En CVX, la lettre encyclique du pape François sur la fraternité et l’amitié sociale « Fratelli Tutti » nous rejoint au cœur. En effet, dans ce texte fort, François propose un parcours spirituel sur lequel nous sommes déjà engagés. Il s’agit maintenant pour nous d’en approfondir l’élan. Ce chemin, c’est celui de la « fraternité ouverte » (1), de la sortie de soi (cf 88), de la fécondité de la Relation, de toute relation, car « seul l’homme qui accepte de rejoindre d’autres êtres dans leur mouvement propre, non pour les retenir à soi, mais pour les aider à devenir un peu plus eux-mêmes, devient réellement père » (4) (on pourrait rajouter « mère » !). C’est le chemin de la « rencontre vraie », de « la sortie de l’illusion collective ». (89)
Le chemin que trace François commence, comme les étapes d’enracinement, en « 2e semaine » par la Contemplation de l’Incarnation. Il dresse d’emblée un tableau gris, et même gris sombre, de l’état de l’humanité. Il renvoie implicitement aux indications d’Ignace quand il invite à considérer la Trinité « regardant toute la face et la circonférence de la terre, et tous les peuples en si grand aveuglement, et comment ceux-ci meurent et descendent en enfer » (cf Ex 106). Ensuite, il tourne notre regard vers Jésus, un Jésus qui cherche à ouvrir les cœurs par la parabole du Bon Samaritain. Par cette parabole, François appelle à un lâcher-prise et même à « rêver » ensemble afin de dépasser nos fausses limites. « Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Comme c’est important de rêver ensemble ! […] Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les rêves se construisent ensemble ». Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, » (8) Rêver ici ne signifie pas sortir de la réalité, mais plutôt se tenir sur ses 2 pieds dans une vie qui « n’est pas un temps qui s’écoule, mais un temps de rencontre ». (66) Tout passe par la rencontre pleine et entière.
« L’amour authentique, à même de faire grandir, et les formes les plus nobles d’amitié résident dans des cœurs qui se laissent compléter. Le fait de constituer un couple ou d’être des amis doit ouvrir nos cœurs à d’autres cercles pour nous rendre capables de sortir de nous-mêmes de sorte que nous accueillions tout le monde. » (89) On rejoint ici me semble-t-il l’ADN de notre Communauté. Une Communauté qui ouvre et qui s’ouvre… à ses compagnons les plus proches comme à ses plus éloignés, aux Migrants (cf les universités d’été 2019), à la famille ignatienne et à la diversité des cultures (Marseille-Ignace 2021), à d’autres Communautés (parrainage de la CVX Centrafrique), aux questions écologiques et à ceux qui en sont victimes (cf nos centres spirituels, le thème d’année de la CR BOC etc…), à l’Eglise à travers « Promesse d’Eglise » et la préparation du synode sur la Synodalité… Chacun peut facilement allonger la liste.
La vie est là ! « La vie, c’est l’art de la rencontre, même s’il y a tant de désaccords dans la vie ». (215) Et, par notre foi et notre spiritualité, nous y contemplons la présence du Ressuscité.
« Si la musique de l’Évangile cesse de retentir dans nos maisons, sur nos places, sur nos lieux de travail, dans la politique et dans l’économie, nous aurons éteint la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et de toute femme ». D’autres s’abreuvent à d’autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l’Évangile de Jésus-Christ. C’est de là que surgit « pour la pensée chrétienne et pour l’action de l’Église le primat donné à la relation, à la rencontre avec le mystère sacré de l’autre, à la communion universelle avec l’humanité tout entière comme vocation de tous ». (277)
En CVX, dans la dynamique du pape François, à la suite du Christ et d’Ignace, cultivons la rencontre… et laissons nous déplacer. Les fiches qui vont baliser les prochains mois vers le rassemblement de Marseille « Ignace 2021 » nous y aident.
Fraternellement,
Hervé Le Houérou