Il y a 2 ans déjà ; en février 2020, la CVX France a répondu avec joie à l’appel du Conseil exécutif mondial en vue de parrainer la CVX Centrafricaine.
Des contacts ont été pris par zoom et par mails mais le CoVid a provoqué à 2 reprises le report de la rencontre sur place.
Brigitte Jeanjean, notre responsable nationale, et Hervé Le Houérou sj, notre assistant national, ont enfin pu se rendre en RCA ces dernières semaines.
Découvrez quelques échos de leur voyage.
« Venez et voyez »
C’est avec ces paroles que je suis partie en Centrafrique, avec notre assistant national Hervé Le Houérou.
Nous, CVX France, avons accepté de parrainer la CVX Centrafricaine pour qu’elle entre dans la Communauté Mondiale. Quelques visioconférences ne nous ont pas permis de nous connaître (ESCN et ExCo Centrafrique) et de nous comprendre. Après des faux-départs liés aux Covid et aux « évènements » qui ont accompagné les élections présidentielles centrafricaines, nous partons. Nous partons comme le Christ envoie ses disciples (Lc 9, 3-4) : « ne prenez rien pour le voyage, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent… Quand vous serez reçus dans une maison, restez-y…»
Je ne m’arrête pas sur leur accueil, les premières rencontres où la parole se libère difficilement. Mais sur la halte spirituelle que nous avions proposée en fin de semaine. Après avoir réajusté plusieurs fois les horaires, nous la commençons le vendredi en fin d’après-midi chez les dominicains. 15 jours avant, 5 personnes étaient inscrites : le noyau des membres de l’ExCo, puis à notre arrivée 15 personnes et la semaine avançant, 18 inscrits sont prévus. En fait, le vendredi soir, nous étions 24 avec leur assistant national, dont 21 retraitants. L’intendance s’est adaptée sans que nous en entendions parler : chacun a dormi dans un lit et mangé… à satiété. C’est Fatima, un des membres du bureau de l’ExCo qui faisait livrer les repas de chez elle.
Nous avons alterné les temps de prière et les relectures de ces temps, les prières en groupe et personnelles, la messe, les accompagnements personnels, les confessions, en silence jusqu’au dimanche matin. La messe du dimanche était prévue dans la paroisse des jésuites pour faire participer les paroissiens à ce temps fort. Et le déjeuner, convivial, toujours chez Fatima devait clôturer la halte. Nous avons pu prévoir un temps de relecture personnelle puis en groupe entre ces 2 temps.
Mais ce qui est remarquable, c’est comment cette halte a modifié nos rapports. Nous n’étions plus les visiteurs et les visités mais les fils du Père rassemblés autour du Christ. Nous sommes devenus frères, sans barrière et sans à priori. Nous avons pu nous voir et nous écouter et enfin … nous comprendre. Entendre les avis des uns et des autres sans jugement d’aucune part et, au cours des jours qui ont suivi, construire ensemble un projet. La joie profonde, la joie de Dieu, ressentie le samedi et le dimanche s’est déployée dans nos échanges et leur familiarité. De là, nous avons aussi partagé des moments de vie avec les uns ou les autres, chez les uns ou les autres.
Que dire aujourd’hui si ce n’est rendre grâce à Dieu pour cette fraternité nouvelle et cette joie du partage, joie de la découverte, de goûter profondément la saveur de ces mots : en union de prière et en amitié dans le Christ.
Ad Majorem Dei Gloriam
Le voyage en Centrafrique m’a confirmé que le projet de parrainage nécessitait la rencontre « en vrai », c’est-à-dire la rencontre sur le terrain d’un pays et de personnes. Désormais pour moi la Centrafrique ce sont des visages, des histoires personnelles et collectives et ça change tout. Ca reste aussi le choc de me trouver pour la première fois dans un pays blessé qui laisse peu apparaître de signes de progrès. Curieusement, j’avais les images bien en tête, celles livrées par les reportages de télévision : pauvreté, routes de latérite, micro-commerces à tous les coins de rue, enfants en uniformes scolaires etc… mais pas le robinet sans eau courante, l’électricité incertaine, coupée alors que le jour n’est pas complètement levé, l’impossibilité de marcher dans la rue sans accompagnement, l’interdiction d’approcher de certains quartiers et la « brume » omniprésente faite de poussière et de fumée qui certains jours voile un ciel pourtant sans nuage.
Parmi beaucoup d’autres, 3 mots repères : résilience, confiance, reconnaissance
Résilience : La situation demeure précaire. Les événements d’hier et les menaces d’aujourd’hui sont imprimés dans tous les cœurs (le dernier check-point en ville a été levé 15 jours avant notre arrivée, le couvre-feu est toujours en vigueur entre 22h et 5h, des paramilitaires à moto avec kalachnikov dans le dos rappellent que la situation n’est pas si calme) et pourtant nous rencontrons des hommes et des femmes debout, actifs, généreux, portant une identité forte. Une des expériences la plus marquantes pour moi a été les chants lors des messes ou lors de la récollection, en particulier les passages du cantique français au chant en sango. A chaque fois, les postures et les voix changeaient, se déployaient et donnaient à voir et à entendre une dimension cachée et pleine de ressources de ceux que je m’imaginais déjà connaître un peu.
Confiance : L’enjeu du voyage me semble s’être situé du côté de la confiance, une confiance en eux à trouver, peut-être à semer et à entretenir. Il m’est apparu que les compagnons rencontrés ont entre les mains le nécessaire pour développer la CVX en Centrafrique. Pourtant, pour eux, la tentation est de croire qu’il leur manque l’essentiel et que seule la formation venue de France peut pallier un déficit de connaissances et d’expérience. L’objectif me semble être de former des formateurs, de faire prendre conscience à quelques-uns que leurs vingt années de cheminement CVX, leurs engagements divers et leur connaissance de terrain sont la base sur laquelle ils peuvent s’appuyer.
Reconnaissance : Les compagnons centrafricains ont besoin qu’on leur signifie qu’ils existent. Notre venue à Bangui a déjà en elle-même valeur de reconnaissance. Ils nous ont dit qu’elle les « boostait ». L’intégration dans la CVX mondiale sera un tremplin.
Seigneur, me voici devant toi. Tu m’envoies vers mes frères de Centrafrique pour les écouter et entendre leur désir. Donne-moi ton regard et ton oreille pour être au plus près de toi, au plus près de tes enfants.
Seigneur, à ton appel nous voici réunis devant toi : la CVX de France et celle de la RCA.
Donne-nous de vivre en parfaite symbiose afin de profiter de chaque signe que tu nous donnes à travers nos échanges.
Merci Seigneur pour cette rencontre, merci pour ta présence au cœur de nos vies et au cœur de nos échanges. Elle m’a donné de connaître des frères et sœurs qui te gardent au cœur d’eux-mêmes, au cœur de leur vie. Ta confiance, ton espérance, ton élan de vie les habitent. Malgré les guerres, qu’ils nomment pudiquement « les évènements », ils m’apprennent la résilience et le combat pour la paix, cette évidence qui les conduit.
Merci pour cette Communauté qui s’ouvre à la vie, au dynamisme de la croissance, à la confiance que tu leur offres, confiance en leurs capacités de faire croitre leur communauté, de croitre spirituellement, de gagner en autonomie et que tu confirmes dans sa mission.
Merci pour chacune de ces compagnes, chacun de ces compagnons dont tu m’as permis l’amitié, amitié et amour en toi, mais aussi amitié entre nous … en ton nom.
Merci pour leurs accompagnateurs jésuites, et leur assistant national qui m’a accompagné sur ce chemin d’espoir, tourné vers l’avenir et ta joie profonde
Notre Père, alors que nous ne sommes qu’une communauté en gestation dans la grande famille CVX, tu t’es penché sur la RCA en envoyant ta lumière dans les personnes de Brigitte et du père Hervé confirmant ainsi que tu es et demeure le bon berger. Celui qui nous connait personnellement et prend soin de tous et de chacun.
Merci pour Brigitte et père Hervé qui sont comme la main que tu tendais à Pierre alors qu’il coulait.
Tant de remerciements restent inexprimés à l’issue de cette expérience.
Merci à toi Notre Bon Berger
Pardon pour nos distractions qui nous font souvent passer à côté de l’essentiel que tu nous communiques dans le silence de nos cœurs.
Pardon pour mes aveuglements, ma lenteur à comprendre, voir, entendre. Pardon pour tout ce que toi et eux m’ont donné à voir et qui m’a échappé.
Seigneur,
Je poursuis la route de l’incorporation dans la Communauté Mondiale, heureux que tes compagnons centrafricains soient animés par ton désir de paix. Je suis témoin que par leur fraternité vivante ils sont signes de ton amour et que ta confiance les porte à faire grandir le charisme de la CVX. Je te rends grâce pour les promesses d’avenir.