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Les délégués à la découverte des réalités de CVX France

Une demi-journée des dix jours que comptait l’Assemblée était consacrée à faire découvrir aux délégués des 88 pays présents les réalités de la communauté France. Ils n’ont pas choisi leur atelier, ils ont visité deux groupes. Des membres des ateliers (Arts, Étrangers, Justice), la communion des ébranlés, une ancienne membre de l’ESCN 2018-2022 nous donne quelques échos de cette matinée d’ouverture à l’autre.

 

Pour l ‘Atelier Étrangers

Les quelques membres de l’Atelier Étrangers qui ont préparé ces rencontres du samedi 5 août 2023 à Amiens étaient unanimes : pour faire découvrir à des délégués de la CVX mondiale ce qui se vit en CVX en France  pour l’accueil des étrangers, proposons-leur l’expérience vivifiante vécue depuis des années dans cet atelier :

  • Partager en petits groupes leurs rencontres de personnes en situation de migration ;
  • Dans un deuxième tour, partager en quoi ces rencontres ont affecté leur foi et leur vie

J’ai eu la surprise, dans chacun des deux groupes anglophones que j’ai reçus, d’entendre revenir la même question : « Nous partagerons notre expérience de rencontre de personnes étrangères à notre pays, ou bien celle que nous-mêmes vivons comme personnes immigrées ? » 

Je me souviens particulièrement d’une femme qui avait fait une lecture en coréen au cours d’une précédente célébration eucharistique. Je suis allée la rencontrer pour essayer d’avoir des nouvelles d’autres membres de la CLC asiatique, qu’Hervé (mon mari) et moi avions rencontrés à Hong Kong et au Japon.

« Ah, m’a-t-elle dit, en fait je ne connais aucun compagnon asiatique ! Moi je suis américaine, et je vis aux USA. Oui, je parle coréen, ma famille est coréenne,  mais elle est arrivée aux USA quand j’étais enfant… ».

Et dans son petit groupe de partage, elle a confié avec simplicité et pas mal d’émotion aussi, combien cette situation lui avait été difficile pendant sa jeunesse. Devenue thérapeute, elle nous a dit que sa mission est maintenant d’aider d’autres personnes à faire des ponts entre leur culture d’origine et celle du pays où ils ont émigré…les USA en l’occurrence. « Créer des ponts », l’expression a eu beaucoup d’écho chez les autres participants, qui l’ont mise au cœur de leur composition collective.

C’était impressionnant aussi de constater que sans avoir choisi ce temps d’atelier, la quasi-totalité des délégués étaient eux-mêmes très impliqués dans les réalités des migrations ; et pourtant ils venaient de tous les continents !

Bernadette, membre de l’Atelier Étrangers

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Samedi matin, notre équipe de l’atelier étrangers s’affaire : comment disposer les tables ? avons-nous bien notre matériel ? en quelles langues parleront les délégués que nous accueillerons ? En moi montent en même temps la joie de la rencontre à vivre et l’appréhension qu’elle se passe bien… Déjà les premiers délégués arrivent et nous les invitons à se répartir en sous-groupes avec leurs interprètes. Un court temps de prière commun à tous nous met dans les pas d’Abraham : « quitte ton pays, ta famille, la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai… » (Gn 12, 1).

Dans chaque sous-groupe, les délégués sont ensuite invités à partager sur leurs expériences de rencontres de personnes étrangères à leurs pays, et en quoi ces rencontres ont affecté leur vie et leur foi. Nous, membres de l’équipe service, sommes touchés de percevoir que les migrations sont bien une réalité universelle, qui met en mouvement non seulement ceux qui voyagent, mais aussi toutes les personnes au cœur ouvert. Si diverses soient les situations au Vietnam ou aux Etats-Unis, au Congo ou en Espagne, ou ailleurs, Abraham vit aujourd’hui en ceux qui peinent et avancent, qui espèrent ou se désespèrent sur leurs chemins d’exil ; et Abraham vit aussi en chacun de ceux qui, sans être physiquement en route, vivent leur chemin intérieur de l’ignorance à la compassion, de l’aide à l’amitié, de l’impuissance à l’espérance vécue dans la foi nue.

Immersion proposée par l’atelier Étrangers lors de la JPO – Photo Armel Guillet

Nous avions proposé à nos délégués invités de terminer la rencontre par une composition collective (dessins, collage de photos, traits de couleur etc.) sur une grande feuille de papier : joie de voir les personnes passer de « qu’est-ce que je vais faire ? » à « qu’est-ce que l’autre a fait et comment je vais le relier avec ce que j’ai dessiné, collé… ? ». Et plus grande joie encore quand l’un des groupes a formé une ronde pour chanter et danser autour de leur œuvre achevée !

Geneviève Perret, Sœur auxiliatrice, Accompagnatrice spirituelle de l’Atelier Étrangers

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« Informations importantes concernant les finances de la communauté… » Vous vous souvenez ? C’était il y a cinq ans déjà.

Lorsque Catherine a commencé à préparer la demi-journée immersion pour les délégués à l’Assemblée mondiale, elle a pensé que c’était intéressant pour eux de découvrir comment la communauté en France avait traversé cette situation

Comme Eric, ancien trésorier national et acteur majeur du travail lors de cette période, ne pouvait pas être présent à l’Assemblée mondiale, nous avons imaginé proposer aux délégués à Amiens une présentation en deux temps : une vidéo dans laquelle notre ancien trésorier national, Eric Weisman nous parlait de la situation, puis un témoignage de ma part, sur la façon dont j’avais vécu cette période en tant que membre de l’équipe nationale.

Le 5 août, j’ai donc eu l’occasion de rencontrer deux groupes de délégués : le premier groupe, à majorité anglophone, venait de pays très variés ; ils ont été intéressés par la découverte de la situation, les moyens mis en œuvre pour y remédier. Les échanges ont été très riches, sur les modalités des contributions en France, sur la possibilité de parler d’argent en CL, sur les niveaux de vie des compagnons …  J’ai été frappée par l’affirmation d’un délégué d’Angleterre, qui pensait que leur communauté était tellement riche, qu’une telle situation ne pourrait jamais leur arriver… (écho à des paroles anciennes en CVX).

Lors de l’évaluation avec ce groupe j’ai beaucoup entendu le mot transparence : attitude recherchée en France lors de la crise et transparence dans la présentation à l’Assemblée.

Le deuxième groupe était plus petit, et réunissait des délégués francophones d’Afrique plus Pascale, notre responsable nationale actuelle. Pascale a ainsi pu témoigner de la façon dont, comme « membre de base », elle avait vécu la situation. Les délégués présents étaient souvent dans la phase de construction d’une jeune communauté nationale, en train d’envisager de sortir de la « protection financière » des Jésuites, à la recherche de ressources propres. Ils ont été intéressés par la découverte des principe de gestion de la question financière en France.

Au service tout au long de l’Assemblée mondiale, et avec peu de temps pour des rencontres avec les délégués, j’ai goûté cette occasion d’échange.

Christine, membre de l’équipe service de la communauté nationale (ESCN) 2018-2022

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Pour l ‘Atelier Justice

Pour la matinée d’immersion du samedi 5 août, les délégués à l’Assemblée Mondiale étaient invités à découvrir les réalités de la CVX France. Ils ont été une quarantaine à se succéder en deux groupes accueillis pendant une heure chacun par les trois représentants de l’Atelier Justice présents. L’ambiance est studieuse et le public attentif pour suivre, avec traduction en simultanée en anglais, puis en espagnol, les témoignages enregistrés des engagements de trois autres compagnons de l’atelier. Connectés sur le site intranet.cvxfrance.com, nous avons également pu accéder aux publications en ligne de l’atelier, notamment la prière mensuelle. Un certain nombre de thèmes abordés en sessions nationales depuis la naissance de l’atelier en 1997 ont été recensés sur un panneau, comme : « justice des hommes, justice de Dieu »; « il parlait avec autorité »; « faim et soif de justice »…

Est venu ensuite le feu des questions pour répondre à des interrogations autant spirituelles que pratiques : quelle place l’atelier a-t-il dans l’institution judiciaire française ? Comment se fait-il connaître en milieu laïc ? Comment ses rencontres s’agencent-elles avec celles des communautés locales et des régions de la CVX ?… Du fond de nos expériences de terrain, nos réponses à plusieurs voix se complètent bien, même si, à trois juges, nous ne représentons guère la diversité de l’atelier. Une exclamation a jailli de l’un de nos deux auditoires, au sujet de la difficulté à transposer, dans des pays si nombreux à subir la corruption de l’État, la symbiose professionnelle dont l’atelier jouit en France, mêlant agents de l’État et acteurs privés. La CVX n’aurait-elle pas précisément une place à trouver dans la lutte contre la corruption, comme lieu de résistance spirituelle et peut-être aussi politique ?

Marc-Emmanuel Gounot, responsable de l’Atelier Justice

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Pour l’Atelier Arts

Cette matinée du 5 août, parmi la fourmilière de la Providence, je me suis senti un peu seul dans ma petite salle, pour présenter aux délégués l’atelier Arts de CVX France. Comment faire découvrir, en quelques mots simples, facilement traduisibles, en anglais ou en espagnol, ce qu’est cet atelier ? Mon choix a été de faire vivre aux participants, une petite vingtaine pour chaque groupe, ce que nous vivons lors des rencontres de l’atelier Arts. J’avais apporté deux œuvres, dont j’ai raconté la genèse, une aquarelle et une sculpture sur le même thème. Puis j’ai laissé la parole au groupe en demandant à ceux ou celles qui le voulaient de me dire comment ils ou elles recevaient ces œuvres et la présentation que j’en avais faite. Ce qui m’a étonné et réjoui, c’est la bienveillance et l’intérêt de tous, alors que l’art n’était pas forcément le choix qu’ils auraient fait librement.

Ce qui a été exprimé sur la relation entre les deux « personnages » donnés à voir (un gros bison et un petit oiseau) m’a montré combien le groupe est entré dans la proposition, et m’a personnellement enrichi, de sorte que je ne regarde plus ce tableau et cette sculpture du même œil. Ils sont désormais définitivement liés à cette rencontre. Ce qui m’a touché aussi est la présence dans les groupes que j’ai reçus, du jésuite qui célébrait la messe la veille au soir, de notre assistant national Hervé, et puis, revoyant plus tard certains participants, de sentir comme une connivence d’avoir vécu cela ensemble. Sentiment d’appartenir à une communauté.

Jean, membre de l’Atelier Arts


Pour la communion des ébranlés

Quel temps de partage incroyable !

Notre aventure a commencé dès ce début d’année. Nous, Communion des ébranlés toute petite et naissante, nous étions invités à présenter notre projet et l’expérience des 5 années passées aux délégués mondiaux de l’Assemblée mondiale ! Pour moi ce fut un appel incroyable qui dépassait tellement notre intuition modeste, qui balbutie encore, qui était avec Vianney, Isabelle et Claire, tous de CVX, de chercher comment partager avec d’autres personnes malades ou en situation de handicap combien la spiritualité ignatienne nous aidait au quotidien à vivre la maladie et à choisir la vie.

Avec Jean Paul, également malade et Bernadette du Nord nous avons relevé ce pari de témoigner et de partager avec les délégués mondiaux.

Peu de temps après nous étions appelés à partager le lendemain lors des journées portes ouvertes et même de nous dupliquer afin d’animer deux ateliers l’un en ville avec les plus vaillants d’entre nous et l’autre à la Providence pour les plus fragiles ! C’est de plus en plus fou !!! Fragiles vous avez dit fragiles ???

Alors oui pour résumer en quelques mots ce que nous avons vécu, c’est saint Paul qui nous donne les mots « c’est quand je suis fragile, faible que je suis fort ! »

Quel honneur et quelle émotion que de partager notre proposition, élaborée à nous quatre, ceux du Nord, Isabelle et moi lors de plusieurs réunions zoom pour nous accorder sur le contenu d’un diaporama commun et l’élaboration de notre animation.

Les semaines qui ont précédé le 5 août ont été consacrées aux traductions en anglais et espagnol du diaporama et de nos textes avec l’aide de Maria-Lina et Max et des enfants de Lucie ; Lucie qui chemine avec le projet de la communion des ébranlés depuis sa naissance. Merci à eux !

Le samedi nous avons accueilli deux groupes, le premier en espagnol avec l’aide (indispensable !!!) de Giorgina qui nous a partagé combien le groupe des traducteurs avaient hésité et échangé pour trouver la meilleure traduction du mots « ébranlés ». Nous découvrions avec elle que le mot « ébranlé » pour être traduit était ouvert à plusieurs interprétations, et cela nous convenait bien ! Sortir de l’enfermement est déjà guérir un peu !!!

Donc premier groupe en espagnol et en français avec des représentants de l’Amérique latine et du Canada francophone. Second groupe avec l’Afrique francophone. Le lendemain ouverture à l’Europe et la France.

Nous commencions par le chant Bless the Lord, my soul, de Taizé, puis un tour des prénoms et pays d’origine. Quelle émotion ! En 20 mn présentation du diaporama (traduit) puis questions/réponses. Dans ce temps plusieurs interpellations nous ont été faites et parfois se sont répétées : la question des personnes vieillissantes de la CVX, la question de la maladie psychique et celle des trauma. Nous portons maintenant ces questions sans vouloir tout assumer et pouvoir directement y répondre mais comme des interpellations fortes qui peuvent peut-être à leur manière reprendre à leur compte nos propositions. C’est à murir et à porter dans la prière.

Le temps d’interpellation passé, Isabelle avait proposé lors de nos préparations de faire vivre un partage autour d’un extrait de mon dernier ouvrage (Traverser l’épreuve de la maladie, Ed. jésuites) le texte de « choisir la vie », en écho au Deutéronome 30, verset 19. Les compagnons sont donc partis 2 à 2 pendant 10 mn pour lire et partager sur ce texte traduit lui aussi en espagnol et en anglais.

Le retour en grand groupe était celui de mots partagés et vécus comme le recueil de ce qui fut bon, puis nous avons lu un extrait du « Principe et fondement », en guise de conclusion.

Nous avons pu relever « cela sonne juste », « merci pour votre sagesse », « nous accompagner dans la fragilité », « en germination », « dans l’espérance », « des moments sombres et la communion, l’amour changent tout », « on n’est pas que malade », « trouver la force en Dieu », « gratitude ».

Des partages riches, des questions parfois très concrètes tant sur le « comment faites-vous » que sur les attentes et l’écho faits de l’écoute de notre partage dans des communautés très lointaines. Certains de mes livres sont partis au Mexique, au Canada, en Asie, en Belgique. Point n’est besoin de dire combien était grande mon émotion et mon action de grâce.

Tout cela était tellement plus grand que nous que je ne pouvais que le remettre dans les mains de Celui qui nous soutient et nous accompagne dans ce projet fou de « choisir la vie » chaque matin chaque soir même quand la maladie est là ou s’aggrave ou quand la fin de vie s’annonce.

Merci Seigneur, merci de nous inviter à sortir de nos enfermements de façon si forte, merci à l’équipe Phileas qui a préparé et coordonné l’Assemblée, merci à tous les délégués mondiaux qui ont parfois franchis des obstacles inimaginables pour pouvoir venir, merci à la CVX, mercis à tous celles et ceux qui font partie de la Communion des ébranlés.

Et Merci à Edith et Etienne qui nous accueillies si chaleureusement chez eux, attentifs à toutes les petites choses qui pouvaient m’aider, des échanges très riches si faciles, Merci !

Marie-Hélène
En savoir plus sur la communion des ébranlés : https://intranet.cvxfrance.com/2018/10/19/la-communion-des-ebranles/

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Pour l’Atelier Étrangers

Nous en parlions depuis longtemps de cette fameuse journée qui nous a mis parfois « la rate au court bouillon » ! Mais le samedi 5, nous étions prêts, tous les cinq représentants de l’atelier « étrangers » de la CVX France. Pour ma part demeurait une grosse appréhension : comment allais-je me faire comprendre des délégués alors que je balbutie quelques mots d’anglais et suis muette en espagnol et surtout comment vais-je comprendre leur partage ? Comment se passera la rencontre ? Et bien j’ai reçu ce matin-là de magnifiques cadeaux sous forme de sourires. Le sourire est un langage du cœur, je l’avais oublié dans mes angoisses. J’en ai reçu de quoi remplir une hotte, sourire des yeux, sourire de la bouche, des visages qui s’illuminent. Nous nous sommes reconnus mutuellement. Le mauvais esprit était loin, ne restait que l’action de grâce pour cette journée et ses rencontres.

Nadette, membre de l’Atelier Étrangers

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