Lors de la journée de rentrée, la communauté régionale Alsace a expérimenté un discernement communautaire qui a porté sur l’organisation d’une université d’été en Alsace.
Au printemps 2018, l’ESCN a appelé les régions à proposer des Universités d’été décentralisées avec comme thème : « Migrants : osons la rencontre, avec nos tensions, construisons l’avenir »
En tant que membres de l’ESCR nous avions lu l’email, mais nous ne nous sommes pas senties très concernées en cette année de fin de mandat. Nous avons mentionné cet appel lors de la réunion accompagnateurs/responsables de juin, mais les personnes présentes n’ont pas données suite. Le sujet semblait clos. Plusieurs évènements fin juin nous ont invitées à nous dire qu’il nous faudrait prendre le temps d’un « vrai » discernement en ESCR en septembre.
A la rentrée nous nous retrouvons afin de définir nos priorités d’année. Le sujet de l’Université d’été est revenu. Nous ne nous sentions toujours pas à l’aise avec le fait de se lancer dans l’aventure en appelant des membres de la communauté. De plus, avant notre réunion nous avions lu le document final de l’Assemblée mondiale (projet 170), document qui, selon nous, invite au discernement communautaire. Dès lors il nous est paru clair que la décision d’organiser ou non une Université d’été devait être décidé en Communauté. Aussi avons-nous choisi de faire de notre journée de rentrée le lieu d’un discernement communautaire. Nous étions très conscientes que le temps dont nous disposions était très court pour cet exercice et que seules les personnes présentes seraient consultées. C’est ainsi que 60 compagnons se sont trouvés invités à se poser la question de l’Université d’été.
En introduction, Odile, assistante de notre Communauté régionale, ayant suivi la formation de l’ESDAC (Exercices Spirituels pour un Discernement en Commun) a fait un exposé sur le discernement communautaire. Elle nous a rappelé que pour chacun de nous discerner c’est écouter la foi, la raison et l’affectivité. En communauté locale ou élargie , discerner c’est se laisser interpeller, chercher un consensus, décider ensemble. Le tout porté par la prière sous le regard de Dieu. Suite à l’introduction, nous avons présenté l’appel de l’ESCN à la communauté aux soixante compagnons présents.
Puis chacun a été invité à un temps de prière personnelle à partir de Lv 19,33-34 « … L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un israélite de souche, et tu l’aimeras comme toi-même… », ou encore de Mt 25,35 « j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ». Après avoir laissé résonner la Parole dans le silence de la prière, chacun a préparé son partage à partir des pistes suivantes : quels mouvements m’habitent (peur, crainte, frein, joie, enthousiasme, dynamisme) en recevant cet appel ; quelles questions je me pose ?
A l’issue de ce temps, les personnes se sont retrouvées en petit groupe pour un temps de partage dont l’objectif final était de formaliser quatre points pour une remontée en grand groupe : dans ce projet ce qui nous fait peur ou ce qui nous freine, ce qui nous donne de la joie, de l’enthousiasme, du dynamisme, le contenu que nous voulons voir à l’Université d’été, ce que nous avons envie d’y vivre. La remontée des groupes a permis d’entendre l’ensemble des éléments. En voici quelques-uns :
Un nouveau temps de silence a permis à chacun de se positionner en répondant par écrit à la question précise : après discernement, est-ce que je pense que notre communauté peut s’engager dans l’Université d’été ? En cas de réponse négative, je donne les raisons. En cas de réponse positive, je m’engage à prendre part à l’aventure en me portant volontaire pour un service (équipe de pilotage, communication, logistique, …) ou en m’engageant dans la mesure du possible à assister à l’Université d’été, en portant cet évènement dans la prière. Les réponses largement positives ont permis de faire de l’Université d’été un projet communautaire.
Malgré l’effet de surprise, la démarche a été bien vécue : joie, intérêt, paix, sérénité, ouverture, démarche nourrissante… Quant au résultat, il a été accueilli positivement, paisiblement, sereinement, comme le fruit d’un chemin qui s’approfondit, avec foi et espérance, comme une bonne nouvelle. Certains, dans leur évaluation, ont regretté le fait que nous n’avions pas annoncé le contenu de cette journée, et donc n’ont pu se préparer. D’autres notent que tous les compagnons n’étaient pas présents et ont eu du mal à se prononcer pour les absents.