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Vacances vertes : et si on partait à pied et de chez nous ?

Le compost de l’abri des pèlerins

Nous habitons sur la Via Arverna qui mène à Saint-Jacques de Compostelle en passant de Clermont-Ferrand à Cahors où elle rejoint le chemin des pèlerins partis du Puy-en-Velay. Et depuis ce printemps avec la paroisse, nous avons restauré un ancien abri d’urgence et son jardin en abri de marcheurs dans une optique d’attention à la nature et aux ressources, mais nous n’avions pas encore suivi la piste qui passe pourtant devant chez nous…

Le chemin va dans une direction que je connais bien, car par la route elle se dirige vers Aurillac où je vais travailler de temps en temps. 80 kilomètres en voiture pour 1h15 de trajet. Quand on travaille, c’est une distance qu’on voudrait toujours plus courte. Et même si nous avons choisi de nous déplacer pour raisons climatiques qu’à 80km/h maximum au quotidien (110 sur autoroute), il n’empêche que nous sommes conscients que le rapport espace/temps est faussé par les machines. Alors l’idée de prendre cette direction à pied, tout en expérimentant le chemin des pèlerins que nous hébergeons, en cohérence avec nos aspirations écologiques, nous a très vite tentés. Ce sera environ 120km en 6 jours par étape de 15 à 30 km. Ce seront nos vacances.

Départ donc de la maison avec un sac à dos allégé à l’essentiel (5 kilos pour moi) et 2 bâtons. Nous sommes hébergés en gite, chez l’habitant ou en hôtel selon les possibilités.

Première découverte : la quadrupédie ! Je n’avais jamais utilisé les bâtons de marche que j’imaginais assez inutiles sauf d’avoir besoin d’une canne médicale. Mais voilà que mon corps me signale qu’il apprécie beaucoup ce nouvel équilibre. Les pieds retrouvent des alliés, ceux que préhistoriquement et dans l’enfance nous avions, sans doute. Peu de fatigue et un élan retrouvé.

Deuxième découverte, attendue : des paysages renouvelés. Je n’avais jamais remarqué telle croix de carrefour ou tel point de vue alors même que le chemin croise parfois ma route de travail. Ou, au contraire, je m’étais toujours demandé comment on pouvait rejoindre cette chapelle visible sur ma route, et la voici.

A la vitesse des pieds, on peut rencontrer les gens. Ici, un inconnu nous offre à boire sans que nous lui demandions… mais cet hôte ne l’est plus rapidement car évidemment, nous avons des connaissances communes. Là, un touriste nous identifie comme pèlerins de Saint-Jacques et nous parle de son envie de partir. Les habitants qui pratiquent l’accueil jacquaire ont le contact facile. La relation est rapide, directe, sans détour. On a l’impression de gagner du temps… dans l’amitié. Tiens, n’est-ce pas là, les promesses des autoroutes, habituellement ?

Enfin, il y a les aléas de la météo qui nous trempent de la tête aux pieds durant une journée en altitude. Je marche sur l’eau… dans mes chaussures ! Cet été sera pourtant le plus chaud jamais connu à échelle de l’humanité, alors, on apprécie cette eau venue du ciel. Cette étape nous rappelle que notre déplacement n’est pas contraint, nous avons la chance de ne pas être des migrants : le soir nous sommes attendus et l’on nous offre séchoir et papier journal, deux autres alliés des marcheurs.

Notre semaine à pied nous aura remis en relation. Relation à Dieu par saint Jacques présent dans de nombreuses sculptures et vitraux, à soi par le corps et ses sensations, aux autres par les rencontres avec du temps, à la nature qui se dévoile dans son espace… Notre semaine nous aura remis sur pied dans une écologie intégrale !

Découvrir le paysage d’un nouveau point de vue
S’adapter aux aléas
Au fond de la vallée, la nationale
Donner du temps au temps sur la route