Expérimenter, c’est bien cela qui m’a marquée lors de l’Assemblée de la Communauté. Je rends grâce pour ce cadeau d’avoir pu éprouver la Communauté à un moment où je suis en train de cheminer vers l’engagement après une longue période en Communauté de vie chrétienne.
En début d’Assemblée, Jean-Luc Fabre nous a rappelé la question qu’a eue Ignace envers ses amis: est-ce qu’on arrête d’être ensemble ? Cette question a ravivé dans mon cœur tous les projets que j’avais envie d’initier pour vivre en communauté aussi bien des temps de ressourcement que des temps tournés vers l’extérieur. Mon impatience de voir naître de nouvelles orientations, l’espoir peut-être d’imaginer la Jérusalem vers laquelle nous pourrions aller, ne cessaient de grandir.
C’était sans compter sur la parole exprimée des compagnons de l’Assemblée, qui n’étaient manifestement pas tous au même rythme, et nous sommes entrés dans un temps de questions, de doutes, de méfiance, notamment vis-à-vis des questions financières. Cela allait à contre-courant de ma confiance, de mon goût de plus en plus prononcé pour la Communauté depuis un an et provoquait en moi de l’agacement.
François le Boëdec, provincial de la communauté jésuite francophone, nous invitait à ce même moment à « consentir à ne pas avoir toutes les réponses tout de suite et à demeurer sous le ciel étoilé ». Cette parole, reçue dans un profond climat de prière, m’a aidée à entrer dans l’écoute, à recevoir les demandes de pardon de certains membres en responsabilités diverses, pour entrer dans une démarche de compassion qui me dépasse et qui est difficile à retranscrire tellement cela « prend aux tripes » : je pouvais sentir l’impact d’une parole vraie, révélatrice des fragilités humaines et de l’amour reçu et rendu à la communauté.
A ce moment, ma question était non plus de savoir ce que l’Assemblée allait pouvoir proposer de faire aux compagnons français en rapport avec les orientations du mondial, mais comment nous allions vivre en communauté pour faire en sorte « qu’amour et vérité se rencontrent » (psaume 50).
J’ai reconnu que le Seigneur était bien là à travers les sacrements et la célébration eucharistique finale au cours de laquelle nous avons vécu une démarche de réconciliation communautaire.
Demander la grâce du pardon et recevoir pour la Communauté, à travers le lavement des pieds de trois compagnons, la force de la miséricorde du Seigneur a été pour moi simplement bouleversant. Je n’entendais plus le silence mais la douce puissance de l’Esprit qui enveloppait cette communauté que nous formions et qui était alors capable non pas de tourner une page mais d’avancer encore plus loin pour partager et sortir.
Cette grâce reçue m’aide à mieux vivre « maîtrise et démaîtrise » : mettre au service mon élan et dynamisme tout en prenant le temps d’accueillir chaque compagnon qui a le désir d’approfondir notre charisme.
Je ne suis pas arrivée au bout du chemin et je suis dans l’espérance des expériences humaines et spirituelles que je suis appelée à vivre dans la Communauté. La Communauté est bien vivante ALLELUIA AMEN.
Claire
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