« J’ai passé dix jours à Penboc’h fin juillet à l’occasion de deux sessions co-animées par la CVX et Familles & Co (de l’Eglise St Ignace à Paris). Je ne participais pas aux enseignements ni aux rencontres entre les parents. J’ai été le témoin de la vie des participants, parents, enfants, animateurs, et serviteurs qui assurent la bonne marche de l’ensemble.
Grace à eux et à la bonne volonté de tous, les deux sessions ont été vécues dans la joie, et semble t-il, le profit pour tous, des plus jeunes enfants jusqu’aux vénérables jésuites. Une chose m’a frappé dans chacune des sessions : les relations entre parents et enfants. Une relation faite de liberté, de spontanéité et de confiance. Un mode de relation partagé par les animateurs qui prenaient en charge les enfants le matin, pendant les rencontres proposées aux parents. Que ce soit dans les groupes d’enfants, ou à partir de la fin de la matinée quand parents et enfants se retrouvaient pour le repas ou l’après midi en famille.
J’ai constaté que cette relation était toute dans la confiance et l’attention aimante mais néanmoins consciente des risques et des débordements possibles chez les dizaines d’enfants de 2 à 10 ans laissés en liberté. Pas d’injonction ni d’interdiction, mais seulement des propositions, ou des rappels à l’ordre exprimés avec douceur. Cette liberté d’aller et venir laissée aux enfants ne les dissuadait pas de se proposer pour les services de la salle à manger : remplir la carafe d’eau, chercher du pain, passer le plat. Bien au contraire, ils le faisaient avec le plaisir d’être actif et de pouvoir bouger. Assurément tous n’étaient pas toujours vertueux, certains profitaient de cette liberté pour se précipiter aux premières places libres et y dévorer à belles dents un morceau de pain pour calmer leur appétit.
Ce style nouveau dans la relation parents-enfants s’est exprimé aussi dans la préoccupation des parents quant à la scolarisation des plus jeunes. Manifestement la plupart des parents souhaitaient une scolarisation attentive au développement de l’enfant plutôt qu’à un cadre conduisant aux performances. J’ai été frappé du nombre de parents qui évoquaient la pédagogie de Montessori ou de Freinet, plutôt que la voie classique de l’éducation nationale ou des jésuites… d’autrefois.
Cette même attitude d’attention et de respect à l’enfant se voyait aussi pendant les temps de prière, dans l’invitation au silence plus qu’à la récitation d’un texte.
La nécessité des relations intra-familiales et ses expressions concrètes l’emporte sur l’idée d’une référence, sur la construction d’un ordre fondé sur des principes qui se veulent structurants, ou sur quelque idéologie inspirée de la morale ou de psychologie. C’est le chemin ouvert par le Pape François dans sa longue lettre Amoris Laetitia. L’observation et l’écoute des réalités concrètes de la vie de famille deviennent en quelque façon la norme de l’éthique familiale. L’amour et la joie qu’elle donne en sont les authentiques critères chrétiens ».
Père Edmond V. sj, accompagnateur spirituel