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Depuis 2 ans, nous participons à Welcome Toulouse, réseau d’accueil des demandeurs d’asile, né fin 2014 au sein de JRS France (Jesuit Refugee Service).
Pourquoi s’engager dans une telle démarche alors qu’il revient aux pouvoirs publics de le faire ? Parce que nous ne pouvons rester indifférents à ces hommes et à ces femmes qui ont dû fuir leur pays clandestinement avec pour tout bagage un petit baluchon en plastique et que nous savons que les places d’accueil disponibles sont en nombre notoirement insuffisant. Et puis surtout, sans parler de Mathieu 25 (« j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », lire l’Evangile), c’est devant ces drames que nous pouvons répondre à l’invitation faite à Abraham, et donc à chaque croyant : « Quitte ton pays » (lire le texte de la Genèse, 12-1). C’est-à-dire, tel que nous le ressentons, quitte l’indifférence, le confort pour aller vers l’autre.
En accueillant un demandeur d’asile chez nous, ce n’est pas seulement une chambre que l’on offre (nous ne sommes pas un hôtel !) « Non seulement il y a l’hébergement, mais l’attachement, l’empathie contribuent beaucoup à l’atténuation de ma peur et de ma permanente angoisse liées à l’exil » nous a écrit l’un d’eux. L’accueil est avant tout une rencontre fraternelle avec l’autre, l’inconnu, l’étranger.
Et de fait, nous avons vécu la difficulté à comprendre l’autre, à nous faire comprendre. L‘incompréhension peut être source de déception. Il nous a fallu oser la rencontre en appréhendant nos différences comme une source de richesse, en acceptant que notre perception des choses soit un peu remise en cause. Mais la rencontre avec un demandeur d’asile réserve aussi de bonnes surprises, la découverte d’une culture autre, de cuisine, de musiques… c’est un enrichissement mutuel, c’est une invitation à accepter les personnes telles qu’elles sont avec leurs côtés sombres, leurs non-dits, leur part d’inaccessibilité mais aussi avec leur spontanéité, leur dignité, leur courage, leur persévérance, leur foi : « A travers votre hospitalité, j’ai compris que sur mon chemin du calvaire, Dieu y place des anges visibles et invisibles pour nous permettre de supporter l’insupportable. Je garde l’espoir que votre action ne sera pas vaine : je recouvrerai ma dignité et pourrai encore servir la justice et la liberté pour lesquelles j’ai presque tout perdu ».
Nous sommes parfaitement conscients que ce que nous faisons est une toute, toute petite goutte d’eau qui ne peut prétendre résoudre quoi que ce soit au problème global des demandeurs d’asile. Nous venons d’en accueillir deux. Ce ne sont pas des statistiques, mais des personnes avec un nom, une histoire, une famille restée « là-bas » que nous regardons, que nous serrons dans nos bras et avec qui nous vivons une relation discrète, un échange fraternel et respectueux.
En fait, ce n’est pas difficile d’ouvrir sa maison, son cœur (?!). Mais quelle joie profonde en retour, qui nous habite longtemps, longtemps. L’empathie perdure bien après le départ de la maison
Et nous cessons de ne rien faire sous prétexte qu’on ne peut pas tout.
Marie-Cécile et André, Communauté régionale Garonne Ariège
> En savoir plus sur le réseau Welcome : http://www.jrsfrance.org/welcome-en-france/
> Dans la Communauté, l’Atelier Etrangers réfléchit sur ses questions : https://intranet.cvxfrance.com/atelier-category/etranger/
> Plus d’informations sur l’accueil des demandeurs d’asile : www.interieur.gouv.fr/Accueil-des-refugies-et-demandeurs-d-asile
> Foire aux questions sur l’accueil des demandeurs d’asile : http://www.interieur.gouv.fr/Accueil-des-demandeurs-d-asile/Foire-aux-questions