Nos vies, comme celle de Jésus, ne sont pas toutes tracées d’avance, même si le psaume 138 (139 en hébreu) dit ” sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits, recensés avant qu’un seul ne soit !” Chaque matin, nous sommes placés devant une alternative : mener notre vie à la force du poignet et devenir le maître de chaque instant, garder la maîtrise de toute réunion ou relation, ne pas se laisser déborder par les évènements…ou alors, inventer la vie à deux, dans un partenariat avec celui qui est avec moi, ” qui m’a tissé dès le sein de ma mère “.
Chaque matin, pouvoir commencer sa journée en disant ” je reconnais devant toi l’être étonnant que je suis ; je sais bien que je suis l’œuvre de tes mains “. Vivre sa journée en expérimentant qu’il est toujours avec moi, pour dire la parole juste alors que je serais tenté de lâcher une parole assassine, pour garder un silence ancré dans le Père quand l’adversité est trop forte, pour tendre la main et se faire proche quand les blessures de mon prochain se rouvrent… Comme si c’était vraiment à deux que l’on accueillait les évènements, en se laissant déplacer par eux, en en trouvant le sens patiemment le soir ou quelques temps après. ” Dieu était là et je ne le savais pas ” disait Jacob… Nous sommes éprouvés parce que nous ne comprenons pas immédiatement, nous avons l’impression que notre vie file entre nos doigts comme du sable.
C’est alors que le psalmiste fait cette demande : ” Éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur… conduis-moi sur le chemin d’éternité “. Nous aussi, nous apprenons à le découvrir dans la trame de notre quotidien, à le guetter comme un veilleur attend l’aurore, le bien-aimé sa bien-aimée… C’est aussi un très grand réconfort quand, en communauté locale, je peux alors parler de ce discernement quotidien, stimulé par l’écoute de mes compagnons, ayant le cœur tout brûlant, comme à Jérusalem quand les deux pèlerins racontent aux apôtres comment ils L’ont reconnu à la fraction du pain.