J’ai eu la chance de vivre une grande partie de l’Assemblée mondiale de la CVX à Amiens depuis une place toute particulière, celle de bénévole. À partir du 7 août, mon service m’a amenée à passer beaucoup de temps dans l’auditorium, c’est-à-dire être témoin des moments où les délégués étaient tous réunis. Il pouvait s’agir de temps de prière, de temps d’enseignement et de consignes pour les moments suivants… ou bien sûr de temps de discernement. J’ai été marquée par la volonté de chaque personne présente de faire en sorte que les fruits de cette assemblée soient les plus nombreux et ajustés possibles. Parmi les organisateurs, les facilitateurs (Béatrice, Flavio et Sarah) avaient comme mission de guider le groupe tout au long de l’Assemblée mondiale sur le chemin du discernement au service de la CVX mondiale. Ils ont proposé aux délégués un cheminement en « U » (Théorie U) avec une première branche pour entrer en intériorité (s’ouvrir à soi, à ses réalités, au groupe) pour ensuite pouvoir s’ouvrir à Dieu et remonter avec la branche montante du « U » pour s’ouvrir au monde et au futur. Chaque étape pouvait se vivre de façons différentes : temps d’échange (à 2, 4, 8, regroupés par continent, par groupe de partage, en plénière) ; temps de silence (par exemple pendant la journée de retraite en silence) ; temps de prière…
Les délégués ont été amenés à discerner et à poser des choix à propos de sujets très différents. Il y a eu des choix financiers, l’élection de la nouvelle équipe (ExCo) mondiale et le document final avec des recommandations, choix qui s’appliquent jusqu’à la prochaine assemblée mondiale dans 5 ans ou bien plus longtemps (comme le DESE à l’Assemblée mondiale de Nairobi par exemple). Chaque étape a été l’occasion pour moi d’être témoin de la grande implication des délégués, de leur volonté d’avoir une parole juste et vraie. J’ai trouvé que la rédaction du document final était une mission particulièrement délicate. Il fallait trouver les sujets essentiels à nommer et la façon de les décrire. Il a été parfois difficile pour les délégués de savoir comment interpréter les écrits intermédiaires, à quel point ce sont des documents de travail intermédiaires, ou à quel point ce sont des documents proches du document final. Et il a aussi fallu un discernement particulier aux « scribes » (quatre délégués des continents suivants : Afrique, Océanie, Europe, Amérique) qui avaient pour mission de retranscrire les échanges et interpellations des délégués d’une façon fidèle, tout en faisant la différence entre quelque chose qui semble important à un délégué et son pays, et quelque chose d’important pour la communauté entière.
J’ai aussi été témoin d’un processus démocratique qui m’a impressionnée. Il aurait parfois été « raisonnable » de répondre à des sollicitations par un refus catégorique car la proposition demandait un gros travail (et du temps), ce qui aurait empiété sur d’autres choses importantes. Mais cela n’est pas ce que j’ai observé. A chaque fois on a laissé le choix au groupe de décider s’il souhaitait étudier la proposition, en expliquant les conséquences dans l’organisation que cela imposait.
Ces moments de discernement étaient portés par la liturgie et la musique. La présence d’une équipe de musiciens, en particulier pendant le vote de la nouvelle équipe ExCo mondiale, a permis le recueillement nécessaire. Chaque pays, quelle que soit la taille de sa communauté ou le nombre de délégués présents (entre 1 et 5), avait un vote. Un temps de prière et de réflexion commune était donné avant chaque vote pour que les délégués de chaque pays se mettent d’accord sur leur bulletin. Un beau geste de bénédiction mutuelle accompagnait l’assemblée depuis la journée de retraite en silence et un temps de prière avec le corps. Cette bénédiction était très présente pendant l’élection, bénédiction mutuelle entre l’assemblée et les élus.
Pour finir, tout ce travail de discernement a été accompagné pour des traductrices et des traducteurs, bénévoles parfois éloignés de la CVX, qui se sont grandement impliqués. Quel effort pour que les délégués puissent communiquer entre eux avec le moins de barrières possible ! Et une dernière pensée pour l’organisation de la technique (application mobile) qui a aussi grandement contribué à fluidifier les moments de vote.
Maintenant, à nous de goûter les fruits de ce discernement, par exemple en nous appropriant le document final !
Laurence, membre de la communauté Loiret-Beauce