Nous étions « en bonne compagnie » à Namur les 29, 30 et 31 juillet 2017 pour le lancement officiel de la nouvelle Province jésuite d’Europe Occidentale Francophone (EOF) avec l’installation du Père François Boëdec sj, comme premier provincial
La nouvelle Province EOF, fruit d’un discernement et d‘un travail de maturation de six années, réunit désormais 532 jésuites, dont 40 en formation, répartis dans 42 communautés, de la Compagnie de Jésus de France, de Belgique francophone, du Luxembourg, de Grèce, des îles de la Réunion et de Maurice.
Le mouvement de concentration en provinces plus grandes est mondial et a été initié à l’invitation du précédent Supérieur général, le Père Adolfo Nicolàs, qui a invité l’ensemble de la Compagnie de Jésus à revisiter ses structures provinciales pour les adapter aux défis d’un monde en changement. Ce mouvement s’est traduit aussi par la création de la nouvelle province d’Europe Septentrionale réunissant les jésuites de Flandre et des Pays-Bas le 26 août à Anvers.
Nous étions 700 personnes – un tiers jésuites, deux tiers partenaires et amis de la Compagnie de Jésus (CVX, dont 6 de notre Communauté Régionale Yvelines Sud…) – à vivre ce temps fort en compagnie du Père Supérieur général, le Vénézuélien Arturo Sosa, pour trois jours d’exposés, de partages – carrefours, de prières, de spectacles dans une belle ambiance festive à l’université de Namur. Les moments-clé du week-end ont été l’exposé du Père Emonet, sj suisse, sur les 40 ans de vie intense de Saint Pierre Favre (1506-1546), patron de cette nouvelle province immortalisé par un spectacle enthousiaste de 40 jeunes MEJistes, la messe dominicale à l’ancienne église jésuite Saint-Loup, où le Supérieur général a installé officiellement la nouvelle Province et son nouveau Provincial, le Père François Boëdec, enfin la messe solennelle de la Saint-Ignace en la cathédrale Saint-Aubain présidée par Monseigneur Pontier, président de la conférence des évêques de France entouré d’évêques belges et luxembourgeois.
Le Père Sosa rappela la visite du pape à la 36 ème Congrégation générale enjoignant ses compagnons jésuites à vivre et discerner comment agir à partir du charisme ignatien de la mission, vivre dans la joie de l’Evangile en demandant la grâce et la réconciliation, s’appuyant sur le Christ. Il suggérait de ne plus parler de « collaborateurs » mais de « partenaires » pour souligner l’importance des laïcs dans la mission ignatienne. Le Père Boëdec indiquait un niveau d’égalité parmi le grand nombre de personnes qui ont été formées par et à la spiritualité ignatienne : « les Pères jésuites n’ont plus ni la puissance ni le nombre d’antan, mais cela nous permet de vivre davantage notre fragilité dans le service et surtout de partager plus clairement la force qui nous habite de l’intérieur ». Concernant le rapprochement des deux provinces il précisait « Personne n’avale l’autre, ce qui compte dans la Compagnie, c’est son corps universel et sa mission pour l’Église et l’humanité. Évidemment, nous avons nos implantations locales et ce rapprochement peut sembler difficile par moment, mais c’est une chance aussi de pouvoir accueillir ce que chacun apporte et s’enrichir mutuellement. Tisser davantage ces liens sera mon premier défi, avant de lancer de nouvelles missions. »
Ayant été personnellement touché par la figure de Saint Pierre Favre (statue ci-dessus) lors d’une retraite des exercices il y a quatre ans, dans un combat spirituel où les figures de Saint Ignace et Saint François Xavier me paraissaient inatteignables, voire décourageantes, ma joie avait été grande lorsque j’entendis que le pape François l’avait canonisé. Savoir ce savoyard, premier prêtre de la compagnie, réputé pour sa capacité à donner les exercices, ses qualités de médiateur et de constructeur de ponts entre les personnes dans une Europe du XVI siècle divisée par la Réforme et la contre-Réforme, me remplit d’une joie profonde, me nourrit et m’envoie.
Les rencontres, échanges et temps spirituels dans une ambiance festive et détendue avec tant d’Amis dans le Seigneur furent un beau temps fort pour « aller en eaux profondes » dans notre Galilée quotidienne au souffle de l’Esprit et à la suite du Christ « ad majorem dei gloriam », « en Todo Amar y Servir ».
Olivier (Yvelines Sud)
Voir aussi l’article “En bonne Compagnie” Revue Vie Chrétienne N°49 Septembre 2017 page 37