Rechercher ensemble le bien commun et en vivre davantage
Quelle réponse aux mouvements sociaux et aux interpellations des Évêques et du Pape ?
Des « gilets jaunes » ont surgi sur les rond points et continuent de manifester.
Au-delà des violences – inacceptables-, apparaissent des demandes multiples, variées, parfois pertinentes, souvent contradictoires, qui révèlent la souffrance d’une partie de la population qui se sent laissée pour compte.
Deux attitudes extrêmes montrent la fracture qui s’installe, dans le contexte d’un individualisme collectif galopant :
Pour certains, la société est violente, tout est permis pour obtenir gain de cause et aucune contrainte sociale n’est admissible.
Pour d’autres, ceux qui râlent n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes, le pays fait déjà suffisamment de redistribution sociale, notamment grâce aux impôts.
Comme l’ont relevé les évêques de France[1], nous chrétiens ne pouvons rester indifférents.
Nous le pouvons d’autant moins que le pape nous interpelle vigoureusement depuis Laudato Si, et dernièrement dans le film « Le Pape François », nous demande de changer radicalement nos options de vie[2].
Ainsi, cette période n’est-t- elle pas une chance à saisir pour progresser sur plusieurs pistes :
Aller au-devant des autres pour les écouter d’abord.
Mieux s’informer des situations réelles des personnes en difficulté et chercher avec elles des solutions pratiques, à leur portée, sans se contenter de « donner un chèque ».
Ecouter et s’exprimer dans les débats, groupes de paroisse…
Aller voter, et voter aux élections.
S’informer sérieusement sur les règles économiques et sociales pour pouvoir les expliquer et vérifier qu’on les respecte soi-même, dans l’esprit comme dans la lettre,
Discerner, dans les options que nous prenons, la place du bien commun.
Qu’est-ce que le bien commun ?en voici une définition :
« Dans le langage courant, l’expression est employée dans un sens proche de celui d’intérêt général, c’est-à-dire l’intérêt partagé par la communauté, en tant que ses membres dépendent les uns des autres (et non pas la somme des intérêts particuliers). L’Eglise, depuis Vatican II, et par tous les papes successifs, souligne la nécessité de viser non seulement l’intérêt général mais aussi « le développement intégral » de chaque personne, notamment parmi les plus fragiles, et- simultanément- la protection de la Création sous toutes ses formes. »
Nous sommes tous concernés, de différentes manières, par exemple :
En matière d’emploi, travail, chômage :
Moi qui suis soutenu par les aides sociales, est-ce que je ne triche pas pour en obtenir plus ? Et est-ce que j’essaie, moi aussi, de rendre des services à d’autres ou à la collectivité ?
Autour de moi, j’ai connaissance de personnes en situation de mal être dans leur travail ou en recherche d’un nouvel emploi, de chômeurs licenciés, de jeunes, tous en quête de travail ou en recherche de sens…
Est-ce que je suis solidaire, comment ? Me suis inquiété de leur quête, ai-je partagé leurs inquiétudes ?
Ai-je pris le temps de les aider par l’écoute, de les diriger vers un organisme spécifique qui pourrait les accompagner ?
Ai-je pensé à mettre mon expérience à leur disposition, à les aider à rédiger un CV, à se présenter et ouvrir mon réseau de connaissances ?
J’emploie une femme de ménage, une garde d’enfants, une personne pour une réparation : je la déclare et paye les charges sociales ou bien je préfère un paiement de la main à la main parce que c’est moins cher ?
Dans l’entreprise, est-ce que je cherche à accompagner ceux qui s’interrogent sur leur évolution professionnelle, ou encore à former un jeune en apprentissage en prenant du temps sur ma charge de travail ?
En matière de mode de consommation :
Est-ce que je me préoccupe d’éviter les gaspillages d’énergie, d’alimentation, d’objets, en consommant de manière plus ajustée ?
Pour me rendre au travail est-ce que je prends plutôt la voiture ou les transports en commun, voire le vélo ?
En matière d’argent, de fiscalité, de partage :
Moi qui ai les moyens de bien vivre, est-ce que je prends toute ma part de l’impôt sans tricher, sans optimisation outrancière, en sachant distinguer ce qui est moral de ce qui est légal ?
Est-ce que je suis généreux vis-à-vis des organisations d’entraide, des œuvres de solidarité, de l’Église ? de la CVX ?
Est-ce que j’accepte le métissage social dans mon quartier, par exemple la réalisation de logements sociaux à proximité de chez moi ?
En matière de démocratie :
Est-ce que je m’informe régulièrement sur le fond des enjeux principaux de notre société ?
Est-ce que j’accepte les débats contradictoires sans céder à la passion ?
Est-ce que je participe à la vie politique locale : comités de quartiers ?
Est-ce que je vote à tous les scrutins ?
En matière de santé :
Les cabinets médicaux ferment autour de chez moi, des médecins libéraux ayant l’âge de la retraite. Est-ce que je me rends aux urgences pour la moindre maladie d’un enfant ?
Mon médecin me propose des analyses, des consultations de spécialistes qui me paraissent peu utiles. Le spécialiste me demande quelle est ma mutuelle pour fixer son dépassement d’honoraire. Suis-je conscient des conséquences au détriment de la collectivité ?
Suis-je attentif à la nature de ce que je mange, notamment en regardant l’étiquetage des produits transformés ou la provenance des fruits, ou en adhérant à une Association pour la Maintien d’une Agriculture Paysanne ?
Concernant les migrants et les réfugiés :
« Accueillir, protéger, promouvoir, intégrer » : quatre attitudes qui, pour le pape François, désignent la charité. Qu’est-ce que cela me dit sur ma façon de considérer les migrants, d’agir et d’en parler car ils dérangent ? Or « personne n’est étranger dans la communauté chrétienne », dit François.
Contempler les plus fragiles dans leur quête de paix ; les accueillir, les accompagner en appui de mouvements type JRS, s’engager avec discernement en cohérence avec les valeurs évangéliques.
Nous questionner, débattre, agir. Ainsi, notre compagnonnage pourra s’élargir, depuis notre communauté locale jusqu’à tous nos milieux de vie.
« Tous, nous sommes responsables de tous » (Jean Paul II)
Alain, André, Marc & Marc, compagnons de CVX Nanterre Grande Arche