Contempler Discerner Agir : quelle source dans les Exercices ? Contempler nos villes et nos territoires ?
à la journée régionale de la Communauté Nanterre Grande Arche du 31 janvier 2016
Juillet Aout 2015 Titre de notre revue : contempler aujourd’hui ?
Quelles contemplations ?
∴ Bien des manières
∴Bien des réalités : un paysage, une fleur ou un bouquet, telle construction ou architecture, un si bel homme, une si belle femme, ce visage buriné et souriant, ce regard douloureux et courageux, telle peinture ou sculpture qui correspond si bien à l’idée que je me fais d’une visitation ou des canons de la beauté, les découvertes scientifiques dans tous les domaines d’aujourd’hui…
∴Bien des aspects : beauté et étrangeté
Quelles conditions ?
Souligner : » il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme perverse c’est d’avoir une âme habituée, sans sensibilité. » Péguy. Pas de surprise, pas de contemplation
Indispensable : la capacité de se laisser surprendre par l’événement l’étonnement comme un réveil qui fait bouger, sortir de l’habitude. Sinon c’est la routine qui s’installe vers le manque d’attrait d’intérêt: cf vie de couple/vie d’amitié
une certaine façon d’accueillir le réel : se laisser déconcerter, enseigner, déplacer…
=>> une attitude d’ouverture sinon rien ne ns enseigne…
Attitude d’ouverture au monde, au prochain, aux relations.. cela peut conduire vers l’admiration du monde, d’une relation , d’un prochain de l’admiration ns pouvons être conduit à louer, puis respecter et pourquoi pas SERVIR ( cf la visée du principe et fondement n° 23 des Exercices)
Attitude d’ouverture pour être enseigné ou se laisser instruire : ce n’est pas rester coi devant ceci ou cela
c’est s’ouvrir s’élargir, comme « élargis l’espace de ta tente »IS 54,2
et du coup l’intelligence est touchée en même temps que la sensibilité, notre regard, notre appréciation change ex : le 3eme dans l’histoire du bon Samaritain, ou Jésus avec la cananéenne, le centurion, la femme hémorroïsse, à l’inverse la remarque de Pierre à La Transfiguration
pas seulement s’élargir mais aussi
se désencombrer : pour devenir intérieurement disponible
Contempler ? laisser la réalité venir à soi sans chercher à la saisir, ni l’expliquer, ni la justifier. . La contemplation est une sorte de manière renouvelée de se situer dans la vie : accueillir les événements comme une nouveauté.
Contempler en CL ? = contempler ce qui est dit dans le partage d’un compagnon, non pas analyser mais me laisser toucher déplacer et vient en moi une parole de réponse différente que des solutions parce que je me situe autrement dans l’alliance.
Alors se vit le second tour de partage comme une conversation spirituelle
ce qui amène une parole différente, bien autre chose qu’une solution, parce que se situant différemment d’une captation, et conduit à une parole ouverte.
La contemplation permet d’accueillir les événements comme une nouveauté pour avoir la grâce de discerner et d’entreprendre.
Dans le livre « Nos villes d’un cœur brûlant », nous sommes invités à contempler la ville d’aujourd’hui comme elle est ; dans «Les mots de Dieu pour les maux d’aujourd’hui », à nous affronter au réel.
Contempler pour devenir compagnon, disciple, serviteur. Pour regarder l’enracinement de la communauté, pour discerner et agir. Pour louer, respecter et servir. Voilà un large mouvement de fond : la vie de chacun comme un chemin qui se dessine vers la consolation. C’est encourageant pour la communauté locale qui lui permet de s’enraciner dans l’expérience d’Ignace. Un mouvement qui vient de plus loin qu’aujourd’hui, qui vient des Exercices Spirituels, qu’Ignace a tiré de sa propre expérience.
Contempler avant de discerner et d’entreprendre ?
« Nos villes d’un cœur brûlant, Ex. spi dans la vie » de Christian Herwartz et compagnons
Mots de Dieu pour les maux de la vie d’Agnès Thill
Notre Assistant National. qui invite sans cesse à regarder à contempler : contempler sa Communauté Locale, sa région, Sa Communauté nationale, Mondiale…
Contempler discerner agir pour devenir compagnons disciples serviteur à commencer par la manière proposée de se lancer dans l’enracinement après avoir découvert CVX pour les relativement nouveaux membres de CVX. …
Ainsi en est-il d’un large mouvement de fond, comme un appel qui prend forme,
une interrogation sur le sens de la vie de chacun,
comme un chemin qui se dessine à suivre pour vivre consolé.
Est-il nouveau ? un peu par ses acteurs et leurs concrétisations, mises en forme
J’entends : de nouvelles générations de CVX et tout simplement d’hommes et de femmes,
à la fois pris et interrogés par une société,
le monde entier désormais doté de moyens fantastiques en toutes sorte de domaines et
dans cette même société et ce monde où les grands écarts de richesses et de modes de vie sautent aux yeux….
Néanmoins, se ralentir et contempler d’où cela peut-i venir ? Serait-ce ignatien ?
Pour nous ce mouvement de fond vient de plus loin qu’aujourd’hui, même si c’est en ce moment qu’il ns touche plus « explicitement » à CVX.
Prière d’Alliance : Dire « merci « jour après jour dans notre prière d’Alliance, et simultanément à la lumière de La Parole contempler les traces de notre Seigneur chez ceux qui nous entourent, dans le monde ? et les Exercices ? Il est important de dire « Merci » et comment le dire si on n’a pas bien regardé ?
Chercher les traces de Dieu parmi les hommes : cf Madeleine Delbrel dans Alcide p. 112 » Nos villes au cœur brûlant »
Partout nous sommes « Dieu avec nous, partout nous sommes des Emmanuel. » dit-elle
Cette quête de chercher notre Dieu parmi les hommes commencent dans les Exercices et par là avec Ignace
Ignace s’est éveillé à la contemplation sur son lit de blessé. Il admire la vie de saint François. A force d’y revenir, l’admiration devient durable. A Manrèse il va recevoir la lumière et la grâce inspiratrice essentielles qui le conduiront à écrire le livre des Exercices.
Il invite le retraitant à prendre du recul et à se mettre à l’écart.
Comment lui- même s’est éveillé à la contemplation sur son lit de Loyola ? Puis à Manrèse où il reçut l’essentiel des lumières et des grâces qui lui donnèrent les inspirations utiles pour la rédaction du livret des Exercices.
Justement il invite l’accompagnateur et par là le retraitant :
De quelle contemplation s’agit il ?
Noter le 2eme exercice de la première semaine : n° 60 dans le livret
Et comment ? : Ignace invite à méditer le péchés dans la Création, celui des anges, des 1ers hommes, des hommes, des siens et alors d’admirer ce qui se passe pour moi…
« cri d’admiration avec un sentiment accru, en passant en revue toutes les créatures ; comment elles m’ont laissé en vie et m’y ont conservé. Les anges, étant le glaive de la justice de Dieu, comment ils m’ont supporté et gardé, et ont prié pour moi ; les saints, comment ils ont intercédé pour moi ; les cieux, le soleil, la lune, les étoiles et les éléments, les fruits , les oiseaux , les poissons et les animaux ; et la terre comment elle ne s’est pas ouverte pour m’engloutir, créant de nouveaux enfers pour que j’y souffre éternellement » C’est alors la découverte de ce que c’est que d’être épargné.
Sens philosophique de l’admiration
Descartes : Pour lui l’admiration est la 1ere des 6 passions de l’âme devant l’amour, la haine, le désir, la joie, et la tristesse. : « l’ admiration est utile comme toutes les passions en ce qu’elle fait que nous apprenons et retenons en notre mémoire les choses que nous avons auparavant ignorées ; car nous n’admirons que ce qui nous parait extraordinaire »
L’admiration ouvre à une connaissance nouvelle, mais le risque de s’y enfermer dans un bien connu ou dans la routine est grand. Elle n’est bonne que comme porte de la connaissance : de soi pour le philosophe, pour le spirituel c’est la connaissance de sa relation à Dieu, Dieu et moi et moi et Dieu.
L’exercice suivant proposé par Ignace est le colloque, triple colloque : n’est pas une assemblée de discussions et d’échanges mais un conversation intime avec Notre Seigneur à qui nous parlons et confions nos affaires et nos mouvements intérieurs, ce qui nous habite et nous tient à cœur
« Terminer avec un colloque sur la miséricorde en raisonnant avec Dieu notre Seigneur et en lui rendant grâce pour m’avoir donné la vie jusqu’à maintenant, et former le propos de m’amender avec sa grâce pour l’avenir »
En effet mon admiration portera sur le fait d’être sauvé : l’objet de l’admiration est la miséricorde, c’est cette relation là avec Dieu à admirer.
= le passage du cri au dialogue (d’ailleurs comme la relation de l’homme à Dieu selon les Psaumes)
La grâce de ce cri est le fruit d’une préparation à sensibiliser l’esprit et le cœur du retraitant à la relation de miséricorde à ce moment éprouvée : colloque devant le Christ en croix entre autres… et de la demande de la grâce. Quelque chose se passe de l’ordre du cri, d’une première pensée qui naît de « ma seule liberté et de mon vouloir » L’homme est rendu à lui-même dans cette découverte inouïe de la miséricorde pour lui, qui donne encore de vivre.
Le pape François, face aux prisonniers, dit qu’il aurait pu être l’un d’eux. Notre vie trouve son sens en aimant. L’amour reçu se met en acte dans une existence. Notre Dieu miséricordieux nous appelle à faire vivre cette vie intérieure qu’il fait croître en nous.
D’autres pensées renouvelées lui sont données, cette fois de lui-même, de « sa seule liberté et de son vouloir » dit Ignace,
C’est un deuxième profit au-delà de l’appel du Dieu miséricordieux
On va être appelé ensuite à voir. Après la découverte de la miséricorde divine, on est invité à contempler la Trinité dans la contemplation de l’Incarnation, cet abaissement (la « kénose ») de Dieu qui se fait le tout-petit, le plus simple ; on est invité à marcher dans ce chemin de l’Incarnation.
La contemplation nous conduit à regarder Dieu lui-même dans chaque personne et nous interroge sur notre propre manière de vivre, d’où émerge la nécessité de choisir et de discerner.
Contempler, discerner, agir, trois termes sur lesquels François insiste dans son livre « Le nom de Dieu est miséricorde. »
C’est le désir de s’offrir qui peut germer, d’où la suite des propositions d’Ignace pour aller plus loin dans la suite du Christ, dans l’alliance ?
Elles se fondent dans le cri d’admiration initial : l’offrande du Règne, les contemplations de la vie du Christ de la 2ème semaine, l’élection, l’ad Amorem (contemplation pour obtenir l’Amour), « Prenez, Seigneur , et recevez… », la relation à Dieu dans la vie de tous les jrs qu’au temps d’Ignace on appelle dévotion.
Cela se passe d’abord au cœur de La Trinité où l’Amour parfait reçu et échangé entre les trois Personnes en vient à sauver le monde par l’Incarnation du Fils.
Ignace propose à partir de la 2ème semaine en 2ème Exercice et suivant, la Contemplation de l’ Incarnation ( à présenter selon les n° 102 à 108) puis les évangiles de l’Enfance de Jésus, Vie publique, en 3 ème et 4ème semaines, Passion, Résurrection.
C’est au moment des contemplations qu’Ignace propose « l’Application des sens » : « regarder par l’imagination toutes les personnes, noter les circonstances qui les concernent , puis entendre ce qu’elles disent,… puis sentir par une sorte d’odorat et de goût intérieur , puis toucher le tact intérieur les vêtements les lieux les traces.. »
à partir de ce qui me vient : « considérer »/tirer profit »
— Intérêt de revenir sur les racines des mots : Admirar est proche de Mirar (intensif de ver –voir- en castillan qui se traduit par -considérer- en latin ). Pour notre propos , la contemplation , le lien avec les Exercices on peut remarquer que –Mirar- est écrit 52 fois après –Admirar- du cri d’admiration §§ Cela donne à penser !
De toutes façons « considérer pour tirer profit » introduit un déplacement ; on progresse des personnes à voir aux actions à considérer
Admirer la relation miséricordieuse avec Dieu conduit à un engagement et une relation plus intime avec l’autre ; la rencontre qui eut lieu avec la Miséricorde est fondement d’une autre rencontre d’autant plus profonde de personne à personne à travers ce qui est vu et entendu, à commencer par la personne du Christ, puis de tous les prochains…
Dans les Exercices : pas de méditation de la Pentecôte ni des Actes,
Mais contemplation du monde à partir des événements : « considérer -tirer profit » s’exercer à percevoir Dieu au cœur de ces événements, d’y entendre ses appels à toujours plus de vie. Chemin d’incarnation. Etre touché au cœur par tel ou tel événement, en venir à réorienter durablement sa vie. Ce sont de nouvelles pages d’évangile à écrire.
Comme la rencontre de Jésus avec les deux disciples d’Emmaüs, en Luc 24, nous fait comprendre comment par l’intelligence des Ecritures, Jésus les amène à le reconnaître et à retourner à Jérusalem. Contempler conduit au changement et à la conversion
La contemplation de notre relation sauvée par la miséricorde qui nous conduit à contempler l’Incarnation de Dieu en chaque personne humaine nous conduit à de nombreuses questions sur nous mêmes et notre manière de vivre, de travailler, partager, d’être attentif à Quoi, à Qui ? Comment ?
Cela nous mène à re-choisir, discerner, réformer notre vie.
Conclusion :
Noter deux choses : la première que l’amour dépend des actes plus que des paroles
La deuxième, il consiste en un échange mutuel
== nos actions oui mais d’une certaine manière, « ordonner et reformer » notre vie :
selon le lieu où nous avons été touché, c’est celui de notre désir profond que le Seigneur a rejoint : cela s’impose alors à soi
selon nos propres talents
selon ce qui est possible
la Contemplation conduit à incarner
La contemplation conduit à un agir : C’est celui qui va vers un retour au Seigneur : ad Amorem
Jusqu’à l’Ad Amorem ? = n° 231 : » éveiller en nous l’amour spirituel : n° 234 = « reçois Seigneur toute ma liberté. Accepte toute ma mémoire, mon intelligence… »
Chacun est mis en mouvement par une attention aux petites choses de la vie. Et ce mouvement naît au profond de chacun, dans le désir de correspondre à la volonté de Dieu.