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Opération “Cent pour un” – Philippe Demeestère

À Calais, tandis que l’ancienne « Grande Jungle » est officiellement devenue une aire de repos pour les oiseaux migrateurs, nous sommes nombreux, citoyens solidaires, associatifs, à proposer des hébergements aux personnes exilées qui, souvent, n’ont pas trouvé de lieu où se poser depuis des mois, voire des années. Un point commun aux différents formats d’hospitalité proposés : l’accueil ne se résume pas à la fourniture du gîte et du couvert: il s’accompagne d’une mise en réseau qui permet aussi bien de bénéficier d’une assistance juridique, que de participer à une vie communautaire. L’identité générique : « personne exilée » -, y cède le pas à une reconnaissance personnelle.

L’association Écarts, adossée au projet du Secours Catholique local, s’emploie ainsi à animer deux, puis bientôt trois lieux de vie. Concrètement, mon domicile abrite 10 à 12 personnes exilées, pour des périodes allant de quelques semaines à deux ans. Parallèlement, l’association « Écarts » que je préside, prend en charge les travaux de restauration d’un ancien Presbytère calaisien qui pourra, lui aussi, accueillir une douzaine de personnes exilées, sans compter les bénévoles en charge de la maison. Et c’est encore « Écarts » qui loue, à la Paroisse, à partir de ce mois de Janvier 2022, une petite maison de ville où trouveront un hébergement 8 à 10 personnes, mineurs non accompagnés

C’est pour cette dernière maison, appelée « la crèche » que nous avons imaginé un financement du type « cent pour un ». Le loyer et charges s’élève à 600 €. Je fais appel à tous les amis qui le peuvent, pour qu’ils versent mensuellement, à cet effet, sur le compte de l’association, une somme de 10 à 20 €. Chaque année, un reçu fiscal sera établi pour les contributions.

Participer financièrement en cliquant-ici

Question pertinente : pourquoi se hasarder à prendre cette charge de loyer, sans être assuré de pouvoir l’assumer ?

Parce que la préoccupation première est d’enraciner au cœur du tissu urbain les personnes exilées que les pouvoirs publics s’emploient à invisibiliser, en les refoulant aux périphéries.

Nécessité fait loi : il y a un patrimoine immobilier ecclésial à ne pas laisser se perdre, à valoriser en le mettant au service de ceux qui sont sans toit. L’argent, pour être indispensable, demeure second.

 

Post-scriptum : À Calais, s’additionnent, pour les personnes exilées, plusieurs contraintes de déplacement :

Prioritairement, il y a celle qui les pousse en avant, vers les rivages de la Grande- Bretagne. Obsessionnellement ; c’est la condition de la réussite.

Ensuite, il y a, d’une part, les allers-retours répétés entre les différents lieux- ressources où ils peuvent se procurer nourriture, vêtements, toilettes, sanitaires, possibilité de recharge des téléphones, etc. ; d’autre part, il y a l’impératif auquel les forces de l’ordre les soumettent : « décamper », toutes les 48 heures, des terrains sur lesquels ils stationnent pour cuisiner, faire la lessive, dormir.

Et puis, encore, il y a la course aux informations dans un paysage administratif, réglementaire et humain, lui-même constamment changeant.

C’est ainsi que particuliers et associations humanitaires s’emploient, localement, à multiplier les sites où les personnes peuvent se poser, trouver un temps de répit.

De tels lieux sont indispensables, afin que les corps et les esprits puissent se refaire dans un environnement sécurisé.

Il s’agit de permettre aux individus de retrouver le recul nécessaire pour faire le point sur leur situation juridique, réévaluer la pertinence de leurs choix, s’assurer que des propositions d’hébergement les accompagneront s’ils décident d’engager un parcours de demande d’asile en France.

 

Fraternellement vôtre,

Philippe Demeestère