Une expérience de week-end annuel de CL (Nanterre grande arche NGA 11)
Tous les ans, nous organisons un week end dans un lieu favorisant à la fois prière et partage, quelquefois avec un apport externe (enseignement, témoignage), souvent comme cette fois, en organisant et animant nous-mêmes notre session.
Cette année, nous étions à L’Haÿ les Roses chez les Filles de la charité avec qui nous avons participé à des offices du jour et à l’eucharistie du dimanche. Nous avions également nos propres temps de prière en équipe… et aussi de bons moments de détente.
Nos partages ont porté sur 2 sujets :
Une demande d’aide au discernement (1h1/2 au total, en 2 parties)
Un travail à partir de documents sur la place des femmes dans l’Eglise (3h30 au total en 3 séquences)
L’originalité, s’il y en a une, vient de la méthode de travail pour ce second sujet :
En amont du week end :
en CL, sélection du sujet, choix de documents (en l’occurrence une série d’articles de La Croix, et des synthèses/extraits – préparés par des membres de l’équipe – de deux livres « L’Eglise, des femmes avec des hommes » d’Anne-Marie Pelletier et « Jésus, l’homme qui préférait les femmes » de Christine Pedotti),
sur proposition d’un sous-groupe, classement par-thème (avec les documents en appui) et affectation des thèmes à chaque compagnon à partir de ses choix préférentiels, fixation du programme du week end (les thèmes étaient les suivants : Les femmes dans la Bible ; Marie ; L’Eglise et les femmes). De plus chaque compagnon devait choisir une figure/témoin correspondant au thème.
préparation individuelle, écrite, d’une contribution à l’aide d’un questionnaire (pourquoi j’ai choisi ce sujet/cette figure, ce que j’ai découvert, ce qui m’a touché…)
Pendant le week end : 3 séquences comprenant un premier tour (2 ou 3 contributions chacun, à partir des textes retenus et d’exemples de femmes de la Bible ou de l’Eglise) puis un second tour sur l’ensemble des contributions de la séquence
Remarque : nous avons vécu plusieurs weekends de ce type, une année sur Laudato Si, une autre année à partir du film « le Pape François, un homme de parole » ; et nous sommes rodés sur la méthode.
Au-delà des temps forts que sont les prières, les célébrations, l’aide au discernement et aussi les échanges informels pendant les moments de détente, le fruit d’un tel week end est double:
Travail préparatoire personnel sur un sujet commun
Découverte de points de vue différents, complémentaires ou divergents, appuyés sur les écrits de personnes impliquées dans le sujet et sur l’exemple de femmes de référence ; découverte également de la façon dont chacun est touché dans son histoire personnelle de foi par ces récits et figures…
Quant au sujet lui-même – la place des femmes dans l’Eglise – choisi parce qu’il était d’actualité, nous en avons retenu quelques lignes de force à partir de nos seconds tours :
Dans la Bible, les femmes ont l’intuition de Dieu ; ce sont souvent elles qui sont utilisées pour passer des messages, pour enseigner, elles qui font confiance et vont jusqu’au bout
Le regard de Jésus sur les femmes est nouveau et libérateur : il les considère comme de vraies interlocutrices ; Paul cite des femmes comme collaboratrices de l’évangélisation
Autour de Jésus, elles sont fidèles pendant et au-delà de la Passion, même si elles n’ont pas été appelées explicitement comme disciples
Marie est mère de Dieu et mère de l’Eglise. Bien que très peu nommée dans les évangiles -en dehors des évangiles de l’enfance – elle est un modèle de foi, d’ouverture à l’Esprit saint ; elle apporte la consolation. Mais dans l’histoire de l’Eglise, la piété mariale a été l’objet de dérives périodiques. Marie a trop souvent servi – surtout pour un clergé masculin – de modèle idéalisé de femme qui, par contraste, rend suspectes les femmes ordinaires et les voue à l’effacement, au retrait silencieux
Des femmes ont été reconnues docteurs de l’Eglise, au contact de papes ou d’évêques pour Thérèse d’Avila, Catherine de Sienne et Hildegarde de Bingen, ou dans l’humilité pour Thérèse de Lisieux
Dans l’Eglise actuelle, 80% des religieux sont des femmes, mais on leur donne peu la parole. Heureusement Véronique Margron s’exprime solidement pour l’ensemble des religieux de France ; et des témoignages de religieuses de différents pays montrent qu’elles exercent une mission essentielle qu’il faudrait mieux articuler avec celle du clergé masculin
Les abus qui sont révélés montrent combien l’emprise spirituelle peut détruire ; ce sont les plus « faibles », enfants et femmes, qui en sont les premières victimes
Le pape François dit qu’il faut combattre le cléricalisme et donner une vraie place aux femmes dans l’Eglise ; mais est-ce que les prêtres acceptent de se laisser déplacer (alors qu’on assiste à une réduction du rôle des femmes dans certaines paroisses pour lectures et communion, sans parler des enfants de chœur)? Les prêtres doivent-ils avoir le monopole de « sanctifier, enseigner, gouverner» ou avoir la charge que cela soit réalisé dans la paroisse ?
Une certitude : même si on n’en est pas encore à une reconnaissance de ministère ordonné pour les femmes (ce que certains regrettent), il faut que tous les laïcs, femmes et hommes, puissent exercer le sacerdoce baptismal qui confère à tout baptisé la triple mission de prêtre, prophète et roi. On espère des signes en ce sens de la hiérarchie, mais Il faut y travailler, sans attendre, et les possibilités sont déjà nombreuses, avec des formations adaptées :
Dans les paroisses :
Formation, (éveil à la foi, catéchisme, aumônerie de jeunes)
Participation à la liturgie : lecture de la Parole, distribution ou portage de la communion ; service d’autel pour garçons et filles, animation des chants
Témoignage, prédication (JM Lustiger l’avait fait faire lorsqu’il était curé)
Animation d’assemblées de louange, de prière, de lecture de la parole
Accueil des familles en deuil et célébration des funérailles
Participation à des journées d’information/évangélisation en ville