Flore : Avec mon mari nous avons quitté Toulouse début septembre 2020 pour venir vivre à Arvieu, petite commune dynamique de l’Aveyron. Nous louons une maison sur la place du village, nous sommes au cœur des va-et-vient des habitants qui viennent visiter les commerces, se rendent à la médiathèque ou au bureau de poste. Les premières semaines malgré le confinement je découvre plein de visages (voisins historiques, nouveaux arrivants, commerçants); et puis un jour, en allant retirer mon panier de légumes dans un local associatif, je fais la rencontre de Pauline, Laurent et leur petite Zélie, ils viennent de débarquer – ou plutôt d’embarquer dans la vie de village ! Ils connaissent déjà plein de personnes, bouillonnent d’envies et d’idées comme moi.
Nous réalisons avec Pauline que nous avons déjà travaillé ensemble pour des actions de communication pour la CVX au niveau national, quel très heureux “hasard” ? Petit clin Dieu qui va rebooster ma Foi. Début décembre, nous entrons dans l’Avent et sommes toujours confinés. Pauline me propose d’organiser avec elle une collecte de jouets et de Boîtes de Noël pour des personnes démunies. Super partante je m’occupe de l’affiche pour les Boîtes de Noël, elle recherche un partenaire pour récolter et distribuer notre collecte. Le tout se fait en coordination avec l’animatrice du Pôle culturel du village et avec les institutrices de l’école qui avaient déjà prévu la collecte de jouets … des liens avec le village commencent à se tisser.
Un article dans la presse locale et une interview à la radio plus tard (Pauline est journaliste ça aide !), les boîtes commencent à arriver chez nous car nos maisons respectives sont “Point de collecte”. Au total nous avons apporté 54 cadeaux confectionnés avec amour par des habitants des villages alentours. Les personnes rencontrées étaient heureuses, j’ai senti que cela leur faisait du bien de participer à une action de solidarité en cette période. En ce qui me concerne je dirais que ce sont du temps et de la créativité que j’ai offert au Seigneur, par cette petite action j’ai rencontré de nouvelles personnes qui elles-mêmes ont pu participer à la venue de Jésus en donnant un peu d’amour à un inconnu.
Pauline : Fin octobre, mon mari, ma fille et moi arrivons à Arvieu, village repéré pour son goût du collaboratif et sa politique d’accueil des nouveaux arrivants. 80 personnes du village sont investies dans le projet d’accueil Arvieu 2015-2020. Nous avons senti qu’il y avait du potentiel pour nous qui rêvions de projets collaboratifs et de vie en pleine nature. Ayant travaillé cinq ans avec un Aveyronnais que beaucoup d’entre vous reconnaitrons, je partais confiante. Quelques jours après notre emménagement, nous rencontrons Flore au local où nous allons chercher notre “panier producteurs”. La citadine que je suis trouve cela tellement étonnant que tout soit en accès libre, sans personne pour surveiller que je m’en ouvre à elle et entame ainsi la conversation. Flore étant très chaleureuse, nous discutons facilement. S’en suit un échange de sms et Flore découvre que nous nous connaissons déjà. Son prénom n’est pas commun mais elle s’est mariée entre-temps et je n’avais pas fait le rapprochement malgré des indications évidentes (la fatigue du déménagement). Tout de suite la connivence passe et Flore est alors un guide pour nos premières semaines à Arvieu. Elle nous apporte les réponses aux questions que nous nous posons. Une bénédiction en quelque sorte et comme elle l’a dit un clin Dieu ; d’autant que Flore est mon deuxième prénom !
Il m’arrive parfois d’avoir des éclairages au moment de l’homélie. Le jour de la fête de Christ-Roi, je repense à la collecte de jouets que notre précédente commune organisait, existe-t-il quelque chose en ce sens ici ? Je laisse reposer pour que le Seigneur me guide dans ce projet. Au fur et à mesure de la journée, une autre idée se rappelle à moi une initiative repérée sur Facebook : des boîtes de Noël distribuées lors de maraudes dans lesquelles on dispose quelque chose de chaud, quelque chose de bon, un loisir et un produit d’hygiène. J’y vois un bon complément à la collecte de jouets pour ceux qui ont envie de participer mais n’ont pas d’enfants. Les laisser sur le côté alors qu’ils ont envie d’être là pour leur frère, ce serait un manque de charité. En fin de journée, je lance la perche de ces collectes à Flore. Je l’ai appris durant mes cinq années passées au secrétariat de la Communauté, les projets en groupe, c’est plus riche. Flore se saisit tout de suite de l’idée.
Le lendemain, nous écrivons à la responsable du Pôle culturel, de la médiathèque et de la Maison de Services au Public. Après concertation avec les services de la Mairie, elle nous donne leur accord. Flore reprend l’affiche diffusée au plan national en la personnalisant. N’ayant pas trouvé d’initiatives locales sur la carte collaborative des boîtes de Noël, je prends contact avec deux associations. Celle qui me répond le plus rapidement est le Secours Populaire. Les jouets seront remis à des enfants de 0 à 10 ans le jour du Noël des enfants, les boîtes de Noël seront, elles, distribuées par les bénévoles de La Croix-Rouge pendant la période de Noël. Tout s’enchaîne bien et le samedi, six jours après cette première idée pendant l’homélie, Flore et moi déposons les affiches à l’église et chez les commerçants du village.
J’ai eu les larmes aux yeux quand dès le lundi une maman est venue m’apporter deux boîtes, c’était si rapide et ça y est, l’idée prenait. C’est très touchant de voir des personnes répondre à un appel. Peut-être par peur d’être déçue, j’ai évalué la collecte à 25 boîtes. En fait, j’étais loin du compte. Grâce à notre correspondante de presse locale, un article est paru le 7 décembre faisant ainsi rayonner l’initiative au-delà de notre seul village. Certains ont même fait 30 kilomètres pour nous apporter des boîtes. En tout, Flore et moi avons récolté 54 boîtes, un chiffre que nous n’aurions pas osé imaginé possible. 54 personnes de la rue ont eu une boîte contenant des présents et une carte écrite du fond du cœur.
J’ai beaucoup reçu en faisant cette collecte qui ne m’aura finalement demandé que d’ouvrir ma porte et d’apporter le fruit de la collecte à La Croix-Rouge. C’est émouvant d’ouvrir sa porte à un inconnu qui vient vous remettre le produit du soin apporté à un malheureux, lequel va découvrir ces biens pensés pour lui transmettre un peu de réconfort. Nous nous disons merci mutuellement, chacun ayant reçu quelque chose de l’autre alors que l’objectif est de faire plaisir à un troisième. C’est beau la fraternité.