Intranet

Espace membres

Trois semaines à Ragusa avec des migrants

Trois semaines dans un centre d’accueil de migrants en Sicile
du 16 octobre au 6 novembre 2015

Projet de la CVX Europe

Il s’agit d’intervenir dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, tout en partageant une vie de communauté CVX entre nous.
Les migrants qui débarquent en Sicile sont d’abord pris en charge dans un centre de premier accueil, où ils ne restent que 48 h : visite médicale et enregistrement pour ceux qui disent vouloir rester en Italie. Ceux-là sont ensuite admis dans un centre d’accueil, le temps de l’instruction de leurs démarches administratives.

En Sicile il y a beaucoup de ces centres d’accueil, fruits d’initiatives locales (souvent de paroisses ou de lieux d’église).
Je suis intervenu à Canicarao. C’est en pleine campagne, à 25 km de Ragusa, dans une ancienne maison de maître-ferme… ! Le tout est un peu délabré mais très vivant dans un cadre très beau. Environ 45 hommes de beaucoup de nationalités différentes.
Ils sont en chambrées de 6 ou 8. Les repas sont copieux mais simples : un seul plat (souvent le même) que chacun vient puiser dans une grande gamelle.

Les permanents de ce centre sont là pour les accueillir humainement et aussi pour les aider dans les démarches administratives.
Deux fois par semaine une équipe médicale vient rencontrer ceux qui en ont besoin. Les traumatismes subis sont énormes. De quoi faire des cauchemars, somatiser. Et avoir besoin du passage des psychologues.
Trois matinées par semaine des cours d’italien sont proposés. Il y a trois groupes de niveaux.

Le rôle des volontaires est d’être là, disponibles, pour jouer au foot ou au ping-pong, pour discuter, se promener, participer aux cours d’italien, assurer des déplacements en voiture vers la ville toute proche, être interprètes avec nos différentes langues…

Migrants
Torre di Canicarao (Italie)

D’une façon générale, les travailleurs de ce centre ont su créer une ambiance grave mais agréable et sereine, on ne ressent pas de désespérance.

Depuis la France me sont arrivées les nouvelles des tensions (et plus que des tensions !) venant de Calais. Rien de tout cela ici. Pourquoi une telle différence ? Ici ils ont la possibilité de travailler !. Empêcher des hommes de travailler c’est nier leur dignité, j’en suis sûr, et ça provoque désespoir et violence ! Il faudrait réclamer ce droit au travail pour les migrants voulant rester en France !

Une évidence pour moi maintenant : les migrants sont des hommes courageux, cherchant la paix, la tranquillité, une vie assurée, après avoir vécu l’enfer. Le contraire absolu d’une horde de sauvages envahisseurs, déferlants pour nous prendre ce que nous avons (comme voudraient nous le faire croire certains discours) ! Ils ne sont pas non plus des anges. Ils sont comme nous sommes, dans notre diversité. Ils ont vécu l’enfer et ils viennent chez nous avec confiance et espoir.

A nous d’apprendre à les accueillir.

Je repense beaucoup au Congrès CVX de Pontoise où j’avais senti très fort exprimé le désir que les membres de la CVX aient des projets en commun, en lien avec l’aspect mondial de notre Communauté.
Quand je suis arrivé ce projet avait déjà vu passer des « CVX » de onze pays ! La communauté européenne, mondiale en marche !

Ce type de solidarité vécue est riche pour toute personne, spécialement sans doute pour les jeunes potentiellement intéressés par la CVX. Je souhaite qu’il soit renouvelé l’an prochain.

Peut-être pourrait-on même envisager le même projet en partenariat avec une association ou mouvement présent auprès des migrants à côté de Calais ?

Christian Canavesio, de la Communauté régionale Bourgogne Franche-Comté

Mots-clés :