En ce début d’année 2020, et comme chaque année dans notre région CVX (Charentes-Périgord), une part importante de l’énergie de notre petite ESCR (2 membres plus l’assistante) est consacrée à l’organisation de notre week-end régional. A la suite de notre traditionnelle journée de rentrée, qui nous avait invités à creuser notre désir spirituel, nous choisissons de proposer à la communauté régionale de se mettre en route, à la suite d’Abraham.
Tout cela était planifié pour la fin mars, Nous n’imaginions pas, bien-sûr, que les contraintes sanitaires qui commençaient à se profiler à l’autre bout de la planète pourraient venir bouleverser nos projets. Je dois avouer que nous étions mêmes assez fiers, en ce début mars, de constater que nos préparatifs étaient joliment avancés : les témoignages sollicités avaient été acceptés, les services répartis entre tous, les contingences matérielles réglées et nos compagnons s’inscrivaient.
L’ombre du coronavirus, cependant, montait dangereusement et, entre nous 3, les interrogations se faisaient plus précises. Jusqu’à ce 11 mars où nous apprenons que l’une de nos compagnes vient d’être diagnostiquée positive au Covid19. Il est alors évident que nous devons annuler la rencontre programmée. A peine avons-nous le temps de trouver les mots pour informer l’ensemble de la communauté régionale de notre décision que notre pays se confine.
Très vite également, nous décidons de reprogrammer cette rencontre (déjà pratiquement toute prête) au week-end des 14 et 15 novembre. Les lieux sont réservés et les compagnons informés.
Le printemps et l’été passent, l’ESCR a la joie de compter une nouvelle membre, cooptée ! Voilà une aide providentielle pour continuer notre mission pour la Communauté régionale. L’automne arrive et nous peaufinons notre programme, ajustant quelques détails ici, appelant là des personnes pour remplacer celles qui ne sont plus disponibles. Peu après avoir relancé les inscriptions, nous nous apercevons que notre rassemblement ne va pas pouvoir avoir lieu tel que prévu : il est à ce moment, dans notre région, pratiquement interdit de se regrouper. Qu’à cela ne tienne, nous choisissons de réduire la rencontre à une journée et de la « décentraliser » en 5 lieux : La Rochelle, Saintes, Royan, Angoulême et Bergerac. Dans chacune de ces villes il est proposé aux compagnons de se rendre à une même messe le dimanche matin, et, après un repas pris personnellement ou en petits groupes, de se retrouver en communauté de journée pour prier et partager autour de notre thème : Abraham, quitte ton pays et va vers le pays que je te montrerai. Les témoignages prévus seront enregistrés par vidéo et transmis par Internet pour que chaque communauté de journée puisse les visionner ensemble.
Nos plans sont malheureusement de nouveau contrecarrés par le reconfinement décrété en cette fin octobre. Il nous faut, à nouveau, nous laisser déplacer. Que faire ? Nous hésitons longuement. Si nous 4 en ESCR, avons bien pris l’habitude de nous rencontrer par visio (nous le faisions déjà une fois sur deux en temps normal), que va-t-il en être pour nos compagnons ? Pouvons-nous remettre une fois de plus notre rencontre à des jours meilleurs ?
La décision est finalement prise d’organiser une rencontre d’une demi-journée à distance. Quinze jours avant la date, nous interrogeons l’ensemble des membres de la communauté régionale sur les modalités pratiques de cette rencontre en leur posant une double question : avec quel outil vous sentez-vous à l’aise et seriez-vous, éventuellement, prêts à animer une réunion avec cet outil ?
Les réponses arrivent rapidement et au bout de huit jours l’ESCR est en mesure de constituer ces communautés de journée autour de l’outil privilégié par chacun. Le week-end précédent et la dernière semaine sont intenses en préparatifs : tout est prêt dans nos têtes, mais il faut maintenant formaliser tout cela :enregistrer les vidéos, les passer sous Youtube, appeler les animateurs et leur détailler le déroulement prévu, et envoyer à chacun la composition précise des communautés de journée (ainsi que les adresses électroniques et les numéros de téléphone de chacun, car le fichier Tobie n’est pas encore utilisé par tous). Il faut aussi revoir une dernière fois les documents nécessaires au déroulement de l’après-midi car les organisateurs ne seront pas là pour guider en direct les participants, tout cela en rassurant ceux qui s’inquiètent de ne pas avoir reçu tout une semaine à l’avance….
Le jour J, l’après-midi se déroule plutôt sereinement, malgré quelques difficultés techniques, somme toute limitées. Après avoir regardé une vidéo d’une demi-heure où le responsable et l’assistante présentent la rencontre ainsi que deux témoignages sur le thème du déplacement (qui tombait à pic !), les compagnons se rejoignent pour partager, sur un mode proche des réunions en communautés locales. Cinq d’entre elles se rassemblent autour d’une application de visio conférence et une par conférence téléphonique.
Voici un toute petit échantillon des évaluations reçues à l’issue de cette expérience :
« Heureux d’avoir vécu la dimension régionale malgré le confinement. »
« Quelques inquiétudes pour la connexion et en raison de l’isolement chez moi mais très soulagé et touché par l’effort fourni par l’ESCR pour maintenir un lien. Grande confiance dans capacité de la CVX à s’adapter. »
« Heureuse de partager avec des compagnons « d’ailleurs »»
« Des partages libres et authentiques alors que j’étais arrivée avec des semelles de plomb »
Quelle joie, de prendre connaissance, à l’issue de cette après-midi un peu particulière, des évaluations pleines de reconnaissance de la petite cinquantaine de participants ! En effet, presque la moitié de la communauté a assisté à cette après-midi, c’est-à-dire à peu près autant qu’à nos rencontres régionales habituelles. Les personnes qui ne seraient pas venues pour des raisons d’éloignement ou de santé ayant compensé celles qui n’ont pas osé tenter l’expérience de ces rencontres à distance.
Il n’est pas impossible que nous tentions de nouveau, même sans contrainte sanitaire, ce type de rencontre. Des choses nous semblent déjà à améliorer : anticiper davantage, être plus rigoureux dans le suivi des inscriptions, prévoir un temps de regroupement de tous les participants en grand groupe…
C’est ainsi que malgré, ou plutôt grâce à nos écrans la communauté se construit.
La vidéo diffusée à l’occasion de cette rencontre à distance.