J’avais pensé pour ces vacances à plus d’exotisme, partir un mois en tant que volontaire à l’autre bout du monde ou tout du moins de la Méditerranée, au Moyen-Orient mais les circonstances en ont décidé autrement. C’est finalement à quelques encablures de chez moi que je passerai une partie de l’été, à peine plus de 30 kilomètres pour être exact dans la vallée de la Moselle luxembourgeoise. Mais parfois pas besoin de voyager pour expérimenter ce sentiment d’exotisme et d’être attentif à son prochain…
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Le projet s’intitule « Echappée à la Moselle », initiative commune de la CVX, Young Caritas et Reech eng Hand (littéralement « Tends la main », initiative du diocèse du Luxembourg en faveur des réfugiés). Il s’agit de permettre aux réfugiés mineurs arrivés seuls au Luxembourg de partir en vacances et ainsi de les sortir du quotidien monotone des foyers pendant la torpeur estivale. Afin d’en faire profiter un maximum de jeunes trois groupes se succéderont pendant le mois d’août.
Voilà que nous nous retrouvons donc dimanche 6 août 2017 avec les six bénévoles qui accompagneront le premier groupe: deux luxembourgeois, Agnès à l’origine du projet, Daniel tout juste rentré d’Afrique du Sud, deux français, moi-même, vosgien d’origine et résident du grand-duché et Geneviève qui a quitté Paris pour se perdre deux semaines à la campagne. Et que dire des deux égyptiennes, Sarah et Maria, venues prêter main forte pour toute la durée du projet : des faubourgs du Caire à la Moselle luxembourgeoise le contraste est saisissant. C’est peu dire qu’elles ne sont pas habituées à un tel calme et à des paysages si verdoyants !
Mais bien évidemment la diversité, l’exotisme ne s’arrêtent pas à l’équipe de bénévole, nos hôtes nous rejoignent en milieu d’après-midi: trois albanais, un pakistanais, huit afghans et un guinéen.
Au programme, de nombreuses activités culturelles et sportives. A quelques pas du camping qui nous accueille, le Päiperleksgaart, jardin des papillons, avec ses différentes espèces aux couleurs chatoyantes venues des quatre coins du monde qui volent ensemble dans un joyeux balai aérien, belle métaphore de ce que nous vivons ici entre nous. Chaque jeune repartira d’ailleurs avec un papillon en papier multicolore, en souvenir de ces beaux moments passés au bord de la Moselle.
Il y aura aussi cette balade en vélo au bord de cet affluent du Rhin. Rien de tel que la petite reine pour expérimenter ce grisant sentiment de liberté. Trop content de pouvoir profiter de ces paysages somptueux au fil de l’eau et de cette capacité d’aller et venir au pied des vignobles luxembourgeois, les jeunes s’en donnent à cœur joie.
Mais cette “Échappée” d’une semaine n’aurait pas eu la même résonance sans les vertus intégratrices du sport. Le vélo donc mais aussi les activités d’eau grâce à la piscine extérieure, située littéralement sous nos fenêtres, mise à disposition gracieusement par la municipalité très accueillante de Grevenmacher.
Mais rien ne saurait égaler le rôle du foot qui tient une place toute particulière dans le cœur de nos jeunes. Une fois endossé le maillot nous ne sommes plus français, afghan, albanais, etc. mais coéquipiers d’une même équipe qui jouent ensemble pour faire triompher leurs couleurs. Et les niveaux parfois disparates n’y font rien, l’ambiance est des plus joyeuses. Ici les bénévoles redeviennent élèves et les jeunes sont heureux de nous montrer l’étendue de leur talent !
En ce dernier soir l’ambiance est un peu lourde. Cela n’aura duré que quelques jours et nous avons déjà le sentiment de faire partie d’une grande famille. Mais pas de temps pour la tristesse. Après un bon repas partagé tous ensemble, nous nous retrouvons pour une soirée de chants, de danse mais aussi de relecture autour d’une fresque collaborative. Quel bonheur d’entendre les jeunes nous remercier pour leurs “plus belles vacances” comme évoqué par Albin, où d’avoir pris conscience que l’on est “plus fort ensemble” dixit Karim. A chaque intervention nous rajoutons des feuilles colorées à l’arbre qu’a dessiné Maria, l’artiste du groupe. A travers cela nous prenons conscience que, bien que nos racines soient différentes, nous faisons tous partie du même arbre et que c’est cette communion fraternelle qui le fait s’épanouir et grandir inexorablement vers le ciel.
N’en doutons pas il s’agit là non pas d’une fin mais bien d’un point de départ…
Nicolas, membre de la Communauté régionale Lorraine