir, via notre site Internet … Et nous sommes toujours heureux d’accueillir de nouveaux bénévoles !!!

Propos recueillis par Pauline Nardese

En savoir plus : https://www.cpu-lyon.org

Coup de Pouce Université Lyon
1 Rue de Bonald, 69007 Lyon
cpunivers@yahoo.fr
04 72 70 22 90

Les pépites des bénévoles

De Myriam

QUE M’APPORTE LE CPU : Je suis ravie de venir tous les lundis pour un cours de conversation. La rencontre avec des étudiants de toutes nationalités est un enrichissement extrême, un partage unique. Ce rendez-vous régulier me booste. Il me donne un cadre, il m’engage. Cela me procure une belle énergie même si parfois je doute de mon utilité… Le fait de partager le repas du midi où nous cuisinons ensemble pour ces messieurs (!) est un moment convivial. Il favorise une autre connaissance entre bénévoles et avec les autres étudiants. Le CPU donne du sens à ce que j’aime le plus : communiquer, échanger, partager, créer du lien.

CE QUE J’APPORTE AU CPU: J’essaie d’apporter mon enthousiasme, mon dynamisme, une aide tant auprès des étudiants que lors des rencontres avec les bénévoles. Je participe au mieux de mes disponibilités aux réunions, repas et activités proposées par le CPU. Je suis un maillon dans une chaine de soutien. Je défends des valeurs universelles humaines de partage, d’ouverture.

De Philippe P.

J’ai déjà eu l’occasion de dire le plus essentiel de ce que m’apporte le CPU et que je m’efforce d’y apporter moi-même autour de la relation jeunes étudiants/bénévoles. Mais au fil des mois et des années, l’usage de la langue française qui en est la matière et le prétexte, est une découverte très enrichissante dans la mesure où nous devons le réfléchir. Par ailleurs, on y trouve des idées pour des activités hors CPU. Car il y a d’autres publics autour de nous (étrangers non-étudiants ou scolaires) pour qui un accompagnement de l’apprentissage de la langue française peut être bien utile.

De Sylviane

Je suis nouvelle bénévole. A titre personnel j’apporte au CPU l’envie d’aider à l’intégration des étudiants ayant traversé souvent bien des difficultés pour arriver chez nous, et qui souhaitent s’investir pour se développer en France. De ce fait, je suis prête à investir du temps moi aussi, et apporter à la structure et aux étudiants compétences, aide et bienveillance.

Le CPU m’a très bien accueillie, a renforcé mon envie, et m’a guidée sur la façon d’accompagner au mieux les étudiants. Pour l’instant, je n’ai pas encore participé aux activités autres que les cours, mais j’ai l’intention de le faire dans le futur. Je suis une femme, de nationalité française.

De Bernard D.

Le CPU m’enseigne l’altérité, la tempérance, l’accueil et le respect de l’autre, Il est en petit ce que pourrait être un monde meilleur.

Au-delà des cours et autres services, j’essaie d’apporter un regard et une écoute attentive aux étudiants et demandeurs d’asile.

D’Alice

Ce que me donne le CPU, ce sont des richesses humaines, par ces rencontres avec des êtres singuliers , chaque fois uniques, et avec le monde inconnu, lointain, qu’ils ouvrent devant moi.

C’est aussi une richesse intellectuelle , par tout ce qu’il a y à apprendre et découvrir dans leurs recherches et la rédaction de leur thèse.

C’est la qualité des rencontres et des échanges avec des bénévoles généreux, attentifs, ouverts aux autres, donnés ….

C’est encore le sentiment de faire fructifier mes « talents », du moins les connaissances et savoirs que j’ai acquis, plutôt que de les laisser en jachère Merci de permettre à chacun de nous de « faire ce qu’il sait faire » comme le disait Jean- Noël.

Voir la Charte de l’accompagnement 

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